Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 22/10/2020

Question posée en séance publique le 21/10/2020

M. le président. La parole est à M. Stéphane Ravier, pour la réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe.

M. Stéphane Ravier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, « la barbarie est à nos portes », a dit le ministre de la justice. Quelle inquiétante affirmation ! Pour vous, la barbarie ne serait qu'à nos portes, quand des gamins se font tirer dessus au Bataclan, quand des familles se font écraser à Nice, quand des passants se font poignarder, quand des profs sont décapités.

La réalité, c'est que les barbares sont là, parmi nous, et qu'en plus nous n'avons plus de porte à fermer. Mes chers collègues, de droite comme de gauche, vous avez supprimé toutes les barrières, toutes les frontières. Ce que vous appelez timidement le « désordre migratoire », qui est, en réalité, une anarchie, une déferlante migratoire, vous en êtes tous responsables, à droite peut-être davantage, car c'est Nicolas Sarkozy qui a aboli la double peine ; c'est lui qui entretenait les meilleurs rapports avec le Qatar ; c'est sous sa présidence que l'immigration a battu des records. Mes chers collègues de droite, vos coups de menton d'aujourd'hui sont aussi indécents qu'inaudibles.

Les terroristes profitent de notre générosité pour commettre leurs abominations. Le Bataclan : des migrants (Mme Cécile Cukierman s'exclame.) ; à Marseille : un clandestin tunisien ; l'attaque de Romans-sur-Isère, en avril : un réfugié soudanais ; l'attaque de Charlie Hebdo, le mois dernier : un faux mineur isolé pakistanais ; l'assassinat d'un enseignant, la semaine dernière : un réfugié tchétchène. Chaque fois, c'est la même chose : la politique d'immigration anarchique tue des Français, des terroristes d'importation tuent des innocents, mais, dans la classe politique, c'est le grand silence. Impossible pour vous d'avouer que la politique d'immigration, loin d'être une chance, est un véritable fléau. Il faut pourtant la stopper, car elle coûte trop de vies à la France !

Vous avez épuisé votre crédit communication, monsieur le ministre : il s'agit désormais d'agir pour sauver des vies. Malgré les insultes et les violences, le mouvement national auquel j'appartiens vous alerte inlassablement depuis des décennies. Aujourd'hui, qu'il est douloureux d'avoir raison dans ces conditions ! Vous nous avez diffamés, diabolisés, haïs, pour, aujourd'hui, nous donner raison en tout.

Monsieur le ministre, allez-vous, oui ou non, stopper l'immigration et renvoyer dans leur pays ces centaines de milliers d'étrangers qui n'ont rien à faire chez nous ?

Mme Cécile Cukierman. Il y avait des Français parmi les assaillants du Bataclan !


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 22/10/2020

Réponse apportée en séance publique le 21/10/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Ravier, le moment est trop grave pour polémiquer. Je ne vous répondrai pas sur le ton que vous avez employé : n'y voyez pas de la condescendance.

Vous évoquez des attentats, tous horribles, tous ignobles, tous commis au nom d'une idéologie : l'islamisme radical. Cependant, il est faux, monsieur le sénateur – je le dis devant une chambre qui représente la Nation française –, d'affirmer que seuls des étrangers ont commis ces actes. Parmi les auteurs des dix-neuf derniers attentats, soit tous ceux qui ont eu lieu depuis 2017, on comptait neuf étrangers et vingt-deux Français.

Mme Cécile Cukierman. Exactement !

M. Gérald Darmanin, ministre. Monsieur le sénateur, il faut bien sûr poser la question des étrangers en situation de radicalisation. Je partage l'opinion qu'il faut expulser du territoire national toute personne radicalisée qui trouble gravement l'ordre public et n'appartient pas à la Nation française. C'est évident ! Cependant, il n'en va pas toujours ainsi, pour diverses raisons : ce peut être manque de volonté, manque de moyens, ou parce qu'il est difficile, vous en conviendrez avec moi, d'expulser des personnes venues de pays en guerre, comme la Libye ou la Syrie.

Mais il y a aussi des Français nés en France, parfois issus d'une famille française ou devenue française depuis plus longtemps que la mienne, qui se sont convertis, sont allés en Syrie et en sont revenus pour commettre des attentats ignobles. Oui, il y a des étrangers radicalisés, mais éliminer les étrangers n'éliminera pas la radicalisation, monsieur le sénateur. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI, RDSE et UC.)

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