Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 01/10/2020

M. Pascal Allizard attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé santé à propos de la dégradation de la condition physique des jeunes Français.
Il rappelle que les médecins, notamment les cardiologues, alertent depuis plusieurs années sur les dangers des modes de vie sédentaires, de la mauvaise alimentation et du tabagisme sur la santé, en particulier des plus jeunes.
Une récente étude vient de confirmer qu'en 50 ans la capacité physique des 7-18 ans avait baissé de 25 %. Or, le capital santé d'un individu se construit jusqu'à 18 ans, et la diminution de la capacité physique des jeunes générations pourrait conduire à une plus courte espérance de vie que celle de leurs aînés.
Le dernier panorama de la santé de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) signale d'ailleurs que « depuis peu, l'espérance de vie progresse moins vite dans la plupart des pays de l'OCDE, en particulier aux États-Unis, en France et aux Pays-Bas ».
En France, le corps médical constate le développement du surpoids et du diabète chez les plus jeunes, un phénomène encore rare il y a quelques années.
Ces évolutions regrettables constitueraient une régression en termes de santé publique et auraient un impact significatif sur le système de santé.
Par conséquent, il souhaite savoir quelles politiques publiques le Gouvernement compte mettre en œuvre pour inverser cette dégradation des capacités physiques des jeunes.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 25/02/2021

La promotion d'une activité physique régulière constitue une priorité de la stratégie nationale de santé 2018-2022. Elle vise à promouvoir la pratique d'une activité physique à tous les âges de la vie, la lutte contre les comportements sédentaires dans la vie quotidienne et l'accompagnement du déploiement de l'activité physique adaptée prescrite dans le traitement de certaines pathologies. Le Plan national « Priorité prévention » constitue la déclinaison opérationnelle, des différentes mesures aux différents âges de la vie, de la stratégie nationale de santé. La stratégie nationale sport santé (SNSS) 2019-2024 a comme ambition de promouvoir l'activité physique et sportive comme un élément déterminant, à part entière, de santé et de bien-être, pour toutes et tous, tout au long de la vie. Elle s'inscrit pleinement dans les orientations de la stratégie nationale de santé et du plan national « Priorité prévention ». Cette stratégie nationale est fondée sur une collaboration interministérielle forte, son objectif est que le plus grand nombre de personnes intègre la pratique d'une activité physique et sportive à son quotidien, de manière régulière, durable et adaptée pour améliorer l'état de santé de la population. Une de ses actions « phare » est de promouvoir les activités physiques et sportives auprès des enfants, des jeunes et des étudiants dans tous les temps éducatifs. Mis en place à la rentrée 2016, le parcours éducatif de santé recouvre tous les niveaux scolaires, de la maternelle au lycée. Il structure la présentation et regroupe les dispositifs qui concernent à la fois la protection de la santé des élèves, les activités éducatives liées à la prévention des conduites à risques et les activités pédagogiques mises en place dans les enseignements en référence au socle commun et aux programmes scolaires. Ce parcours accompagne le développement d'écoles promotrices de santé, démarche visant à développer des écoles, collèges et lycées intégrant systématiquement un plan pour la santé et le bien-être des élèves afin de favoriser un environnement bienveillant, un climat de confiance et de réussite et de développer les compétences psychosociales permettant de faire des choix éclairés en matière de santé. L'école promotrice de santé avec la généralisation du parcours éducatif de santé est une des mesures « phares » en direction des enfants et des jeunes du plan national de santé publique « Priorité prévention ». Un des objectifs du programme national nutrition santé (PNNS 4) 2019-2023 est de soutenir le développement de l'éducation à l'alimentation et l'activité physique en milieu scolaire dans le cadre du développement d'écoles promotrices de santé. Dans le cadre du parcours éducatif de santé, dans ses volets alimentation et activité physique, une action du PNNS prévoit la mise à disposition des enseignants des outils (portail dédié et vade-mecum, ce dernier a été mis à disposition courant octobre 2020) facilitant l'éducation à l'alimentation et à l'activité physique et sportive. D'autres actions en direction des jeunes concernent le soutien et le déploiement de programmes innovants visant à encourager l'activité physique et à lutter contre la sédentarité, notamment les projets d'intervention auprès des collégiens centrée sur l'activité physique et la sédentarité (ICAPS). ICAPS est une expérimentation probante, développée en lien avec Santé publique France, visant à promouvoir l'activité physique régulière et quotidienne pendant et en dehors des temps scolaires, et à prévenir la sédentarité et le surpoids des jeunes, à l'aide d'actions et de dispositifs concrets. À la suite d'un appel à projets, Santé publique France a choisi en 2019 une structure pour être Centre national d'appui au déploiement en activité physique et lutte contre la sédentarité, afin d'accompagner la mise en œuvre des projets de type ICAPS par les acteurs des territoires (agences régionales de santé, collectivités, etc.). Les agences régionales de santé sont en cours de développer ce type de programmes. Une autre action de la stratégie nationale sport santé et du programme national nutrition santé (PNNS 4) est de favoriser les mobilités actives pour les déplacements au quotidien notamment dans les espaces publics. Ainsi, le Plan « Savoir rouler à vélo » lancé en 2019 a pour objectif de favoriser l'apprentissage du vélo chez les enfants de 6 à 11 ans, tout en renforçant la sécurité routière et la prévention des accidents. La promotion des activités physiques et sportives auprès des enfants, des jeunes et des étudiants dans tous les temps éducatifs est mise en œuvre depuis la rentrée 2019, dans le cadre du Plan « Aisance aquatique - J'apprends à nager dès 4 ans ». Des expérimentations permettent d'amplifier et d'optimiser le développement de l'activité physique et sportive par le biais de la promotion par les pairs au sein des établissements scolaires (label « Génération 2024 », les « mercredi du sport », la promotion des activités physiques et sportives dans le cadre des écoles promotrices de la santé…). Depuis 2019, le déploiement sur quelques territoires de l'expérimentation « Classes confiance sport » articulant les cours le matin avec la pratique d'activité physique et sportive l'après-midi est également mis en œuvre. À partir de la rentrée 2020, des programmes « 30 minutes d'activité physique par jour » sont déployés dans des écoles maternelles et primaires. Le dispositif « Sport, santé, civisme, culture » mis en place en 2020 offre aux élèves la possibilité de pratiquer des activités éducatives et notamment des activités sportives en complément du travail scolaire. Dans le cadre du déploiement du service sanitaire, la promotion de l'activité physique et sportive peut s'appuyer sur l'intervention des étudiants concernés. Par ailleurs, dans le cadre des mesures « Héritage des Jeux Olympiques de Paris 2024 », le dispositif « Sésame » permet d'accompagner des jeunes suivis par la protection judiciaire de la jeunesse dans un parcours individualisé d'insertion professionnelle et de formation diplômante ou qualifiante aux métiers du sport et de l'animation sportive et/ou socio-culturelle. Dans le cadre du service national universel actuellement en expérimentation, les séjours de cohésion destinés aux jeunes volontaires comportent des temps importants d'activité physique et sportive destinés, d'une part, à renforcer les interactions dynamiques positives entre les jeunes et, d'autre part, de sensibiliser à l'importance de l'activité physique pour la santé. Un autre volet est représenté par les expérimentations permises par l'article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale de 2018 qui intègrent l'activité physique. Dans le cadre de la lutte contre l'obésité, l'expérimentation « Mission : Retrouve ton cap » propose aux enfants de 3 à 8 ans à risque de surpoids/obésité une prise en charge précoce et pluridisciplinaire (diététique, psychologique et d'activité physique), adaptée à leurs besoins et à ceux de leur famille. Cette prise en charge est prescrite par le médecin qui suit l'enfant : médecin généraliste, pédiatre, ou médecin de PMI. Elle est mise en œuvre par des professionnels de santé et psychologues appartenant à des structures sélectionnées spécifiquement pour cette expérimentation. L'assurance maladie a financé la prise en charge à 100 %, avec dispense d'avance de frais par la famille. L'expérimentation s'est déroulée dans 4 départements : Nord, Pas-de-Calais, Seine-Saint-Denis et La Réunion et l'évaluation est en cours. Pour toutes ses actions, il est nécessaire d'intervenir conjointement pour augmenter le niveau d'activité physique et limiter le temps passé dans des comportements sédentaires de la population en général et des enfants et adolescents en particulier. Les bons comportements nutritionnels (alimentation et activité physique) et les bonnes habitudes de vie se construisent dès le plus jeune âge. Dans ce contexte, promouvoir et renforcer l'activité physique et limiter la sédentarité dès l'enfance et l'adolescence est un enjeu majeur de santé publique et passe par la création d'un environnement global favorable à l'évolution des comportements, tant à l'échelle individuelle que collective, par l'amélioration des connaissances et des compétences des publics, et l'implication des professionnels de la santé, du social, de l'éducation et du sport.

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