Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SER) publiée le 13/11/2020

Question posée en séance publique le 12/11/2020

Mme Victoire Jasmin. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre et concerne la situation du centre de transfusion sanguine de l'établissement français du sang (EFS) de Guadeloupe et Guyane. Ce centre a une dimension interrégionale et couvre aussi Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

Depuis un certain temps déjà, l'EFS de Guadeloupe-Guyane connaît un turnover important parmi les biologistes de son laboratoire : dix mouvements en cinq ans ! Pourtant, aucune cause de ce turnover n'a été recherchée.

Même si ce laboratoire, son personnel et ses équipements sont parfaitement accrédités et travaillent conformément à la législation en vigueur, la direction nationale de l'EFS propose un plan de continuité de l'activité. Il n'y aura en effet plus de biologistes à partir du 1er décembre prochain, sauf la directrice qui va, semble-t-il, assurer toutes les fonctions… Selon ce plan, l'ensemble des tubes collectés en Guadeloupe sera envoyé à un autre laboratoire situé dans l'Hexagone, soit un transport de 8 000 kilomètres – huit heures de vol, puis trois heures de voiture !

Monsieur le Premier ministre, je vous demande de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris le recrutement de biologistes – deux suffiraient –, pour que cet établissement puisse fonctionner correctement et qu'il réponde aux besoins de la population de la Guadeloupe, de la Guyane, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy et de tous ceux qui visitent nos territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles publiée le 13/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 12/11/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles. Madame la sénatrice Victoire Jasmin, avant de répondre précisément à votre question, je voudrais d'abord dire de manière générale que le bon exercice de ses missions par l'Établissement français du sang est une priorité pour le Gouvernement – j'ai d'ailleurs évoqué cette question la semaine dernière ici même à l'occasion d'une question posée par la sénatrice Élisabeth Doineau. Ce sujet est particulièrement prégnant en période de crise, les opérations indispensables qui ne relèvent pas de l'épidémie devant absolument continuer. Je le répète, grâce à la mobilisation constante de l'Établissement français du sang pour maintenir une collecte suffisante, il n'y a aucune inquiétude à ce jour sur les stocks.

Pour revenir plus précisément sur la situation de l'EFS de Guadeloupe-Guyane, son activité est évidemment incontournable, puisqu'il collecte, prépare et distribue les produits sanguins prélevés dans l'archipel.

Comme vous l'avez indiqué, trois biologistes médicaux qui exercent des responsabilités essentielles dans l'établissement de Pointe-à-Pitre ont décidé récemment et quasiment simultanément de quitter leur poste. Cette décision a évidemment suscité des inquiétudes et chacun peut aisément mesurer à quel point une telle décision peut altérer la continuité d'activité de ce site.

Le Gouvernement est parfaitement conscient de la nécessité d'agir pour assurer cette continuité, mais, vous le savez, le recrutement et la formation de nouveaux agents peuvent prendre entre six mois et un an. Or nous n'avons pas le temps d'attendre. C'est la raison pour laquelle, afin de pallier toute difficulté, l'établissement de Guadeloupe se prépare à transférer des échantillons habituellement traités à Pointe-à-Pitre vers d'autres laboratoires agréés de l'Hexagone.

Ce dispositif, uniquement temporaire, ne remet absolument pas en cause les emplois de techniciens et nous y veillerons – je sais que ce point a suscité des inquiétudes sur place. (M. Victorin Lurel s'exclame.)

Je réaffirme avec force que les directions régionale et nationale tiennent au maintien de l'activité de qualification biologique des dons au sein de l'EFS de Guadeloupe-Guyane. L'établissement, l'agence régionale de santé et le Gouvernement sont pleinement mobilisés pour apporter des réponses rapides.

En attendant le prochain recrutement de biologistes que vous appelez de vos vœux, des rencontres ont lieu avec tous les acteurs pour préciser les attentes et les perspectives. Les élus, dont vous-même, je n'en doute pas, et les personnels seront évidemment très attentifs à l'évolution de la situation.

M. le président. La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour la réplique.

Mme Victoire Jasmin. Je rappelle que, lors du premier confinement, le transport aérien n'était pas opérationnel. Je suis vraiment très inquiète, parce que les drépanocytaires ou les malades du cancer ont régulièrement besoin de poches de sang, notamment de plaquettes dont la durée de conservation est limitée. Ce qui est proposé n'est donc pas acceptable ! Monsieur le secrétaire d'État, je vous demande de prendre la mesure de notre inquiétude. Nous ne devons être collectivement ni responsables ni coupables ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

- page 8554

Page mise à jour le