Question de Mme VAN HEGHE Sabine (Pas-de-Calais - SER) publiée le 19/11/2020

Question posée en séance publique le 18/11/2020

Mme Sabine Van Heghe. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la direction de Bridgestone a annoncé, jeudi dernier, la fermeture de son site de Béthune, plongeant dans la colère et le désarroi les 863 salariés de cette entreprise.

Mme la ministre chargée de l'industrie, que je côtoie régulièrement à la table des négociations, le sait bien : aucune des options permettant de continuer l'activité n'a trouvé grâce aux yeux de la direction du groupe, qui, pendant toute cette période, a joué la montre, manifestant le plus grand mépris à l'égard des salariés, des sous-traitants et de leur famille.

Il est désormais évident que la fermeture de l'usine était cyniquement programmée depuis des années, faute d'investissements. Seule comptait la rentabilité du groupe Bridgestone, parfaite illustration de la logique destructrice du libéralisme.

M. Stéphane Piednoir. Cela faisait longtemps…

Mme Sabine Van Heghe. Sur le terrain, les territoires et leurs élus, les régions, les départements, les agglomérations se mobilisent et font preuve d'inventivité pour panser les plaies de l'exode de nos entreprises. Mais nous ne pouvons que constater l'absence d'une politique industrielle nationale solide, l'impuissance de l'Europe à nous protéger et l'incapacité de la France à faire bouger les lignes sur ce plan.

Ce scénario, qui s'est trop souvent reproduit dans notre pays au nom d'une mondialisation dite « heureuse », ce sont les salariés de Bridgestone, après tant d'autres, qui le subissent aujourd'hui.

Monsieur le Premier ministre, vous vous êtes engagé auprès des salariés du groupe de Béthune à améliorer fortement le plan social et à trouver des solutions pour que le site continue à vivre. Qu'allez-vous faire pour tenir ces engagements ? Êtes-vous prêt à exiger le remboursement par le groupe Bridgestone des aides publiques octroyées sans conditions ni contreparties ?

Quand allez-vous tirer les leçons de ces échecs et donner enfin à la France les moyens de reconquérir cette souveraineté industrielle que les territoires ont tant besoin d'offrir à ceux qui travaillent et créent la richesse de notre pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe CRCE.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 19/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 18/11/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'industrie.

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie. Madame la sénatrice Van Heghe, je sais combien vous êtes impliquée, comme votre collègue qui vient de poser une question sur le même sujet, aux côtés des élus du territoire, aux côtés de l'intersyndicale, aux côtés de la région et de l'agglomération, pour trouver une solution pour ces 863 hommes et femmes, pour ces 863 familles de Béthune qui ont été confrontées à cette décision brutale.

Vous avez raison, cette situation s'explique par des années de sous-investissement dans l'usine et dans les savoir-faire, par des années où n'a pas cherché à monter en compétence. Je peux vous dire que j'aurais préféré récupérer ce dossier il y a cinq ans : nous aurions alors su faire quelque chose de comparable à ce qui a été fait à Bari. (Exclamations sur les travées du groupe SER.)

Mme Laurence Rossignol. Qui était ministre de l'économie à l'époque ? Emmanuel Macron !

Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée. Aujourd'hui, il me semble que nous pouvons avancer justement grâce aux outils du plan de relance et à l'implication des élus du territoire et de l'intersyndicale, en travaillant sur des options de rebond professionnel pour l'ensemble des salariés du site. Nous sommes ainsi en train de recenser les possibilités d'emploi et de formation, et nous avons dit très directement à la direction de Bridgestone que le compte n'y était pas sur le plan social – vous connaissez l'implication de ma collègue Élisabeth Borne et de ses équipes sur ce sujet. Nous examinons de très près ce qui est proposé et nous aurons un observateur dans les négociations à venir à partir de demain.

S'agissant des possibilités de reprise, non seulement nous avons mis la pression sur Bridgestone pour trouver des solutions de reprise, mais nous travaillons également avec Business France et avec l'ensemble des équipes de l'État, de la région et de l'agglomération pour contacter nous-mêmes des repreneurs potentiels.

De fait, si nous voulons construire une politique industrielle, c'est en allant chercher des solutions, ces solutions qui nous ont permis de créer de l'emploi industriel en 2017, 2018 et 2019, ce qui n'était pas arrivé entre 2000 et 2016.

M. le président. La parole est à Mme Sabine Van Heghe, pour la réplique.

Mme Sabine Van Heghe. Madame la ministre, je vous rappelle qu'il y a cinq ans, c'est M. Macron qui était aux commandes ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Quoi qu'il en soit, nous sommes dans l'attente d'une véritable volonté politique. Nous serons alors à vos côtés ! (Mêmes mouvements.)

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