Question de Mme VERMEILLET Sylvie (Jura - UC) publiée le 19/11/2020

Question posée en séance publique le 18/11/2020

Mme Sylvie Vermeillet. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, au nom du groupe Union Centriste, je veux moi aussi porter le message de la nécessité de rouvrir les commerces et évoquer l'impact du Black Friday.

J'aborderai ce sujet avec un enjeu, celui de la filière du jouet. Le Jura est le pays du jouet et Moirans-en-Montagne, sa capitale. C'est le siège de Smoby, premier fabricant français de jouets, mais aussi de nos autres créateurs de merveilles : Vilac, Janod, Juratoys, Jeujura, Roz, Charliluce, etc. Pour ces derniers, 60 % du chiffre d'affaires se fait en deux mois, 70 % dans les magasins spécialisés ou en grandes surfaces. Le click and collect ne suffira pas à compenser les pertes causées par la fermeture des boutiques.

Pis, le spectre du Black Friday vient tourmenter l'ensemble des commerçants. Avec 6 milliards dépensés en 2019, c'est un week-end qui compte triple, comme le souligne Bruno Le Maire. Avec une réouverture des commerces programmée le 1er décembre, le Black Friday, le 27 novembre, est plus qu'une provocation : c'est une mise à mort. (Marques d'approbation sur les travées du groupe Les Républicains.)

Monsieur le Premier ministre, il fallait bien le reconfinement pour casser la nouvelle vague épidémique. Mon département, le premier, en avait grand besoin. Vous avez réussi à enrayer la progression du virus et ses conséquences si dramatiques.

Mais force est de constater qu'aujourd'hui la covid-19 prive d'oxygène et ses victimes, et notre système économique tout entier, pour lequel il n'y aura pas de vaccin. Le pic épidémique est passé. C'est maintenant à Olivier Véran de veiller sur Bruno Le Maire… (Sourires.)

Monsieur le Premier ministre, vendredi 27 novembre, cela fera exactement quatre semaines que les Français auront consenti à tous les efforts que vous jugiez nécessaires, quatre semaines que nos commerçants cherchent à survivre. Peuvent-ils vous demander un effort de quatre jours ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes Les Républicains, INDEP et SER.)


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 19/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 18/11/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la relance. Madame la sénatrice, je veux d'abord vous rassurer : personne d'autre que mon ange gardien ne veille sur moi. (Exclamations amusées.) Je lui fais une confiance totale.

J'espère qu'il veillera aussi sur les fabricants de jouets du Jura, à qui je veux rendre un hommage appuyé. Comme vous le savez, j'ai reçu, il y a une dizaine de jours, Smoby et tous les fabricants de jouets en bois du Jura qui perpétuent une tradition séculaire de fabrication de jouets dans votre département. Je sais, comme chacun d'entre vous ici, à quel point la situation est difficile pour eux, qui font 60 % à 70 % de leur chiffre d'affaires dans les dernières semaines précédant Noël. Ils n'attendent qu'une seule chose : pouvoir rouvrir et vendre leurs jouets.

Croyez-moi, avec le Premier ministre et le Président de la République, nous faisons le maximum pour que cette réouverture puisse avoir lieu dans les meilleures conditions sanitaires dès que possible.

Vous m'interrogez sur le Black Friday. Comme vous le savez, il s'agit d'une opération commerciale privée, au contraire des soldes, opération qui se trouve entre les mains des pouvoirs publics et dont le ministre de l'économie, des finances et de la relance peut décaler les dates.

J'ai toujours rappelé, dans cet hémicycle et ailleurs, que nous ne gagnerons la bataille contre le virus et la bataille économique que si chacun fait preuve de sens des responsabilités. Ce sens des responsabilités, on ne saurait l'attendre uniquement de la puissance publique, et pas de la puissance privée : il vaut pour tout le monde tout le temps, surtout en période de crise.

J'appelle donc tous les acteurs économiques, qu'il s'agisse de la grande distribution ou des acteurs du commerce digital, à en faire preuve, en leur posant cette simple question : la date de vendredi prochain est-elle vraiment pertinente pour organiser un Black Friday ? Ma réponse est : non ! (Exclamations sur de nombreuses travées.) J'espère qu'ils seront d'accord. J'aurai l'occasion de leur en parler, pour leur demander de faire preuve de sens des responsabilités et d'examiner toutes les possibilités de décaler cette opération, qui n'a pas de sens dans les circonstances actuelles. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Exclamations sur de nombreuses autres travées.)

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