Question de M. PIEDNOIR Stéphane (Maine-et-Loire - Les Républicains) publiée le 26/11/2020

Question posée en séance publique le 25/11/2020

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Stéphane Piednoir. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Madame la ministre, alors que nous sommes encore au cœur de la deuxième vague de covid-19, c'est une véritable lame de fond, aux effets potentiels sévères, qui est en train de se former. L'enjeu, c'est la santé des Français, en particulier celle des jeunes.

Après une dernière année de lycée largement tronquée, les nouveaux étudiants abordent le virage important de l'entrée dans les études supérieures dans des conditions extrêmement dégradées.

M. Roger Karoutchi. Eh oui !

M. Stéphane Piednoir. L'absence de cours en présentiel, qui devrait durer deux mois encore, accroît considérablement la durée d'exposition aux écrans. Celle-ci dépasse parfois les dix heures par jour. Elle va de pair avec une inactivité physique qui interroge, alors même que, dans un récent avis, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) alerte les pouvoirs publics sur les risques sanitaires inhérents à ce type de comportements.

Mauvaises habitudes alimentaires, obésité, anxiété, troubles du sommeil : toutes ces conséquences sont bien identifiées. Aujourd'hui, un certain nombre d'étudiants avouent être en situation de fragilité psychologique du fait d'une brutale rupture sociale. Ils ont quitté depuis peu un cocon familial protecteur et n'ont pas encore eu le temps de construire un réseau d'amis dans leur nouvel environnement.

D'ailleurs, les services de santé universitaires (SSU) donnent l'alerte. En cette période propice au décrochage, entre la Toussaint et Noël, ils reçoivent de fréquents appels à l'aide ; un accompagnement psychologique de proximité est nécessaire. Malheureusement, celui-ci n'existe que rarement sur le terrain.

Certes, le Premier ministre a annoncé récemment le déploiement de 1 600 emplois étudiants dans les cités universitaires, mais, par définition, seuls sont concernés les résidents de ces structures, soit seulement 7 % des étudiants.

Madame la ministre, que prévoyez-vous de faire pour les 93 % restants ? (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 26/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 25/11/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur Piednoir, vous soulevez vous aussi une question d'une grande importance, y compris pour l'avenir de notre pays.

Si les jeunes vivent eux aussi cette crise et sont soumis à ses aléas psychologiques, comme l'ensemble de la population, les effets de celle-ci sont parfois plus graves sur eux, car ils sont en train de se construire. C'est aussi un risque pour notre avenir ; il y va de leur confiance en notre pays et dans la société en général. Celle-ci doit être en mesure de les accompagner.

C'est pourquoi plusieurs dispositifs ont été mis en place.

Vous évoquez les 1 600 étudiants référents dans les cités universitaires : 600 d'entre eux sont déjà au travail et 400 sont en cours de recrutement. En l'espace de trois semaines, ces 1 600 emplois seront pourvus.

De surcroît, les établissements d'enseignement supérieur ont recruté 30 000 tuteurs pour accompagner les jeunes qui – vous le soulignez vous-même – ont pu connaître une fin de terminale compliquée et dont les débuts dans l'enseignement supérieur sont tout aussi compliqués.

En réalité, la difficulté, c'est de convaincre les étudiants de l'importance de la prévention. Ils ont parfois tendance à l'oublier, tant ils se sentent jeunes et en bonne santé.

Depuis plus de trois ans, nous menons un travail de fond avec le ministère des solidarités et de la santé au sujet de la prévention, sous toutes ses formes. Je pense notamment à la santé mentale.

Il faut que les jeunes osent dire qu'ils ne vont pas bien. Or ils ne le disent jamais mieux qu'à d'autres jeunes. C'est pourquoi nous avons mis en place les services sanitaires : ces équipes pluridisciplinaires composées d'étudiants en santé peuvent aller à la rencontre de ces jeunes. C'est pourquoi les SSU sont à pied d'œuvre. C'est pourquoi plus de trente-six maisons de santé ont été ouvertes au sein des universités : ainsi, les jeunes disposent de relais auprès d'autres jeunes afin d'être dirigés vers des professionnels de santé.

Une nouvelle fois, je tiens à saluer le travail mené par les SSU, par les associations, par les bénévoles, par tous ceux qui nous permettent de donner un avenir à notre jeunesse ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Stéphane Piednoir, pour la réplique.

M. Stéphane Piednoir. Madame la ministre, nous dressons le même constat au sujet de l'isolement et de la fragilité des étudiants. J'entends qu'ils s'ouvrent plus volontiers à des jeunes du même âge.

Néanmoins, notre enseignement supérieur souffre d'un manque de moyens humains. Ainsi, la France compte 1 psychologue pour 30 000 étudiants, alors que le ratio est de 1 pour 4 000 dans d'autres pays. Il est peut-être temps de s'interroger sur ces sujets ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

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