Question de Mme CUKIERMAN Cécile (Loire - CRCE) publiée le 12/11/2020

Mme Cécile Cukierman attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur l'avenir du groupe Aubert & Duval et sur ses salariés.
Ce fleuron français spécialiste en matériaux stratégiques, devrait être vendu par sa maison mère Eramet, une décision justifiée par la baisse de la demande aéronautique dans le contexte de la pandémie de la Covid-19.
Le groupe Eramet compte sept sites en Auvergne Rhône-Alpes, dont les usines d'Ancizes-Comps et Issoire ou encore Firminy, qui emploient à elles trois plus de 2100 personnes.
Cette entreprise est indispensable aux équilibres économiques de la Nation par le rôle majeur qu'elle joue auprès de ses clients, exportateurs, et leaders sur leurs marchés. Si Aubert & Duval devait être cédée, cela ne pourrait se faire, qu'à un acteur majeur de l'industrie qui puisse garantir la souveraineté nationale et le maintien de tous les emplois.

Aujourd'hui, les salariés et les syndicats s'inquiètent du manque de transparence de la direction et craignent un plan social de grande envergure dans des territoires déjà fragilisés. L'Etat actionnaire, garant de la stratégie industrielle française, doit prendre toutes ses responsabilités dans ce dossier, pour permettre le maintien de l'emploi, des compétences, des savoirs faire stratégiques et afin de préserver notre souveraineté nationale.

Compte tenu de ces éléments, elle vous saurait gré de lui faire connaitre quelles dispositions le Gouvernement entend-il prendre afin de maintenir ce savoir faire en France, et les emplois qui en découlent.

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Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la relance publiée le 01/04/2021

Aubert & Duval, filiale du groupe Eramet, est spécialisée dans la fabrication d'alliages de haute performance destinés notamment aux marchés de l'aéronautique civil, de l'énergie, et de la défense. Cette entreprise emploie plus de 3500 personnes sur le territoire, sur 11 sites industriels, dont 2100 personnes en région Auvergne-Rhône Alpes. Cette société fait aujourd'hui face à d'importantes difficultés, conséquences d'un manque de compétitivité croissant depuis plusieurs années, de la remise en conformité des processus qualité suite à l'identification de non-conformités fin 2018, et du très fort ralentissement du secteur aéronautique suite à la crise du Covid19. Le groupe mène depuis plusieurs mois une réflexion sur l'évolution nécessaire de sa filiale que la crise sanitaire a accélérée et rendue encore plus urgence. Ainsi, le groupe Eramet a annoncé envisager une cession de sa filiale afin de l'adosser à un partenaire industriel apte à assurer son développement. L'Etat, qui est actionnaire à 25,6% d'Eramet, entretient un dialogue constant avec la société et sa filiale depuis le début du projet pour anticiper les conséquences sociales et territoriales qu'il pourrait entraîner. Le Gouvernement est très attentif à ce que le schéma de cession qui sera retenu préserve la souveraineté et l'indépendance nationale des activités critiques d'Aubert & Duval, comme l'élaboration et le formage des super alliages et du titane ainsi que le matriçage à haute température. A ce titre, l'Etat souhaite que la reprise d'A&D préserve les intérêts nationaux, en particulier s'agissant des enjeux de souveraineté. Le Gouvernement est tout aussi attentif à ce que la diversité du portefeuille de clients d'Aubert & Duval soit préservée. Enfin, le Gouvernement et l'entreprise sont conscients que l'excellence technique mondialement reconnue d'Aubert & Duval relève très largement du savoir-faire de ses salariés et que le maintien des compétences est une des conditions fortes de l'avenir et du développement d'Aubert & Duval. L'Etat jouera pleinement son rôle pour préserver autant que possible l'emploi et l'avenir des sites, en veillant à ce que toutes les pistes organisationnelles soient envisagées pour réduire les conséquences sociales et territoriales de ce projet. En cas de mesures ayant des effets sur les effectifs, l'Etat sera particulièrement attentif aux engagements que prendrait le groupe Eramet ou l'acquéreur potentiel en termes de propositions de reclassement et d'accompagnement social.

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