Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 26/11/2020

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de Mme la ministre des armées sur le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) reconnu depuis 2013 par l'institution militaire mais dont la prise en charge reste encore très difficile.

Il touche pourtant de nombreux soldats de retour de mission, leur sang n'a pas coulé mais le mal est diffus et palpable pour leurs proches : séjour en hôpital psychiatrique, crises d'angoisse, mal-être, idées suicidaires…

Il convient de le diagnostiquer au plus vite, au mieux dès l'événement traumatique, afin de structurer un véritable parcours de soins.

Toutefois, l'armée reste très en deçà et laisse la place aux associations de soutien aux militaires, qui aident le soldat à se reconstruire, à retrouver une forme de sérénité, de stabilité, et l'envie d'avancer.

Aujourd'hui ces associations demandent à l'institution de prendre une part plus grande dans l'aide aux personnes souffrant de SSPT.

En conséquence, il lui demande de quelle manière elle entend améliorer la prise en charge des blessés psychiques et de leur famille.

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Réponse du Ministère des armées publiée le 01/04/2021

Les troubles psychiques des militaires ont fait l'objet, depuis 2011, de trois plans d'action successifs qui ont permis de mettre en place différents dispositifs pour prévenir les éventuelles conséquences du stress opérationnel et prendre en charge les troubles psychiques post-traumatiques. Dans la continuité, un nouveau plan ministériel relatif au parcours de rétablissement du militaire blessé psychique a été lancé en 2019. Il mobilise tous les acteurs du soin et du champ psycho-social autour de la prévention, des parcours de réhabilitation et d'accompagnement vers l'emploi. Il concerne tous les militaires et anciens militaires blessés psychiques en service ainsi que leur famille. Il s'articule autour de 3 axes : renforcer les actions de prévention et de sensibilisation des militaires et de leur famille ; contribuer au rétablissement et favoriser une meilleure réhabilitation psycho-sociale des militaires blessés ; consolider les dispositifs d'accompagnement vers l'emploi. L'évaluation des actions mises en œuvre dans le cadre de ce plan a été prise en compte dès son élaboration. En matière de prévention, un module de sensibilisation aux premiers secours psychologiques en opération (PSPO) a été élaboré par la chaire de psychiatrie et de psychologie clinique appliquées aux armées du service de santé des armées (SSA). Une évaluation de ce module fait d'ores et déjà état d'un taux de satisfaction proche des 90 % de la part des unités bénéficiaires. En parallèle, les militaires en mission bénéficient de la présence de référents « environnement humain » insérés au sein des unités. Ils repèrent précocement des situations problématiques à l'occasion des débriefings collectifs réalisés à l'issue d'opérations particulièrement éprouvantes. Le dispositif du sas de fin de mission constitue également un cadre tout à fait propice à la sensibilisation des militaires vis-à-vis du syndrome de stress post-traumatique. Au retour d'opération extérieure (OPEX), tout militaire bénéficie systématiquement d'un dispositif de repérage des troubles psychiques en relation avec un évènement traumatique. Ces troubles constituent une priorité pour la recherche menée par le SSA, avec plusieurs projets dont l'un relatif à l'amélioration des outils de repérage. Aujourd'hui, la continuité du parcours de soins et son articulation avec le parcours de réhabilitation se traduisent par un accompagnement des blessés en service de « bout en bout ». Un psychiatre du SSA est déployé en permanence à Gao au Mali depuis 2015. Il a la responsabilité de la mise en œuvre des interventions psychothérapeutiques précoces, d'une « veille psychologique » collective et des actions de conseil au commandement. Un militaire rapatrié des suites d'une blessure en opération bénéficie d'une prise en charge coordonnée par le médecin de son antenne médicale de rattachement, lui-même à l'interface d'un réseau de soins de proximité et des hôpitaux d'instruction de armée (HIA). Le SSA propose, en lien avec les acteurs institutionnels du champ psycho-social, un parcours coordonné et personnalisé de soins et de réhabilitation médico-psycho-sociale et de transition professionnelle. La plateforme téléphonique anonyme et gratuite « Ecoute Défense », composée de psychologues du SSA, fonctionne 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, au profit des militaires, anciens militaires et de leur famille. Ce dispositif fait l'objet d'un bilan annuel. Entre 2014 et 2019, la proportion d'appels provenant des familles est passée de 1 à 32 %, tous motifs confondus. Les familles, confrontées à une souffrance psychique liée à la projection d'un proche en mission ou à un évènement grave, sont orientées vers des soins de proximité. Ces dernières peuvent aussi participer à des séances collectives d'information et de sensibilisation relatives aux effets de l'absence et des risques liés au métier sur la vie conjugale et parentale. En parallèle de ces dispositifs, le ministère des armées a mis en place le projet ATHOS de réhabilitation psychosociale des blessés psychiques. C'est un élément complémentaire du plan d'action en cours (2019-2022) relatif au parcours de rétablissement du militaire blessé psychique. Ce plan concerne l'ensemble des composantes du ministère, auxquelles il associe les compétences associatives, médicales, universitaires nécessaires à la meilleure prise en charge possible de nos blessés. Deux maisons ont été mises en place à titre expérimental à Toulon et à Combes (près de Bordeaux). Les premiers retours d'expérience sont attendus à l'été 2021. Les militaires sont dorénavant pleinement informés de l'ensemble du dispositif mis en œuvre à leur profit. Outre la diffusion du guide du soutien du militaire blessé ou malade par le fait ou à l'occasion du service, ce dispositif a été complété par la mise en place du « dossier unique du blessé en opération ». Ce document administratif vise à consolider l'ensemble des données permettant d'améliorer la réactivité et la coordination des multiples acteurs en matière d'attribution des diverses aides, notamment financières, pouvant être allouées aux blessés et à leur famille. Le ministère reste particulièrement attentif aux mesures mises en œuvre pour prévenir, dépister, et prendre en charge les souffrances psychiques des militaires et de leur famille, mais également pour prévenir le risque suicidaire au sein de la communauté civile et militaire du ministère des armées.

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