Question de Mme DUMAS Catherine (Paris - Les Républicains) publiée le 10/12/2020

Mme Catherine Dumas interroge M. le ministre des solidarités et de la santé sur l'insuffisance des moyens affectés à la réanimation pédiatrique à Paris et en Île-de-France.
Elle rappelle que le protocole d'encadrement des enfants admis en réanimation limite le quota de patients à trois par infirmier.
Elle souligne que ces professionnels de santé sont formés à des techniques de pointe et peuvent difficilement être remplacés si nécessaire par un collègue d'un service voisin de l'hôpital.
Elle constate donc que l'absence d'infirmiers qui ne pourrait être compensée par un professionnel formé conduit inévitablement à des fermetures, plus ou moins temporaires, de lits.
Elle déplore que, régulièrement, notamment lors des épidémies de grippe ou de bronchiolite, les six services pédiatriques de Paris et d'Île-de-France soient rapidement débordés, ce qui les contraint à refuser des patients voire à les déplacer hors d'Île-de-France, faute de place à Paris.
Elle note ainsi que, de début octobre à mi-décembre 2019, vingt-cinq enfants en détresse ont dû être transportés hors de la région capitale… Un transport médicalisé qui n'est pas anodin pour un patient fragile et mobilise pendant plusieurs heures des équipes médicales d'urgence pédiatrique (SAMU ou SMUR) qui ne sont alors plus disponibles pour d'autres enfants qui nécessitent une intervention.
Elle souhaite connaître les mesures que le Gouvernement compte mettre rapidement en œuvre afin de corriger cette situation qui met sous tension des personnels médicaux saturés et place des bébés en détresse en situation préjudiciable voire en pronostic vital engagé.

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Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée le 01/12/2021

Réponse apportée en séance publique le 30/11/2021

M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas, auteure de la question n° 1409, adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Mme Catherine Dumas. Madame la ministre, la bronchiolite est une maladie qui touche 30 % des enfants de moins de 2 ans.

Elle commence par un simple rhume, une toux, et se poursuit par une gêne respiratoire. L'enfant peut même présenter des difficultés pour s'alimenter. Cette situation nécessite alors la consultation d'un médecin, voire un passage aux urgences et une hospitalisation.

En réanimation pédiatrique, l'absence d'infirmiers ou leur présence en nombre insuffisant, qui pourraient être compensées par le recours à des professionnels dûment formés, conduisent inévitablement à des fermetures de lits, plus ou moins temporaires.

Régulièrement, les six services pédiatriques de Paris et d'Île-de-France se retrouvent rapidement débordés, ce qui les contraint à refuser des patients, voire à les déplacer hors de la région capitale, faute de place. De début octobre à mi-décembre 2019, quelque 25 enfants en détresse ont ainsi dû être transportés.

En raison du respect scrupuleux par la population des gestes barrières, l'épidémie de bronchiolite a été particulièrement faible l'hiver dernier. Mais, dès la mi-septembre, les experts de Santé publique France indiquaient que ce manque d'entraînement immunitaire chez les jeunes enfants pourrait conduire, cette année, à une épidémie plus importante, dès l'automne.

Force est de constater qu'ils ont vu juste. Depuis la mi-octobre, les pédiatres sont débordés et les services d'urgence pédiatrique parisiens saturés, sans possibilité de décharge sur la province.

J'aimerais donc connaître les mesures que le Gouvernement a mises en œuvre, dès l'alerte officielle, mi-septembre, afin de corriger cette situation qui place les personnels médicaux sous tension dans des services déjà saturés, au préjudice de bébés en détresse, dont le pronostic vital peut se trouver engagé.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Madame la sénatrice Catherine Dumas, à l'automne 2019, les services de réanimation pédiatrique et de surveillance continue d'Île-de-France ont connu des phénomènes de saturation qui ont conduit à transférer de jeunes patients hors de la région.

Sur saisine du ministre de la santé, l'inspection générale des affaires sociales, l'IGAS, a mené une mission, afin d'éclairer les raisons de cette saturation, et formulé des préconisations pour y remédier.

Des mesures ont été instaurées visant à améliorer la fluidité de l'ensemble de la filière de prise en charge des soins critiques pédiatriques, via le renforcement de certaines structures clés, comme les unités de surveillance continue. Par ailleurs, afin de fluidifier le traitement des situations problématiques, des indicateurs d'alerte fondés sur la disponibilité de lits ont été déployés.

L'épidémie de bronchiolite survient cette année avec trois semaines d'avance, dans un contexte particulier marqué par une dette immunitaire, en raison de l'absence d'épidémie hivernale l'an dernier, ainsi que par une forte tension sur le système de soins ; cela n'arrange rien, nous sommes bien d'accord.

L'ARS d'Île-de-France a déployé un plan d'action intégrant toute la filière de prise en charge de l'enfant et tirant parti de l'expérience covid. Les mêmes principes d'adaptation de l'offre hospitalière ont été utilisés, la montée en charge des capacités en lits étant coordonnée au niveau de la région.

Une régulation régionale des SMUR (services mobiles d'urgence et de réanimation) pédiatriques se met en place et une cellule d'appui à la recherche de lits a été activée. Des partenariats sont également activés avec la médecine de ville partout où c'est possible, afin de réduire la tension subie par les services d'urgences pédiatriques.

En parallèle, un travail de fond se poursuit pour faciliter le recrutement et le maintien des infirmiers et puéricultrices dans les services de soins critiques, pour constituer un vivier de renfort et pour agir en amont dès la formation.

Compte tenu de l'accumulation des menaces virales qui pèsent sur l'organisation des établissements de santé et que doivent affronter les soignants, le Gouvernement a maintenu un ensemble de dispositifs de soutien comprenant notamment la majoration des heures supplémentaires, du temps de travail additionnel et un assouplissement du cumul emploi-retraite.

Le système de santé tire les enseignements de la crise, et le Gouvernement entend résorber toutes les inégalités d'accès aux soins.

M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas, pour la réplique.

Mme Catherine Dumas. Madame la ministre, je vous le répète : prenez garde à l'attente des parents qui pourraient avoir à se présenter aux urgences cet hiver à cause de la bronchiolite !

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