Question de M. DELCROS Bernard (Cantal - UC) publiée le 17/12/2020

M. Bernard Delcros attire l'attention de M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports, sur le redéploiement des trains de nuit. Après avoir décidé de rénover le matériel roulant des deux uniques trains de nuit desservant les lignes Paris-Rodez-Toulouse-Latour-de-Carol-Cerbère et Paris-Briançon, le Gouvernement a débloqué une enveloppe de 100 millions d'euros dans le cadre du plan de relance, pour la remise en circulation de deux lignes de trains de nuit, Paris-Nice et Paris-Pau-Tarbes d'ici 2022. S'il salue ces mesures qui s'inscrivent dans une politique d'aménagement du territoire en faveur de la transition écologique, il s'interroge sur la suite que le Gouvernement envisage de donner car de nombreux trous noirs subsistent. À l'image de la ville d'Aurillac, seule préfecture en France métropolitaine non desservie par une autoroute, située à plus de 7 heures en train et en voiture de la capitale. Il souligne que si dans les années 1980, la vitesse s'est imposée comme une norme sociale, la mobilité, le mieux-vivre, le bilan carbone s'imposent aujourd'hui comme une aspiration sociétale à laquelle la politique nationale doit répondre. Aussi, il lui demande si la relance des trains de nuit pour d'autres lignes en France est toujours d'actualité et le cas échéant dans quel délai. Compte tenu de la situation géographique du département du Cantal, il lui demande s'il compte mettre en service en priorité un train de nuit reliant Aurillac à Paris afin de rendre la capitale plus accessible pour de nombreux usagers, visiteurs et entrepreneurs cantaliens.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargé de la biodiversité publiée le 10/03/2021

Réponse apportée en séance publique le 09/03/2021

Mme le président. La parole est à M. Bernard Delcros, auteur de la question n° 1422, adressée à M. le ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports.

M. Bernard Delcros. Madame la secrétaire d'État, dans une interview du 31 janvier dernier, le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, a déclaré : « Quand les moyens sont là avec une bonne qualité de service et la bonne offre commerciale, il y a une clientèle pour les trains de nuit. »

Fort de cette réalité, des enjeux écologiques et des opportunités de financement ouvertes par les plans de relance français et européen, le Gouvernement a fait le choix de développer de nouvelles lignes de trains de nuit. Je soutiens bien évidemment cette orientation, mais je veux vous alerter sur la nécessité absolue de tenir compte, dans vos choix, des besoins en matière d'aménagement du territoire et de l'insuffisance de transports dans certains départements.

À ce titre, les élus unanimes, les acteurs économiques et les habitants du Cantal et d'Auvergne ne comprendraient pas que, dans le cadre de cet ambitieux projet de développement des trains de nuit, notre région ne bénéficie pas d'une remise en service du train de nuit Aurillac-Paris, alors même qu'Aurillac est la préfecture de France métropolitaine la plus éloignée d'un axe autoroutier.

Or les éléments diffusés en amont de la publication du rapport du Gouvernement sur ce sujet ne nous rassurent pas vraiment. Aussi, pouvez-vous m'assurer, madame la secrétaire d'État, qu'une concertation sera menée avec les parlementaires et les élus avant que la décision définitive ne soit prise et me préciser dans quels délais elle pourrait avoir lieu ?

Par ailleurs, pouvez-vous me confirmer que le rétablissement du train de nuit Aurillac-Paris fait partie des projets qui pourraient être retenus par le Gouvernement ?

Mme le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la biodiversité. Monsieur le sénateur Delcros, vous m'interrogez sur la stratégie de redéploiement des trains de nuit que le Gouvernement a engagée et qu'il poursuit. En tant qu'ancienne rapporteure de la loi d'orientation des mobilités, j'y étais – vous le savez – très attachée.

Nous poursuivons, et amplifions même, cette dynamique dans le plan de relance, puisque la priorité a été réorientée vers le développement du ferroviaire, là où des gouvernements précédents – vous le savez également – s'étaient résolus à abandonner progressivement les lignes de trains de nuit.

Nous nous sommes fixé trois axes prioritaires.

D'abord, la pérennité des deux lignes encore existantes : Paris-Briançon et Paris-Rodez-Latour-de-Carol-Port-Bou, avec un investissement de 44 millions d'euros pour rénover les 71 voitures de ces deux lignes, ainsi que d'importants travaux de régénération engagés sur les voies concernées pour pouvoir rendre un meilleur service dès 2022.

Ensuite, l'ouverture de nouvelles lignes, avec 100 millions d'euros du plan de relance dédiés. Il s'agit de la ligne Paris-Nice pour le printemps 2021 et de la ligne Paris-Tarbes pour 2022, avec un prolongement vers Lourdes, Dax et Hendaye en haute saison. Les modalités de reprise sont en train d'être précisées par la SNCF. Nous savons combien les attentes des voyageurs et des élus sont grandes.

Enfin, il nous faut penser le maillage de demain. Le ministre Djebbari a indiqué que près de dix lignes de trains de nuit pourraient voir le jour d'ici à 2030. Un rapport devrait être prochainement remis au Parlement, conformément aux engagements de la loi d'orientation des mobilités pris sur la base d'un amendement de votre serviteur – et je m'en félicite.

Dans le cadre de la réalisation de ce rapport, nous avons pris note des fortes demandes des élus du Cantal en faveur d'un train de nuit desservant Aurillac. Je sais que ce sujet vous est particulièrement important. Le rapport qui sera remis s'attache à définir des corridors. Il s'agira ensuite de poursuivre les échanges avec les opérateurs pour affiner les tracés qui soient les plus pertinents, afin d'acheter les matériels roulants nécessaires.

Monsieur le sénateur, je peux d'ores et déjà vous indiquer qu'Aurillac fait bien partie des hypothèses de desserte examinées dans cette étude, depuis le corridor reliant Paris à Toulouse. Nous aurons donc l'occasion de poursuivre ces échanges lors des débats à venir au Parlement, et le Gouvernement répondra toujours présent s'agissant de cet enjeu majeur de désenclavement de nos territoires et de décarbonation de nos modes de transport.

Mme le président. La parole est à M. Bernard Delcros, pour la réplique.

M. Bernard Delcros. Madame la secrétaire d'État, je veux d'abord vous remercier sincèrement de votre réponse, qui ouvre des perspectives positives pour le Cantal et l'Auvergne. Le train de nuit Aurillac-Paris a été supprimé au nom de la seule rentabilité financière et – vous l'avez rappel頖 d'une politique d'abandon des petites lignes de territoires ruraux, qui tournait le dos à une politique d'aménagement du territoire.

Aujourd'hui, il est plus que temps de rétablir de l'équité territoriale dans les politiques publiques et d'adresser des messages d'espoir à la ruralité. Le déploiement des trains de nuit en est l'occasion. Nous comptons sur vous, et vous imaginez bien que nous suivrons ce dossier avec la plus grande détermination.

Je vous remercie encore une fois de votre réponse, qui nous ouvre donc des perspectives positives.

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