Question de Mme FILLEUL Martine (Nord - SER) publiée le 10/12/2020

Question posée en séance publique le 09/12/2020

Mme la présidente. La parole est à Mme Martine Filleul, pour le groupe SER. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Martine Filleul. Monsieur le secrétaire d'État, des travailleurs pauvres, des retraités, des étudiants sans petit boulot viennent allonger désespérément les files d'attente devant les associations d'aide alimentaire, complètement débordées. La crise sociale est là, partout, sous nos yeux.

Nous attendions beaucoup du projet de loi de finances, mais le Gouvernement a obstinément choisi de poursuivre sa politique budgétaire et économique.

Vous préférez préserver les intérêts des plus fortunés et des grandes entreprises. Vous refusez de faire contribuer fiscalement les plus aisés, dont l'épargne s'est pourtant considérablement accrue. Vous restez sourds et n'acceptez rien – désespérément rien. Vous refusez d'améliorer la prise en charge du chômage partiel comme d'augmenter le SMIC.

Prenez-vous la mesure des choses ? Vous privez les Français non seulement de liberté, mais également de fraternité. Même au sortir de la guerre, le Conseil national de la Résistance avait compris qu'il fallait de grandes réformes sociales.

Quand allez-vous comprendre qu'il faut une vraie politique sociale, autre que ces mesures d'urgence décidées au coup par coup et insuffisantes ?

Quand allez-vous vous inspirer des départements, qui veulent mettre en place un revenu minimum de base ?

Quand allez-vous étendre le RSA aux jeunes de 18 à 25 ans ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE. – Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles publiée le 10/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 09/12/2020

Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles. Madame la sénatrice, vous avez raison : la crise de la covid-19 a déclaré la guerre aux classes populaires, qui sont plus exposées à la maladie, mais aussi à la récession, donc au chômage.

Nous avons un devoir de solidarité à l'égard de nos concitoyens. Cependant, le Gouvernement en a ressenti l'urgence non pas depuis cette crise sanitaire, mais dès 2017, sur les questions à la fois d'accès à la santé, d'accès à l'emploi et de solidarité.

Mesdames, messieurs les sénateurs, un certain nombre d'entre vous nous reprochent de ne pas avoir augmenté les minima sociaux.

Permettez-moi de vous rappeler que, dès 2017, nous avons augmenté un certain nombre d'allocations en faveur des plus fragiles. Je pense à l'allocation aux adultes handicapés, à l'allocation de solidarité aux personnes âgées, à la revalorisation de la prime d'activité, dont vous avez dû lire, dans le dernier rapport de l'Insee, qu'elle avait permis de diminuer le taux de pauvreté dans notre pays.

Je vous rappelle aussi que la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté consacre 8,5 milliards d'euros en faveur des personnes les plus précaires dans notre pays.

Nous assurons aussi l'accès à la santé pour tous, sans barrière financière : dès le 1er janvier 2021, sera effectif le dispositif « 100 % santé », avec un remboursement des frais d'optique, dentaires et auditifs. Le Ségur de la santé consacre 100 millions d'euros chaque année à la lutte contre les inégalités en santé, qui est une autre forme d'inégalité puissante dans notre pays.

Nous avons instauré la prise en charge à 100 % de tous les frais de santé liés à la covid-19, à laquelle, je le répète, les populations les plus précaires sont le plus exposées.

Enfin, nous protégeons les plus fragiles. Ainsi, nous avons reconduit, pendant la crise, l'ensemble des droits aux minima sociaux et nous avons mobilisé, au total, 3,5 milliards d'euros pour les aides directes, qui ont bénéficié à près de 8 millions de nos concitoyens.

Nous avons dégagé des dizaines de millions d'euros pour assurer la mise à l'abri, l'accès à l'alimentation et la mise à disposition de masques. Je me permets, à cet égard, de saluer le travail réalisé par les associations en ce sens.

Enfin, vous le savez, nous mobilisons 6,7 milliards d'euros pour le plan « 1 jeune, 1 solution ». (Mme Patricia Schillinger applaudit.)

Mme la présidente. La parole est à Mme Martine Filleul, pour la réplique.

Mme Martine Filleul. Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'État, de votre réponse et de votre attention.

Néanmoins, je persiste à penser que cette crise aurait pu être l'occasion pour vous d'opérer un changement complet de logiciel, de mettre en place une véritable politique de l'emploi et de traiter véritablement la question sociale. Vous en avez décidé autrement.

Décidément, votre gouvernement reste celui des élites ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)

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