Question de M. LAFON Laurent (Val-de-Marne - UC) publiée le 17/12/2020

Question posée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à M. Laurent Lafon, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Laurent Lafon. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture.

« Je suis la danse et je vous écris ; je suis la danse et je pleure ; je suis la danse et je meurs. » Madame la ministre, ce cri du cœur, exprimé cette semaine par l'interprofession de la danse, traduit un profond désarroi, partagé par l'ensemble du milieu culturel.

Les artistes, privés de l'objet de la passion qui les anime et les fait vibrer, acceptent mal d'être frappés par des restrictions sans recevoir d'explications claires.

Ce matin encore, le professeur Delfraissy refusait de justifier la mesure de fermeture des salles de spectacle ; le conseil scientifique rappelait en effet dans sa note préalable au deuxième confinement que « le risque de transmission est plus faible dans les théâtres et cinémas » que dans les autres lieux clos.

Les artistes, cœur battant de notre exception culturelle, ne supportent plus d'être soumis à des dates couperets qui laissent entrevoir une reprise, avant de découvrir qu'il n'en est rien, pendant que d'autres secteurs reprennent leurs activités.

Face à cette crise, nous avons salué la mobilisation de 2 milliards d'euros par le Gouvernement dans le plan de relance, même si nous regrettons que le crédit d'impôt au bénéfice du spectacle vivant, voté par le Sénat, ait été repoussé par l'Assemblée nationale.

Pourtant, la réponse à ce grand vide ne saurait être uniquement budgétaire. Il faut rappeler avec force et passion que la culture n'est pas un secteur non essentiel. Au monde de la culture, le Sénat s'adresse clairement : le théâtre, le cinéma, les musées, l'opéra, les spectacles dans leur diversité sont essentiels, les artistes sont essentiels et nous avons besoin d'eux dans cette période de grande morosité.

Puisque la culture est essentielle, je souhaite vous interroger sur deux points, madame la ministre.

Face à une interdiction généralisée, inadaptée et incomprise, ne faut-il pas étudier plus finement les règles d'ouverture des lieux culturels ?

Quelles perspectives pouvez-vous proposer aux professionnels de la culture pour assurer une reprise sereine des saisons artistiques et de la visibilité dans leur programmation en 2021 ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère de la culture publiée le 17/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la culture.

Mme Roselyne Bachelot, ministre de la culture. Monsieur le sénateur Lafon, je partage votre diagnostic quant à l'importance de la culture, qui est au cœur de notre projet politique, quelles que soient, par ailleurs, nos options idéologiques.

Notre pays vit une tragédie avec cette pandémie, qui nous a imposé des sacrifices considérables dans tous les domaines et tout particulièrement dans le secteur de la culture, qui est le cœur vibrant de notre projet de société. Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous avons adopté ces mesures de sécurité sanitaire.

Je constate d'ailleurs que celles-ci sont partagées dans la plupart des pays d'Europe, que les lieux culturels sont fermés en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni, ainsi que – nous l'avons appris hier – aux Pays-Bas. Cela signifie bien qu'il y a un problème, une véritable crise sanitaire à laquelle il faut apporter des réponses adaptées.

Nous avons été, nous sommes et nous continuerons à être, aux côtés de la culture. Vous préconisez des mesures sectorielles, celles-ci viendront sans doute, parce qu'il faut de la visibilité. J'y travaille avec les acteurs de la culture, que je rencontre de façon continue à mon ministère pour expliquer nos décisions et pour trouver des solutions. Nous en discutons aussi avec les parlementaires, en particulier avec les sénateurs.

Le secteur a besoin de visibilité, nous aussi, mais ce temps n'est pas encore venu. Nous le préparons. Dès que nous pourrons desserrer l'étau sur le monde de la culture, nous le ferons. En attendant, nous l'accompagnons par des mesures financières fortes. Bien sûr, l'argent ne fait pas tout dans ce domaine, mais il va tout de même nous permettre de préserver l'outil culturel et d'accompagner ses acteurs, qui sont absolument indispensables à notre projet politique collectif. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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