Question de Mme MEUNIER Michelle (Loire-Atlantique - SER) publiée le 17/12/2020

Question posée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à Mme Michelle Meunier, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Michelle Meunier. Parmi les constats de la commission d'enquête sénatoriale sur la gestion de la crise sanitaire, l'un est accablant et appelle une réponse : il apparaît que M. Jérôme Salomon, directeur général de la santé, a délibérément influencé la rédaction du rapport de Santé publique France préconisant un stock de masques suffisant pour faire face à une pandémie.

Monsieur le ministre, le fiasco des masques a profondément écorné la confiance de nos concitoyennes et concitoyens envers les décisions prises par votre ministère. Le fiasco des masques et la défiance qui s'en est ensuivie ont été le ferment de théories alternatives qui sapent le discours rationnel des décideurs. Le fiasco des masques a contribué à mettre en danger celles et ceux qui étaient en première ligne : les soignantes et les personnels de l'aide à domicile, par exemple, longtemps démunis, mal protégés, potentiellement vecteurs de propagation et parfois eux-mêmes malades du covid-19.

Ce fiasco des masques porte un nom : Jérôme Salomon.

Monsieur le ministre, votre responsabilité politique est immense. À quelques jours du début de la campagne de vaccination, vous devez rétablir la confiance des Françaises et des Français envers l'institution sanitaire. Quand donc M. Salomon sera-t-il remplacé à la direction générale de la santé ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 17/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice Michèle Meunier, lorsque j'ai pris connaissance du rapport sénatorial – car j'en ai bien pris connaissance, monsieur Savary… –, j'ai demandé à mon directeur général de la santé, le professeur Jérôme Salomon, de venir échanger avec moi sur ce qui lui était « reproché » – je le dis entre guillemets – dans le rapport sénatorial.

D'abord, comme le directeur général de la santé l'a lui-même expliqué par communiqué, les e-mails dont il est question dans le rapport sénatorial ont été envoyés par lui-même au Sénat, en toute transparence.

M. François Patriat. Ce n'est pas dit dans le rapport !

M. Olivier Véran, ministre. Au reste, madame la sénatrice, certains de ces mails me semblent éclairer la question que vous soulevez.

Ainsi, dans celui du mois de février dernier envoyé par le directeur général de la santé à Santé publique France, il était question d'un certain nombre d'éléments figurant dans un rapport remis par cette agence à la direction générale de la santé, à la suite d'une saisine par le directeur général, sur les antiviraux. Santé publique France a sollicité un comité d'experts, qui a répondu non seulement sur les antiviraux, mais aussi sur les antibiotiques, les masques, les respirateurs et d'autres produits.

À cela, le directeur général de la santé a répondu, dans un mail de janvier également transmis aux sénateurs, mais non publié dans le rapport de la commission d'enquête, qu'il avait sollicité un avis sur les antiviraux, et que le comité avait répondu au-delà du périmètre de la saisine, étant entendu que des travaux étaient en cours par ailleurs sur d'autres sujets, comme les antibiotiques, les masques et les respirateurs. C'est sur cette question-là que le directeur général a interpellé Santé publique France.

Force est de constater – je l'ai lu moi-même dans le rapport sénatorial (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) – que, en définitive, le rapport d'experts commandé par Santé publique France a été publié en l'état ; son auteur, le professeur Stahl, un éminent infectiologue – grenoblois, ce qui ne gâte rien… –, a reconnu lui-même qu'il n'avait pas changé un traître mot à son rapport et qu'il ne savait même pas de quoi il était question.

Madame la sénatrice, je vous ai fait part d'éléments dont je n'ai pas eu à connaître, n'étant pas encore ministre ; je me fais l'écho du directeur général de la santé, dont je tiens à souligner l'engagement constant au service de notre pays, année après année, gouvernement après gouvernement, dans des fonctions qui ne sont pas politiques et qui sont éminemment difficiles. Être directeur général de la santé, en temps normal, c'est déjà très compliqué ; en période de pandémie, ça l'est plus encore. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Salomon est un grand serviteur de l'État et un grand professeur de médecine, apprécié de ses pairs. Madame la sénatrice, je ne pouvais donc pas laisser dire ce que vous avez dit sans réagir ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Michelle Meunier, pour la réplique.

Mme Michelle Meunier. Monsieur le ministre, la direction générale de la santé va jouer un rôle pivot dans la campagne de vaccination : celle-ci ne pourra pas résister aux doutes sur son pilotage. Si vous voulez garder le cap de la réussite pour la campagne vaccinale, il est encore temps de changer de capitaine ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur des travées du groupe Les Républicains.)

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