Question de M. SAVIN Michel (Isère - Les Républicains) publiée le 17/12/2020

Question posée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à M. Michel Savin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Michel Savin. Monsieur le ministre de l'intérieur, 132 agents sur 523 : ce chiffre effarant correspond au nombre de policiers de la circonscription de Grenoble qui ont adressé en début de semaine une demande de rupture conventionnelle de leur contrat de travail au préfet de l'Isère – 25 % des effectifs ! À l'échelle du département, ils sont 180.

Ce n'est pas tout : depuis lors, les policiers grenoblois assurent uniquement les interventions urgentes et nécessaires ; ils ont cessé toute patrouille, toute action d'initiative, tout contrôle.

Cette situation n'est pas seulement inquiétante pour Grenoble, ville connue pour son haut niveau de délinquance et d'insécurité. Elle est inquiétante, car elle traduit un malaise profond et un véritable écœurement de nos forces de l'ordre à l'échelle de tout le pays.

Monsieur le ministre, les déclarations du Président de la République ont mis le feu aux poudres, lorsqu'il a validé l'expression « violences policières », parlé de « contrôles au faciès » quasi généralisés et annoncé la création d'une plateforme de dénonciation et de signalement. Avec ces propos, les policiers ont le sentiment d'être lâchés par le Président de la République !

Il est certain que des actes minoritaires, comme l'affaire Zecler, doivent être dénoncés et sévèrement punis. Mais, nous le savons tous, la quasi-totalité des membres des forces de l'ordre accomplissent un travail de très grande qualité. Pourtant, ces policiers qui assurent notre sécurité se sentent abandonnés. Pire, alors que leur mission est chaque jour plus complexe, ils subissent au quotidien des violences toujours plus nombreuses : des centaines de policiers ont été blessés lors des dernières manifestations, deux ont été récemment agressés à Valenciennes et, selon vos propres chiffres, une vingtaine de policiers en moyenne sont agressés par jour.

Dès lors, monsieur le ministre, que pensez-vous des propos du Président de la République et les partagez-vous ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 16/12/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, je suis très honoré d'être le ministre de l'intérieur d'un Président de la République qui a créé 10 000 postes dans la police nationale et la gendarmerie. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Nous pourrions tous partager ce constat. Quand on aime la police et la gendarmerie, on peut aussi avouer les erreurs commises… (M. Bruno Retailleau s'exclame.) Comme l'a répondu à M. Véran un orateur de votre groupe, monsieur Retailleau, un peu d'autocritique ! (Vives protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Cela permettrait sans doute à la droite classique de s'améliorer, la prochaine fois qu'elle arrivera aux responsabilités. (Mêmes mouvements.)

Quand on joue au tennis, monsieur Retailleau, il faut accepter qu'on vous renvoie la balle. Ne vous énervez donc pas, même si, sans doute, le bureau politique s'est mal passé… (Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. Monsieur le ministre, veuillez répondre à la question qui vous est posée, et non sur le deuxième set… (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Gérald Darmanin, ministre. J'y répondrai bien volontiers, monsieur le président, en vous disant que, après-demain, je recevrai l'intégralité des syndicats de police, pour des entretiens bilatéraux qui nous permettront d'évoquer un certain nombre de sujets. À cette occasion, je ferai des annonces, avec l'autorisation de M. le Premier ministre et de M. le Président de la République.

Je compte bien que, à partir de janvier, non seulement les syndicats de police, mais aussi les représentants de la gendarmerie et tous les élus territoriaux, y compris le maire de Grenoble – parce que les maires sont les premiers responsables –, feront le nécessaire, avec les moyens législatifs que, je l'espère, le Parlement accordera, pour que les forces de l'ordre de la République puissent travailler.

Monsieur le sénateur, vous avez évoqué les deux policiers roués de coups à Valenciennes. Je leur ai téléphoné et, en déplacement la semaine prochaine dans le département du Nord, je les décorerai au nom de la République. Ils sont intervenus dans le cadre d'un rodéo urbain. Pendant longtemps, on a laissé faire… Je leur donne les moyens d'intervenir et de se protéger ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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