Question de M. GENET Fabien (Saône-et-Loire - Les Républicains-R) publiée le 14/01/2021

Question posée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à M. Fabien Genet, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Fabien Genet. Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Face aux malades du covid et à leurs familles parfois endeuillées, face à l'isolement, à la peur et à la tension psychologique qu'impose la crise à nos concitoyens, face à la menace du variant anglais et au risque de reconfinement, nous ne sommes pas d'humeur à polémiquer.

Mais, nous, parlementaires, nous ne sommes pas tirés au sort de manière anonyme et irresponsable ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe SER.) Nous rendons des comptes à nos concitoyens et nous relayons leurs légitimes interrogations.

Or, à vous entendre, monsieur le ministre, tout va toujours très bien ! Tout va très bien pour les vaccins ; tout va très bien pour les aiguilles ; tout va très bien avec la stratégie…

Mais si tout va si bien, pourquoi 20 % de la population n'est-elle pas vaccinée à l'heure actuelle, comme c'est le cas en Israël ? Pourquoi n'y a-t-il pas 2 millions de vaccinés, comme au Royaume-Uni ? Ou, au minimum, 500 000, comme en Allemagne ? Peut-être est-ce parce que vous avez choisi un « rythme de promenade en famille » et que la lenteur injustifiée de votre campagne de vaccination n'est à la hauteur « ni du moment ni des Français ». Tel est en tout cas l'avis, plein de colère, du Président de la République !

Heureusement, le dévouement sans borne de tous les professionnels de santé, l'engagement des préfets et des élus locaux offrent désormais un espoir sur le terrain ; j'ai pu le mesurer en préparant l'ouverture d'un centre de vaccination dans ma commune de Digoin.

Néanmoins, des inquiétudes persistent sur le rythme de cette campagne, en particulier en milieu rural.

Pourquoi, alors que tous les autres professionnels de santé peuvent participer à la campagne vaccinale, exclure les pharmaciens ? Pourquoi ne pas les autoriser à renforcer les équipes au sein des centres de vaccination ? Pourquoi ne pas vacciner sans attendre la totalité des personnels des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) afin de faire barrage au virus ? Pourquoi ne pas rendre obligatoire la vaccination anti-covid pour les personnels des Ehpad, comme c'est le cas de la vaccination contre l'hépatite B, qui est obligatoire pour les personnels de santé ?

Plus largement, au lieu de chercher à convaincre les incertains, commençons déjà par vacciner les volontaires ! Ils sont très nombreux et très impatients, monsieur le ministre. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 14/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Tout d'abord, monsieur le sénateur, vous ne m'entendrez jamais dire que tout va bien. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je ne crois pas l'avoir dit, mais j'aimerais bien pouvoir le dire un jour dans cet hémicycle ou dans un autre. Ce serait une formidable nouvelle. Cela signifierait que je n'aurais plus à décompter quotidiennement 300 morts, 1 500 admissions à l'hôpital, 200 en réanimation et quelque 20 000 contaminations. Je crois que nous pouvons être d'accord sur ce point, monsieur le sénateur.

Personne ne nie les difficultés que pose la mise en place d'une logistique absolument immense dans notre pays, difficultés que connaissent d'ailleurs tous les pays. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Vous le savez, certains pays ont mis en place des vaccinations dans certains grands centres que l'on appelle des « vaccinodromes ». En Allemagne, la presse et les élus d'opposition ne sont pas plus tendres avec leur gouvernement que vous ne l'êtes avec nous. Outre-Rhin, on peut faire trois ou quatre heures de queue dehors pour être vacciné, voire attendre six heures au téléphone, et certains centres sont dépourvus de vaccins.

Personne n'est parfait, monsieur le sénateur, ni vous ni nous, mais nous essayons tous de nous améliorer. En l'occurrence, ce n'est pas le ministre qui vaccine, ce sont les dizaines de milliers de soignants dans les hôpitaux publics, les cliniques, les Ehpad, les centres de vaccination à destination des soignants et, demain, des personnes âgées de 75 ans et plus.

Nous pouvons saluer ces personnes, car elles font un gros travail. Les conditions dans lesquelles elles ont commencé n'étaient pourtant pas évidentes, mais il y a une montée en puissance. Hier, plus de 50 000 personnes ont été vaccinées dans notre pays. Le rythme sur lequel nous sommes n'a, je peux vous le dire, rien à envier à celui de nos voisins. Il continuera de s'accélérer progressivement, à mesure que les doses de vaccin nous seront livrées.

Monsieur le sénateur, vous posez des questions concrètes. Je compte sur les pharmaciens, en particulier lorsque nous disposerons d'un vaccin plus simple à utiliser, ne nécessitant pas d'être conservé à moins 80 degrés et n'étant pas conditionné en flacon de cinq ou dix doses. Les pharmaciens savent faire, comme en atteste la campagne de vaccination antigrippale, sur laquelle vous m'avez suffisamment interrogé. Je note d'ailleurs que tout se passe plutôt bien pour le moment – touchons du bois ! – à cet égard. Nous sommes capables de vacciner 5 millions de Français en une semaine. Nous ne nous passerons donc pas du savoir-faire et de l'engagement des pharmaciens.

La Haute Autorité de santé nous demande de ne pas vacciner les professionnels de santé de moins de 50 ans, car elle considère qu'il est trop tôt, qu'il faut commencer par les publics fragiles, c'est-à-dire les personnes vulnérables, en établissement collectif, celles qui risquent d'être admises en réanimation, à l'hôpital, ainsi que celles qui sont susceptibles de développer des formes pulmonaires graves. Si nous ne le faisions pas, vous pourriez nous le reprocher et, pour le coup, vous auriez raison ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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