Question de M. LEVI Pierre-Antoine (Tarn-et-Garonne - UC) publiée le 14/01/2021

Question posée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Pierre-Antoine Levi. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Je souhaite attirer l'attention du Gouvernement sur la détresse que connaissent actuellement les étudiants en raison de l'isolement provoqué par la fermeture des établissements de l'enseignement supérieur.

Le samedi 9 janvier dernier, un étudiant de l'université de Lyon 3 a tenté de mettre fin à ses jours en se défenestrant de sa résidence universitaire. Hier soir, toujours à Lyon, une autre étudiante a commis ce même geste désespéré. Ces gestes de désespoir doivent nous alerter sur la détresse des étudiants actuellement.

Depuis la fermeture des universités, l'immense majorité des étudiants considèrent que l'enseignement s'est dégradé. Les cours en distanciel sont devenus insupportables. Les étudiants n'en peuvent plus. Ils n'acceptent plus d'être infantilisés. Madame la ministre, ils sont au bord de la rupture.

Comme le rappelle Éric Carpano, le président de l'université Lyon 3 : « La fermeture des universités, les cours à distance, l'arrêt des activités sportives, culturelles et festives ont favorisé l'isolement et la détresse psychologique. »

Avec la crise que nous traversons, c'est l'ensemble de la vie étudiante qui est bouleversée. En plus, on constate que la situation économique a plongé les plus fragiles dans la précarité.

Nous sommes au bord d'un décrochage massif qui risque d'entraîner de nombreux gestes de désespoir, comme ceux de samedi dernier et d'hier soir.

Madame la ministre, les étudiants veulent un cap. Il est invraisemblable de laisser les gens s'entasser dans les métros, mais d'interdire la reprise des cours en amphithéâtre, même avec le port du masque. Il y va de la qualité de leurs études, de la reconnaissance de leurs diplômes sur le marché du travail et surtout de leur santé physique et mentale.

Face à l'urgence de la situation, et pour éviter une succession de drames, que compte faire l'État pour apporter une réponse concrète à ces étudiants en détresse ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 14/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/01/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.

Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Monsieur le sénateur, votre question me permet d'adresser toutes mes pensées aux familles, aux amis, aux communautés et aux camarades de ces étudiants qui, dans ces situations difficiles, souvent multicausales – des enquêtes sont d'ailleurs en cours –, attentent à leurs jours.

Votre question comporte plusieurs éléments.

Tout d'abord, il faut, me semble-t-il, rendre un hommage vibrant et appuyé à l'ensemble des chercheurs et des enseignants, qui travaillent d'arrache-pied dans les universités et les établissements d'enseignement supérieur pour que les cours aient lieu, que les diplômes ne soient pas dévalorisés et que nos jeunes puissent être accompagnés au mieux dans cette situation très difficile.

Pendant le deuxième confinement, nous n'avons pas fermé les universités. Toutes les salles de ressources sont restées ouvertes sur rendez-vous, afin que les étudiants puissent garder un minimum de contact avec leur établissement. Des enseignements ont été autorisés : ceux qu'il était impossible de mener en distanciel. Depuis le tout début du mois de janvier, il peut y avoir, pour les plus fragiles, une reprise des enseignements en présentiel, par groupes de dix. Ce vendredi, nous allons continuer de travailler avec les conférences des présidents et les conférences des directeurs d'établissement pour voir comment élargir ces dispositifs.

Oui, les étudiants les plus fragiles, ce sont ceux qui entrent dans l'enseignement supérieur cette année, ceux qui sont en situation de handicap, et les étudiants internationaux qui se retrouvent seuls sur notre sol. Nous le voyons bien, ils sont en réalité très nombreux.

C'est pourquoi nous allons travailler à de nouvelles propositions afin de pouvoir faire revenir les étudiants sur leur lieu d'enseignement. C'est très important pour leur avenir pédagogique et psychologique.

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour la réplique.

M. Pierre-Antoine Levi. Madame la ministre, je vous remercie de cette liste d'actions, mais c'est visiblement insuffisant ; les faits le montrent. Les étudiants ne doivent pas être sacrifiés ; pour le moment, le constat est qu'ils le sont. Or il y va de l'avenir de notre jeunesse ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe UC.)

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