Question de M. KERN Claude (Bas-Rhin - UC) publiée le 21/01/2021

Question posée en séance publique le 20/01/2021

M. le président. La parole est à M. Claude Kern, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Claude Kern. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Un nouveau protocole sanitaire renforcé concernant la restauration scolaire devant entrer en vigueur au plus tard le lundi 25 janvier prochain vient d'être adressé aux collectivités.

En l'état, ce protocole interdit le brassage d'élèves entre classes du premier degré. Concrètement, cela signifie qu'il ne sera plus possible de réunir plusieurs classes dans un même espace de restauration.

De façon pragmatique, vous avez bien conscience, monsieur le ministre, qu'il est inconcevable pour les collectivités de mettre ce protocole effectivement en action.

Afin d'étayer mon propos, je prendrai l'exemple d'une communauté de communes de mon département largement représentative, celle du canton d'Erstein, dont les vingt-huit communes membres représentent 48 000 habitants. Elle accueille 1 500 enfants issus des établissements scolaires du territoire dans vingt-trois points de restauration. À raison de vingt minutes pour déjeuner, il faudrait huit heures au bourg-centre, qui accueille sur un même site vingt-quatre classes issues de six bâtiments scolaires, pour faire manger l'ensemble des élèves, et quatre heures en appliquant le dernier recours – à savoir 50 % de repas à emporter et 50 % de repas chauds. Tout cela en assurant une surveillance dans les classes. Comment faire ? Ce n'est pas sérieux !

Dans la même logique, quid de l'accueil de loisirs sans hébergement (ALSH) des mercredis et des périscolaires du soir ? Quid également des ALSH pour les prochaines vacances, les inscriptions étant réalisées bien en amont ?

Monsieur le ministre, nous attendons en urgence des réponses claires sur tous ces points. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 21/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 20/01/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. David Assouline. Et candidat aux régionales !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Kern, la question des cantines scolaires est une des questions très importantes que pose la gestion de la crise sanitaire. Nous la prenons très au sérieux depuis le premier confinement, au mois de mai dernier.

Dès ce moment, un protocole très strict, qui n'était pas facile à suivre, a été mis en œuvre. Nous avons vu à quel point il a été bénéfique pour créer des réflexes dans l'ensemble de notre système. Nous l'avons fait en partenariat avec les collectivités locales.

Comme vous l'avez rappelé, nous nous sommes donné dix jours d'adaptation. Le nouveau protocole s'appliquera donc à compter du 25 janvier prochain. Sur le site du ministère, vous trouverez la fameuse « foire aux questions » qui permet d'obtenir des réponses concrètes aux questions telles que celles que vous venez de poser.

La solution de facilité serait de supprimer les cantines scolaires. Le moment des repas est en effet un moment de fragilité du point de vue de la gestion de la crise sanitaire. Pour autant, nous savons qu'il faut maintenir ce moment en raison de l'enjeu social qu'il représente. Une alimentation équilibrée est essentielle pour les enfants. Pour ce faire, il faut mettre en place des mesures strictes qui ne font plaisir à personne. Elles sont un mal nécessaire pour atteindre cet objectif.

En ce qui concerne l'interdiction du brassage des élèves de l'école primaire, je ne vais pas entrer dans le détail de votre question. Il existe différentes manières de régler ce problème sans étaler la restauration scolaire sur quatre heures. Chaque cas est particulier. Il s'agit surtout de faire déjeuner chaque jour tous les élèves d'une même classe ensemble de façon à réduire les brassages.

Chacun peut retrouver sur le site internet du ministère l'ensemble des mesures que nous avons prises. Dans un esprit de partenariat, chaque inspecteur de l'éducation nationale travaille actuellement avec chaque collectivité pour l'aider à s'adapter. Parfois, il faut se rendre dans un autre local et parfois il faut étaler l'arrivée des enfants, mais cela se fait toujours dans un esprit constructif et de responsabilité. Il s'agit de réussir ce que peu de pays réussissent – et nous devons en être collectivement fiers – : maintenir l'école ouverte durant cette période, au bénéfice des enfants.

Le service de restauration scolaire est parfois la seule occasion qu'ont certains enfants de manger équilibré. C'est un objectif que nous pouvons tous partager. Nous pouvons être fiers de l'action de l'éducation nationale et des collectivités locales qui y parviennent ensemble.

M. le président. La parole est à M. Claude Kern, pour la réplique.

M. Claude Kern. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre.

Sachez toutefois que les collectivités ne sont plus en mesure de s'adapter aux nouvelles mesures. Elles arrivent à leurs limites.

En l'absence de révision de ce nouveau protocole, les restaurations scolaires risquent malheureusement de fermer, ce qui va à l'encontre de la volonté des acteurs de maintenir ce service public indispensable.

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