Question de M. RIETMANN Olivier (Haute-Saône - Les Républicains) publiée le 04/02/2021

Question posée en séance publique le 03/02/2021

M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Olivier Rietmann. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

Qui a dit : « Nous garantirons des prix justes pour que les agriculteurs puissent vivre de leur travail, nous nous battrons pour une Europe qui protège, nous donnerons les moyens de faire face aux situations d'urgence » ? Le candidat Macron en 2017.

Pour les prix justes, c'est raté ! L'espoir né de la loi Égalim a laissé place à la désillusion ; la grande distribution et certains industriels sortent une nouvelle fois gagnants de la bataille.

Pour une Europe qui protège, on verra plus tard… L'inscription de l'accord avec le Canada, le CETA, à l'ordre du jour du Sénat ne cesse d'être reportée, et les aides de la PAC serviront surtout à financer l'application de nouvelles règles environnementales. Les accords se suivent et s'appliquent, en tenant prudemment à distance le Parlement.

Un sujet vous donne aujourd'hui la possibilité de tenir la troisième promesse du candidat Macron : « des moyens de faire face aux situations d'urgence ».

L'urgence est du côté de la filière bovine et de ses 2 000 éleveurs qui disparaissent chaque année. Les prix des broutards et des jeunes bovins sont au plus bas. La filière est en crise. Les éleveurs souffrent. Pourtant, le Gouvernement est absent : absent quand il s'agit de sanctionner les acteurs qui contournent le plan de filière, absent quand il faut réprimer la non-conformité aux règles européennes de produits importés. Il est également très discret dans les négociations sur le Mercosur quand il est nécessaire de défendre nos éleveurs, mais très présent pour aggraver les contraintes qui pèsent sur eux avec les propositions de la Convention citoyenne pour le climat.

Monsieur le ministre, vous êtes aujourd'hui face à une situation d'urgence ; le candidat avait promis, dans cette hypothèse, de donner des moyens. Quels sont-ils ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 04/02/2021

Réponse apportée en séance publique le 03/02/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le sénateur, je ne vais pas revenir sur la question de la filière bovine. Vous savez que je connais bien le sujet : je partage votre constat, et je suis très mobilisé sur ce dossier.

Je ne peux pas vous laisser dire que nous sommes absents sur la question des prix : la loi Égalim a changé l'état d'esprit, elle a créé une confiance, mais il est vrai que certains acteurs ne la respectent pas. (Eh oui ! sur des travées du groupe Les Républicains.) La confiance n'exclut pas le contrôle, et plus la confiance est altérée, plus les contrôles doivent être renforcés.

C'est pour cette raison que j'ai réuni de nouveau, il y a quelques jours, tous les acteurs concernés pour leur annoncer que nous démultiplierions les contrôles de la DGCCRF – certains ne comprennent que cela ! Je le redis, nous multiplions les contrôles partout sur le territoire. Nous avons même créé une adresse de messagerie, signalement@agriculture.gouv.fr, pour permettre à toute personne, sur le terrain, de nous dire là où les prix ou l'étiquetage sont anormaux. Chaque signalement fait l'objet d'une enquête de la DGCCRF, car rien ne doit être laissé de côté.

Vous avez aussi évoqué le sujet du broutard, mais vous connaissez le sujet comme moi, et il n'a rien à voir avec Égalim. Les broutards et les jeunes bovins sont vendus en Italie de manière quasiment exclusive ; c'est donc un sujet pour la filière. J'en réunis très régulièrement les représentants – vous le savez très bien – et je leur ai proposé un deal, en mettant sur la table, dans le cadre du plan de relance, 80 millions d'euros pour les filières, 100 millions d'euros sur l'élevage et plus de 200 millions d'euros sur les équipements pour améliorer la compétitivité. Mais c'est uniquement par la filière qu'on peut créer de la valeur ! Il faut que la filière se saisisse du problème et des financements mis en place.

Le gros problème des broutards et des jeunes bovins aujourd'hui, c'est l'absence de diversification des débouchés – je le dis devant vous qui êtes les représentants des collectivités locales. Nous ne devons pas avoir un seul marché, en l'occurrence l'Italie ; je le redis, nous devons diversifier les débouchés, par exemple en donnant à manger du jeune bovin dans nos cantines à nos enfants. C'est ainsi que nous donnerons du souffle à la filière.

M. le président. Il faut conclure !

M. Julien Denormandie, ministre. S'agissant des financements, le plan de relance en contient beaucoup et nous continuerons d'en prévoir – soyez-en assuré ! (M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à M. Olivier Rietmann, pour la réplique.

M. Olivier Rietmann. Monsieur le ministre, vous en faites régulièrement, mais, plus que vos déclarations d'amour, nos éleveurs bovins attendent des preuves !

M. François Patriat. Elles sont là : 80 millions d'euros !

M. Olivier Rietmann. En 2020, le revenu moyen d'un éleveur bovin français est de 650 euros par mois.

M. Julien Denormandie, ministre. Je le sais !

M. Olivier Rietmann. Alors, faites preuve de courage, monsieur le ministre ! Prenez des décisions fortes pour que nos éleveurs vivent de leur travail ! Ce n'est pas une question d'organisation de filière.

M. Julien Denormandie, ministre. Bien sûr que si !

M. Olivier Rietmann. Vous ne pouvez pas vous décharger de vos responsabilités sur les éleveurs. Trêve de belles paroles, passez aux actes ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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