Question de Mme CUKIERMAN Cécile (Loire - CRCE) publiée le 04/02/2021

Mme Cécile Cukierman attire l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie sur l'avenir d'Industeel, filiale du groupe ArcelorMittal.

Industeel, fleuron de l'industrie française, exporte ses produits à l'international. Son savoir-faire dans la production de tôles est reconnu dans le monde entier. Aucun des concurrents de cette société n'est en mesure aujourd'hui de proposer une gamme aussi étendue que celle d'Industeel.

Fort de ce leadership, le chiffre d'affaires est depuis 2010 en positif de l'ordre de 700 millions d'euros annuel, exceptée l'année 2020 touchée par la crise sanitaire, l'exercice financier a fini à l'équilibre.

Après avoir trop peu investi durant de nombreuses années, malgré des résultats excédentaires, ArcelorMittal, laisse Industeel dans une situation difficile avec des outils vieillissants et cherche aujourd'hui à la céder. Cette décision toucherait les deux sites français principaux situés dans la Loire et en Saône-et-Loire, qui comptent au total 1 100 salariés.
Dans ces conditions, il apparaît dommageable que la fuite des capitaux non réinvestis dans cette entreprise engendre la destruction programmée de nos outils industriels.

Enfin la pandémie du Covid-19 a montré l'impérieuse nécessité de demeurer souverain au sein de nos sites les plus importants pour la Nation. Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle important, sur les différentes garanties qu'apporterait un potentiel repreneur.

Compte tenu de ces éléments, elle souhaiterait savoir ce que le Gouvernement entend mettre en œuvre pour sécuriser les emplois et sauvegarder de fait notre patrimoine industriel qui garantit notre souveraineté et notre indépendance dans les domaines énergétiques ou militaires.

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Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 25/03/2021

Industeel, filiale du groupe ArcelorMittal, est spécialisée dans la production de plaques épaisses et de lingots pour des marchés très diversifiés, comme ceux de l'injection plastique, de l'outillage, du transport (grands réservoirs de produits chimiques ou de produits pétroliers) mais aussi de l'énergie (éolien, oil&gas, nucléaire) et de la défense. Industeel ne fabrique pas de gros volumes en tonnage mais des produits haut de gamme, complexes et à forte valeur ajoutée. La société emploie aujourd'hui plus de 1 100 personnes en France principalement au Creusot en Saône-et-Loire (800 salariés), dans la Loire à Châteauneuf et à Saint-Chamond (300 salariés) et à Dunkerque (30 salariés). Les sites du Creusot et de Châteauneuf comportent chacun une aciérie électrique et une fonderie de grosses pièces. Le site de Dunkerque est destiné au découpage et à l'emboutissage des pièces. L'aciérie du Creusot est notamment le fournisseur exclusif de l'usine Creusot Forge de Framatome. Industeel dispose également du Centre de recherche des matériaux du Creusot (CRMC) basé au Creusot, comprenant 54 personnes. Industeel exploite aussi une aciérie électrique sur un site de production à Charleroi en Belgique, qui emploie 1 200 personnes. Depuis 2015, Industeel est exposée à une baisse de commandes sur les secteurs gazier, pétrolier et nucléaire, et à une concurrence croissante sur le marché européen. Après une année 2017 négative, le site du Creusot a enregistré une commande historique en 2018 portant sur une production de 50 kt de plaques destinées à la fabrication de tubes pour une plateforme gazière. Malheureusement, depuis ce contrat aucune commande importante n'a été enregistrée, et le niveau actuel des commandes ne permet pas une assise correcte pour l'entreprise. Le groupe ArcelorMittal a récemment confirmé aux services de l'État une baisse de l'ordre de 50 % de son carnet de commande, du fait notamment de la crise sanitaire du Covid-19 et des ralentissements ou reports des grands projets industriels en découlant. Dans ce contexte, ArcelorMittal a fait part, en fin d'année 2020, de sa volonté de trouver des partenaires pour renforcer l'activité des sites d'Industeel en France et en Belgique, voire de les céder. Cette réflexion n'en est aujourd'hui qu'à ses débuts, et toutes les options sont ouvertes. Le Gouvernement est très attentif à ce que le schéma qui sera retenu préserve la souveraineté et l'indépendance nationale des activités critiques d'Industeel, ainsi que son portefeuille de clients. Le projet devra aussi s'intégrer dans les règles européennes en matière de concentration. Enfin, le Gouvernement et le groupe ArcelorMittal sont conscients que l'excellence technique mondialement reconnue d'Industeel relève très largement du savoir-faire de ses salariés et que le maintien des compétences est une des conditions fortes de l'avenir et du développement d'Industeel. A l'instar de toutes les opérations de rapprochement, les discussions se déroulent dans un cadre très confidentiel qui ne peut pas être levé sans remettre en cause leur issue. Compte tenu de la complexité du projet il n'est d'ailleurs pas attendu de décision formelle à très court terme. Quelle que soit l'issue, l'État jouera pleinement son rôle pour défendre l'emploi et l'avenir des sites français.

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