Question de Mme GARRIAUD-MAYLAM Joëlle (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 18/03/2021

Question posée en séance publique le 17/03/2021

M. le président. La parole est à Mme Joëlle Garriaud-Maylam, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Joëlle Garriaud-Maylam. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Un parlement dissous, des morts par centaines, des tortures, des milliers d'arrestations, la loi martiale proclamée, la peine de mort rétablie, l'économie à l'arrêt, la famine qui s'installe, les ONG mises en cause, les entrepôts attaqués et même les pagodes pillées par l'armée : c'est le bilan terrifiant du coup d'État du 1er février dernier en Birmanie.

Tout cela parce que la junte militaire n'a pas supporté qu'une femme, Aung San Suu Kyi, et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, ou LND, gagnent plus de 83 % des voix lors des dernières élections législatives !

Aung San Suu Kyi est aujourd'hui au secret. Même ses enfants n'ont aucune nouvelle d'elle, et la fuite en avant continue, la jante osant même l'accuser, ainsi que le docteur Sasa, son représentant à l'ONU, de trahison et de corruption, un mandat d'arrêt international ayant été émis ce matin même contre celui-ci.

Face à cette dictature honnie, le mouvement de désobéissance civile unit tous les Birmans, de toutes classes sociales religions et ethnies, y compris, bien sûr, les Rohingyas.

Monsieur le ministre, notre ambassade à Rangoon accomplit un travail remarquable, que je tiens à souligner, mais il faut aujourd'hui aller au-delà des déclarations d'inquiétude ou de condamnation. Les sanctions ciblées de l'Union européenne ne seront utiles que si elles englobent toute la famille des dirigeants, notamment leurs enfants. De même, les Birmans espèrent la reconnaissance par la France du CRPH, le gouvernement parallèle issu des urnes.

La France a une responsabilité historique. Elle se doit d'encourager le valeureux peuple birman en lutte contre une dictature mafieuse. Elle se doit de montrer au monde qu'elle reste fidèle à ses valeurs de liberté et de droits de l'homme, en entraînant les autres pays à faire de même.

Monsieur le ministre, comment convaincre l'Asean, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, la Russie et la Chine de sortir de leur neutralité pour s'engager à nos côtés et aux côtés des Birmans ? Et que pouvez-vous nous dire du dialogue avec le CRPH pour mettre fin à une guerre civile de plus en plus meurtrière ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères - Commerce extérieur et attractivité publiée le 18/03/2021

Réponse apportée en séance publique le 17/03/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.

M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Madame la sénatrice, vous le savez : ayant été en contact avec un cas positif, Jean-Yves Le Drian est à l'isolement.

Vous suivez de très près et depuis longtemps la situation de la Birmanie, et vous avez raison : la situation est grave et la dégradation s'accélère. Ainsi, soixante-dix morts ont été recensés rien qu'au cours de la journée du 14 mars dernier.

Comme vous le savez également, la France a bien évidemment condamné le coup d'État, comme l'Union européenne. Nous ne reconnaissons pas la junte et des discussions, techniques, sont en cours à Bruxelles pour que, lors du Conseil des affaires étrangères du 22 mars prochain, puissent être prononcées des sanctions ciblant les dirigeants de ce coup d'État et celles et ceux qui y ont contribué.

Nous réfléchissons aussi à étendre ces sanctions à certaines entités économiques. En effet, rien ne doit être fait pour continuer à donner de l'argent à l'armée birmane dans ces moments si périlleux.

Bien évidemment, madame la sénatrice, vous pouvez compter sur la détermination de la France à trouver une solution à cette crise. Jean-Yves Le Drian prend de nombreux contacts avec ses homologues des pays que vous avez évoqués, notamment ceux de l'Asean, laquelle a un rôle majeur à jouer en la matière.

En outre, nous continuons à suivre de près toutes les ONG qui travaillent en Birmanie, nous maintenons notre aide humanitaire et nous soutenons la société civile, parce que, comme vous l'avez rappelé, la situation en Birmanie est très grave.

Jean-Yves Le Drian et toutes les équipes du Quai d'Orsay, plus largement toutes celles du Gouvernement, sous l'autorité du Premier ministre, veillent avec beaucoup d'attention à ce que l'on puisse sortir très rapidement de cette crise majeure en Birmanie. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Arnaud de Belenet applaudit également.)

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