Question de M. GENET Fabien (Saône-et-Loire - Les Républicains-R) publiée le 17/06/2021

Question posée en séance publique le 16/06/2021

M. le président. La parole est à M. Fabien Genet, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Fabien Genet. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, vous venez d'annoncer la levée anticipée du couvre-feu ; c'est là une décision bienvenue au regard de la situation sanitaire et des huit mois de limitation de nos libertés qui viennent de s'écouler. Mais tout de même, ces derniers jours nous interrogent quant à votre façon de gouverner le pays.

Vendredi soir, tandis que mes concitoyens de Digoin, en Saône-et-Loire, respectaient scrupuleusement le couvre-feu et quittaient la terrasse du Dock 713, guinguette en bord de Loire, à vingt-trois heures, au même moment les privilégiés des loges de Roland-Garros scandaient « Merci Macron, merci Macron ! » en hommage à celui qui les avait autorisés à ne pas respecter le couvre-feu.

Quelques instants plus tard, aux Invalides, des jeunes se faisaient charger pour non-respect dudit couvre-feu…

Ce « en même temps » a été vécu comme une injustice devant le fait du prince : « Selon que vous serez puissant ou misérable… »

Ce week-end, nos concitoyens ont vu en boucle les images de vos ministres.

Ils ont vu votre ministre déléguée auprès du ministre de l'intérieur chanter en meeting sur une estrade, sans masque !

Ils ont vu le ministre de l'intérieur, ministre des cultes, évoquer Satan à propos de ses opposants politiques, et ce à l'intérieur d'un espace clos, à Dijon, sans masque !

M. Frédéric Marchand. Et Hervé Morin ?

M. Fabien Genet. Quant à votre ministre de la justice, malheureusement à court d'arguments, il n'a eu que ses postillons à offrir contre son adversaire identitaire (Protestations sur les travées du groupe RDPI. – Sourires sur des travées du groupe Les Républicains.), le garde des sceaux n'ayant pas jugé bon de garder son masque.

On est là, à chaque fois, en parfaite contradiction avec les propos que vous avez réitérés voilà quelques heures sur la nécessité de conserver les gestes barrières.

Monsieur le Premier ministre, à quatre jours des élections départementales et régionales, après le baiser qui tue dans le Sud et le parachutage des ministres dans le Nord, nos concitoyens s'interrogent : votre gouvernement cherche-t-il ce faisant, de façon volontaire, mais irresponsable, à susciter l'incompréhension et la colère des Français, pour mieux la faire exploser dans les urnes ? (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et SER.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/06/2021

Réponse apportée en séance publique le 16/06/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Devant une question aussi posée, monsieur le sénateur, je vais tâcher d'être à l'écoute.

Je commencerai par vous rassurer : nous pouvons nous réjouir que, au cours de cette séance, aucune question ne soit posée à la ministre de la culture sur le sort des lieux culturels, parce que ceux-ci sont soutenus par le Gouvernement.

M. Hervé Gillé. Paroles, paroles…

M. Gérald Darmanin, ministre. Nous pouvons nous réjouir qu'aucune question ne soit posée au ministre de l'économie, parce qu'aucun pays au monde n'a soutenu comme nous l'avons fait les commerçants, les artisans et les entreprises. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Attendez la suite…

M. Jérôme Bascher. Le « quoi qu'il en coûte » ne marche pas !

M. Gérald Darmanin, ministre. Aucune question non plus n'a été adressée au ministre de la santé : que n'avez-vous dit, monsieur le sénateur, pendant des mois et des mois, partout, sur tous les plateaux, sur votre territoire, ici même aussi sans doute ? Vous disiez que jamais nous n'aurions 30 millions de vaccinés au mois de juin. Or, ce chiffre, nous l'avons dépassé !

Que n'avez-vous remarqué que, dans ce pays, alors que, tout autour de nous – voyez le Royaume-Uni –, nos voisins ont reporté les élections ou repris des mesures de coercition, nous pouvons, nous, retrouver enfin une vie à peu près normale ?

Écoutant votre question, monsieur le sénateur, je me dis que c'est la politique des grincheux qui vous satisfait. (M. Pierre Louault applaudit. – Oh ! sur les travées des groupes Les Républicains et SER.)

Ne pouvez-vous pas vous réjouir que les Français soient manifestement heureux de revivre et que, oui, les mesures mises en œuvre par le Gouvernement soient de bonnes mesures ?

Vous avez parlé de Roland-Garros. Mais évoquez le match de football d'hier soir ! Nous avons fait appliquer les règles avec mansuétude par la police et par la gendarmerie.

Je trouve que l'attaque dont vous avez gratifié la police et la gendarmerie françaises à propos de ce qui s'est passé hier aux Invalides est particulièrement déplacée. (Protestations sur les travées des groupes Les Républicains et SER.) Je suis très fier du travail de nos policiers et de nos gendarmes, que vous auriez peut-être dû davantage saluer.

Comme je l'ai dit, nous avons fait appliquer avec mansuétude, quelles que soient les classes sociales concernées – c'est vous qui posez le problème ainsi, vous trompant sans doute quelque peu de groupe politique… –, des règles sanitaires respectées et respectables.

Monsieur le sénateur, cessez la politique des grincheux ! (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Soyez heureux d'être en France ! Et pour une fois – cela ne changera rien au résultat des élections, qu'elles soient régionales, départementales ou présidentielles –, avouez que nous avons tenu la barre et que les Français peuvent en être fiers ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

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