Question de M. DOSSUS Thomas (Rhône - GEST) publiée le 24/06/2021

Question posée en séance publique le 23/06/2021

M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. Thomas Dossus. Cette question s'adressait initialement à Mme la ministre de la culture, Roselyne Bachelot.

Ce week-end, un jeune rennais de 22 ans avait décidé d'aller danser. Après des mois de couvre-feu et de confinement, c'est à Redon, avec quelques centaines de jeunes, qu'il devait renouer avec la fête. Il y perdra une main, victime de la répression phénoménale de cette rave ; victime, une nouvelle fois, d'une grenade tirée de façon indéterminée dans la foule ; victime de méthodes de maintien de l'ordre placées sous le régime de l'escalade de la violence. (Protestations sur les travées des groupes RDPI, UC et Les Républicains.)

En plus des atteintes aux personnes, les forces de l'ordre ont procédé à la destruction de 100 000 euros de matériel musical à coups de hache. Dans quel autre pays voit-on les forces de l'ordre détruire du matériel musical, avec autant d'acharnement, en dehors de toute procédure et s'en réjouir sur les réseaux sociaux ? (Murmures prononcés sur les travées des groupes RDPI, UC et Les Républicains.)

L'absence de réaction du ministère de la culture démontre une nouvelle fois le mépris dans lequel celui-ci tient cette scène et la jeunesse.

Il y a quelques semaines, lors de la présentation des protocoles sanitaires de déconfinement du monde de la culture, face à l'absence de perspectives pour les musiques actuelles et les concerts debout, je posais la question à Roselyne Bachelot : allons-nous passer un été culturel sous le signe de la répression ? (Exclamations sur les travées des groupes RDPI, UC et Les Républicains.)

Ce lundi 21 juin, premier jour de l'été, nous avons enfin eu la réponse : plusieurs rassemblements festifs ont été dispersés sous des pluies de grenades lacrymogènes et de désencerclement.

Après un an et demi de confinement, la jeunesse de ce pays veut faire la fête, elle veut communier, mais n'a pas de perspectives claires. (Exclamations redoublées sur les travées des groupes RDPI, UC et Les Républicains.)

À l'Élysée, lundi, sous les dorures, on a pu danser avec Jean-Michel Jarre ; dans la rue, en revanche, on a matraqué et dispersé. (Brouhaha.)

Madame la ministre, ma question est la suivante : la politique culturelle pour la jeunesse est-elle sous-traitée à un ministre de l'intérieur, dont l'incompétence à organiser des élections n'a d'égale que son incompétence en matière de maintien de l'ordre ?

Mme Françoise Gatel. Oh !

M. Thomas Dossus. Son approche répressive des rassemblements festifs, qui met en danger notre jeunesse, va-t-elle être revue ? Quelles sont les perspectives culturelles pour notre jeunesse cet été ? (Applaudissements sur les travées des groupes GEST et SER, ainsi que sur des travées du groupe CRCE.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargé de la jeunesse et de l'engagement publiée le 24/06/2021

Réponse apportée en séance publique le 23/06/2021

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l'engagement. Monsieur le sénateur Dossus, la jeunesse mérite mieux que des caricatures. Depuis plus de dix ans, les services de l'État chargés de la jeunesse, de l'intérieur, de la culture, de la santé mettent en œuvre des médiations interministérielles avec les organisateurs de fêtes et de rassemblements festifs.

Ce réseau de médiateurs est aujourd'hui déployé sur l'ensemble de nos territoires, et ces acteurs permettent à notre jeunesse de sortir et de vivre pleinement. Le dialogue est de qualité entre l'État et les représentants d'associations, comme Freedom.

Nous sommes pleinement mobilisés pour que la jeunesse profite, cet été, de l'extérieur et du retour à la fête, mais en respectant notre État de droit.

Monsieur le sénateur, la ministre de la culture aurait pu répondre à votre question, mais elle est retenue à l'Assemblée nationale pour défendre le projet de loi relatif à la régulation et à la protection de l'accès à la culture.

S'agissant de la rave party que vous évoquez, on peut comprendre l'envie de faire la fête, mais les règles sanitaires persistent, les lois de notre pays persistent et doivent être respectées.

Samedi 19 juin, l'évacuation du Teknival interdit de Redon – car il était interdit, je le rappelle – par les forces de l'ordre a été réalisée grâce à des manœuvres complexes, avec l'objectif d'agir vite. J'en profite pour saluer le calme et l'organisation de l'intervention des forces de l'ordre. (Mme Marie-Pierre de La Gontrie et M. David Assouline protestent.) Certains individus ont d'ailleurs été secourus par des unités nautiques engagées dans ce dispositif, parce qu'il y avait, d'un côté, de l'eau, et, de l'autre, des habitants.

Mme Laurence Rossignol. Heureusement !

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Le matériel de sonorisation devait être saisi très rapidement pour mettre fin à cette infraction et pour permettre l'évacuation des lieux dans le calme.

Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Le matériel a été détruit !

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Dans le cadre de la procédure judiciaire de saisie, s'il y a eu des dégradations, les faits seront établis sous l'autorité du procureur de la République en fonction des éventuels contentieux.

Monsieur le sénateur, la reprise et les réouvertures doivent se dérouler dans le cadre de la loi et des règles. C'est la raison pour laquelle la ministre de la culture a reçu l'ensemble des festivaliers et des acteurs de la culture, afin de permettre un retour à la normale le plus vite possible avec des jauges à 100 % à l'extérieur, dès le 21 juin, selon le souhait du Président de la République et du Premier ministre, partagé par les acteurs des concerts et des festivals. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et INDEP.)

M. le président. La parole est à M. Thomas Dossus, pour la réplique.

M. Thomas Dossus. Il fut un temps où les autorités françaises savaient dialoguer avec les organisateurs ; aujourd'hui, vous privilégiez la matraque, c'est totalement irresponsable ! (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et CRCE.)

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