Question de M. BURGOA Laurent (Gard - Les Républicains) publiée le 03/06/2021

M. Laurent Burgoa attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur le devenir des riziculteurs français.

En effet, le syndicat des riziculteurs de France tire la sonnette d'alarme. La production de riz devrait chuter de 25 à 30 % en Camargue où est cultivé l'essentiel du riz français.

Plusieurs agriculteurs abandonnent cette culture millénaire qu'ils remplacent par des légumes. Ils devraient être environ 50 cette année à transformer leurs surfaces rizicoles. Cette situation est due à l'interdiction en France de produits phytosanitaires, considérés comme dangereux pour l'environnement (produits qui ne sont pas interdits en Italie et en Espagne, les deux plus grands producteurs européens).

Les riziculteurs français n'arrivent plus à sécuriser leur culture, ils sont désarmés face aux agressions des insectes ou des plantes invasives et obtiennent des rendements inférieurs à leurs concurrents voisins. Ces cultures ne sont donc plus rentables. Ceux qui résistent diversifient également une partie de leur surface et plantent d'autres céréales ou légumes afin de compenser les pertes.

Aujourd'hui, en Camargue, sont recensés 160 riziculteurs qui cultivent environ 11 000 hectares, soit trois fois moins de surfaces que dans les années 1960.

À l'instar du président du syndicat des riziculteurs, il lui demande d'œuvrer auprès de Bruxelles pour une harmonisation européenne dans ce domaine afin que tous les pays appliquent les mêmes règles.

Si la situation ne change pas, c'est un patrimoine centenaire qui risque de disparaître, mais aussi le paysage de Camargue, façonnée par la culture du riz, ce dernier contribuant par ailleurs à la biodiversité de la région.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 07/10/2021

Si le secteur rizicole français a un poids économique moindre que dans les quatre grands pays producteurs européens, il n'en a pas moins une très grande importance territoriale. Depuis 2014, la surface cultivée en riz est relativement stable autour d'une moyenne d'environ 15 000 hectares assurant une production de 80 000 tonnes (t). Il bénéficie depuis l'année 2000 d'une indication géographique protégée qui couvre environ 80 % de la production. Les surfaces en agriculture biologique sont en hausse progressive et atteignent 15 % de la surface totale. Le secteur a ainsi fait le choix d'une production qui vise un marché de qualité supérieure, qui n'entre donc pas en concurrence directe avec les importations, en provenance d'autres pays de l'Union européenne ou de pays tiers, indispensables pour couvrir une consommation globale de l'ordre de 400 000 t. Le secteur rizicole occupe une dimension territoriale particulière dans sa zone de production en Camargue, à la fois sur les plans culturel, économique et environnemental. La pratique de la submersion par les eaux douces du Rhône permet en effet de lutter contre le risque de salinisation progressive et de maintenir le paysage agricole particulier de la zone. Cette dimension territoriale particulière a conduit à apporter un soutien spécifique à ce secteur dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), notamment par la mise en place d'une mesure agro-environnementale et climatique dédiée depuis 2015 et par le maintien d'une aide couplée à un niveau conséquent. Cette aide sera maintenue dans la prochaine programmation. L'immersion de la culture limite la pratique de rotations culturales, ce qui rend plus difficile la gestion des espèces adventices. La gamme des solutions herbicides autorisées au niveau européen sur la culture est limitée par les risques sanitaires associés à ces produits et par la nécessité d'une protection environnementale accrue du milieu particulier où se situent les zones de production. Par dérogation, les États membres ont la possibilité d'autoriser l'usage temporaire d'un produit phytopharmaceutique qui ne bénéficie pas d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France mais qui s'avérerait nécessaire pour protéger les cultures. La France, comme certains de ses voisins européens, utilise cette possibilité, en réponse aux demandes des producteurs. C'est ainsi qu'en 2021, trois dérogations pour des herbicides sur riz ont été octroyées. Les services du ministère de l'agriculture et de l'alimentation ont également obtenu l'instruction rapide par l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail d'une AMM pour un nouvel herbicide, délivrée début 2021, ce qui apporte une solution supplémentaire pour le désherbage de cette culture. Enfin le développement de la production biologique de riz montre que des pratiques culturales alternatives permettent également de trouver des solutions exemptes de pesticides pour la gestion des adventices. La conversion en agriculture biologique bénéficie également d'aides dans le cadre de la PAC et du plan France Relance avec le fonds avenir bio.

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