Question de Mme LUBIN Monique (Landes - SER) publiée le 22/07/2021

Question posée en séance publique le 21/07/2021

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Monique Lubin. Monsieur le Premier ministre, dans cette pandémie qui n'en finit pas, le courage politique consisterait à dire à tous les Français qu'ils doivent obligatoirement se faire vacciner, quel que soit leur environnement professionnel.

Le courage, ce serait d'affirmer que se faire vacciner, c'est poser un acte de solidarité et même de fraternité, car c'est placer l'intérêt de l'autre au-delà de son intérêt propre et considérer l'individu, non pas comme une pièce unique et autocentrée, mais comme un citoyen conscient du rôle qu'il doit jouer dans un moment crucial pour le groupe auquel il appartient.

Le courage, ce serait d'assumer une décision de vaccination universelle obligatoire qui permettrait de ne pas fracturer la société française.

En somme, ce serait l'exact inverse de ce que vous nous proposez !

Vous réduisez l'obligation à certaines professions ; elles sont certes très concernées par le virus, mais ne le sommes-nous pas tous ?

Vous découpez l'espace public en lieux accessibles et non accessibles ; plus grave encore, vous demandez à des personnes privées de contrôler la situation sanitaire des individus.

Vous venez pourtant de découvrir, semble-t-il, que vous ne pourriez pas leur faire contrôler les identités sans remettre en cause les principes de liberté de circulation et d'anonymat constitutifs du pacte républicain.

Vous voilà pris au piège : un contrôle de passe sanitaire sans contrôle d'identité ne vaut rien, mais un contrôle d'identité par des personnes non habilitées est impossible !

Une fois de plus, vous n'avez pas anticipé l'évolution du virus ; une fois de plus, cela vous conduit à prendre des mesures dans l'urgence, sans débat démocratique réel, des mesures qui entravent de plus en plus l'exercice des droits et des libertés des Français.

Pensez-vous sincèrement que cela sera de nature à apaiser une société qui doit absolument l'être pour accepter le principe de la vaccination universelle ? Il est encore temps, mais allez-vous nous entendre ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées du groupe CRCE.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles publiée le 22/07/2021

Réponse apportée en séance publique le 21/07/2021

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles. Madame la sénatrice, loin des fractures de la société française que vous évoquez, laissez-moi vous dire que vous avez raison : la vaccination, ça marche ! (Exclamations sur les travées du groupe SER.)

D'ailleurs, les Français l'ont bien compris : d'ici à la fin du mois de juillet, 40 millions de nos concitoyens auront bénéficié d'une première dose de vaccin. M. le Premier ministre l'avait annoncé pour la fin du mois d'août, mais c'est bien à la fin du mois de juillet que cet objectif sera atteint.

Depuis les annonces faites par le Président de la République le 12 juillet dernier, plus de 3 millions de nos concitoyens ont pris rendez-vous pour se faire vacciner.

Mais il faut encore accélérer ce rythme, madame la sénatrice. C'est pourquoi le Premier ministre a annoncé l'ouverture de 5 millions de rendez-vous vaccinaux dans les quinze prochains jours. Il nous a assigné un défi collectif : que nous fassions en sorte que 8 millions de vaccinations aient lieu entre la dernière semaine du mois de juillet et la première semaine du mois d'août. Aujourd'hui, 2 millions de vaccinations sont offertes chaque semaine : nous allons veiller à doubler cet objectif.

Se vacciner, madame la sénatrice, c'est évidemment se protéger, mais c'est aussi protéger les autres. C'est pourquoi, comme vous l'avez rappelé, certains professionnels qui sont au contact des personnes les plus fragiles et les plus vulnérables, dont certaines ne sont pas encore vaccinées – je profite de cette occasion pour les y inviter ! – seront soumis à cette obligation vaccinale.

Depuis le début de cette crise, madame la sénatrice, nous avons toujours veillé, au plus près de l'évolution de la situation sanitaire, à concilier les principes de liberté de nos concitoyens et de sécurité sanitaire. Le texte dont vous allez débattre à compter de demain concilie ces deux valeurs qui nous sont aussi chères qu'à l'ensemble de nos concitoyens. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour la réplique.

Mme Monique Lubin. Malgré votre réponse, monsieur le secrétaire d'État, nous constatons qu'il y a déjà manifestement des différences entre le texte que le Gouvernement a proposé initialement et celui qui sera soumis au Sénat.

M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Ça s'appelle le débat parlementaire !

Mme Monique Lubin. Vous avez, semble-t-il, commis quelques erreurs. Tout cela ressemble plutôt, si vous me permettez de le dire ainsi, à un grand bazar ! Ce n'est certainement pas cela qui amènera la sérénité et la concorde nécessaires. (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE et Les Républicains. – Mme Esther Benbassa applaudit également.)

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