Question de Mme VOGEL Mélanie (Français établis hors de France - GEST) publiée le 14/10/2021

Question posée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires. Notre collègue effectue ce jour sa première intervention en séance publique : je lui souhaite la bienvenue. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées des groupes SER et RDPI.)

Mme Mélanie Vogel. Merci beaucoup, monsieur le président.

Madame la ministre de la transition écologique, j'ai écouté hier avec beaucoup d'attention, comme la plupart d'entre nous, j'imagine, les annonces du Président de la République sur le plan France 2030.

Et je dois dire que je n'ai pas tout compris !

Sur les 8 milliards d'euros annoncés sur l'énergie, même pas 10 % concernent les énergies renouvelables, et il n'y a rien sur l'efficacité énergétique et la sobriété. Or nous savons, vous savez que ce sont les clés de la transition énergétique.

Je me suis demandé si c'était bien le plan France 2030, parce qu'il ressemble terriblement au plan France 1970 que mes parents ont connu. (Murmures de désapprobation sur les travées du groupe Les Républicains.)

Certes, il y a une différence, et elle est de taille : on passe de milliards d'euros investis dans des gros réacteurs très chers, qui ne marchent peut-être pas, à des milliards d'euros investis dans des petits réacteurs très chers, qui ne marchent peut-être pas non plus… (Rires sur diverses travées.)

Ce qui est grave, au fond, c'est que, alors que nous avons des solutions alternatives avec les énergies renouvelables, plus sûres, moins chères… (Marques de désapprobation sur les travées à droite et au centre.) Messieurs, contrôlez vos émotions ! (Murmures sur les mêmes travées.) Ce sont des énergies décentralisées, qui garantissent des emplois locaux non délocalisables, et ces milliards d'argent public gaspillés dans le nucléaire vont nous manquer pour investir dans la rénovation des bâtiments, mais aussi dans les services publics, dans l'école, dans la culture, dans les hôpitaux.

Madame la ministre, ma question est simple : quelle perspective offrons-nous, en France, aux générations futures, si nous décidons d'être la seule Nation au monde à investir dans une énergie du passé…

M. Stéphane Piednoir. Ce n'est pas vrai !

Mme Mélanie Vogel. … et à y engloutir des milliards d'euros si nécessaires pour construire un avenir durable et solidaire ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER. – M. André Gattolin applaudit également.)


Réponse du Ministère de la transition écologique publiée le 14/10/2021

Réponse apportée en séance publique le 13/10/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Madame la sénatrice Vogel, au nom du Gouvernement, je vous adresse toutes mes félicitations pour votre élection. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

Ce plan France 2030, il faut bien le voir comme faisant partie d'un ensemble pour l'avenir. En tant que responsable de la politique énergétique de ce pays, mon rôle est de faire en sorte, d'abord, que nous atteignions nos objectifs de baisse d'émissions de gaz à effet de serre, et, ensuite, que tous nos concitoyens puissent avoir accès à l'électricité dont ils auront besoin dans les années, les décennies à venir.

Pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre, madame la sénatrice, il y a deux solutions.

La première solution, que vous avez soulignée à juste titre, c'est de faire des économies d'énergie. Or nous avons en France un plan massif d'économies d'énergie, notamment dans l'habitat, avec MaPrimeRénov' et tout ce que nous avons inscrit dans le plan de relance pour isoler les bâtiments et améliorer leur consommation d'énergie. Par ailleurs, nous aidons les entreprises à se décarboner.

La seconde solution, c'est de limiter notre consommation de pétrole, qui représente, vous le savez, les deux tiers de la consommation d'énergie en France. Pour ce faire, il convient de reporter des utilisations de pétrole vers l'électricité, par exemple en faisant passer le parc automobile du thermique à l'électrique. Or nous savons que ce choix va entraîner une augmentation très forte de la demande d'électricité dans les décennies à venir.

M. Vincent Segouin. Eh voilà !

Mme Barbara Pompili, ministre. En dix ou quinze ans, nous n'avons pas le temps, quand bien même nous le souhaiterions, d'avoir assez de réacteurs nucléaires ; donc nous devons développer énormément les énergies renouvelables. Mais, pour la suite, et nous en reparlerons au moment où RTE sortira ses travaux, il va falloir faire des choix entre plusieurs options. Aujourd'hui, sur le nucléaire, nous avons besoin d'autres solutions que les EPR. C'est ce à quoi sert le plan France 2030 : investir dans un certain nombre de nouvelles technologies, y compris renouvelables, pour pouvoir être prêts à affronter l'avenir.

France 2030, c'est la souveraineté écologique.

France 2030, c'est tout simplement anticiper l'avenir en investissant dans la recherche, ce dont nous avons bien besoin. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour la réplique.

Mme Mélanie Vogel. Merci beaucoup de cette réponse. J'avais également une autre petite question : pourquoi le Président de la République s'est-il lié en parlant d'hydrogène vert, lequel est issu des renouvelables, alors que, nous le savons, l'hydrogène que vous avez prévu est de l'hydrogène jaune, qui vient, lui, du nucléaire ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mme Marie-Pierre Monier et M. Yan Chantrel applaudissent également.)

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