Question de M. LONGEOT Jean-François (Doubs - UC) publiée le 04/11/2021

Question posée en séance publique le 03/11/2021

M. le président. La parole est à M. Jean-François Longeot, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.)

M. Jean-François Longeot. Monsieur le Premier ministre, alors que la COP26 s'est ouverte avant-hier, l'urgence climatique est plus que jamais d'actualité. Elle pose de nouveau la question de l'avenir du nucléaire français.

Chacun le sait, si notre mix électrique est l'un des moins carbonés du monde, c'est grâce à l'atome. Or, depuis cinq ans, nous ne savons plus où nous en sommes. La baisse de la part du nucléaire à 50 % du mix électrique n'a certes pas été remise en cause, mais l'objectif a été retardé de dix ans. La centrale de Fessenheim a été fermée, et l'arrêt de quatorze autres réacteurs est encore au programme.

Le grand carnage suit son cours, et le plan d'investissement France 2030 va allouer un milliard d'euros au développement des petits réacteurs et des réacteurs de quatrième génération, alors que cet axe de recherche avait été abandonné en 2019 avec le prototype Astrid. Et l'on ne sait toujours pas ce que vous voulez faire de la technologie de l'EPR (European Pressurized Reactor).

Monsieur le Premier ministre, en matière de nucléaire, le « en même temps » ne peut plus durer.

Mme Sophie Primas. Très bien !

M. Jean-François Longeot. Sauver les accords de Paris impose de relancer le nucléaire tout de suite, car, sans lui, nous ne pourrons pas atteindre l'objectif d'une réduction de 55 % des émissions en 2030. À court terme, nous ne pourrons pas décarboner dans les proportions requises sans la pleine puissance des réacteurs actuels, car les SMR (Small Modular Reactors) et les éventuels futurs EPR ne seront pas disponibles avant quinze ans.

Est-on crédible à la COP26 dans un tel flou, monsieur le Premier ministre ? Comment peut-on afficher de grandes ambitions climatiques et perdre tant de temps sur le nucléaire ? Allez-vous enfin abandonner le projet de fermer des réacteurs pour nous permettre de respecter notre engagement de 2030 et d'atteindre la neutralité carbone en 2050 ? Quand allez-vous sortir du bois concernant la construction de l'EPR ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Logement publiée le 04/11/2021

Réponse apportée en séance publique le 03/11/2021

M. le président. La parole est à Mme la ministre chargée du logement.

Mme Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, chargée du logement. Monsieur le président Jean-François Longeot, vous avez raison, nous sommes en pleine COP26 et, dans ce cadre, nous avons besoin de montrer l'engagement concret de la France et de l'Europe sur la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.

Cette réduction passe d'abord par une baisse de notre consommation énergétique en général : la stratégie nationale bas-carbone prévoit cette diminution de la consommation à hauteur de 40 % d'ici à 2030. Elle passe aussi par plus de production électrique, parce que notre électricité est une électricité très largement décarbonée. Elle l'est d'ailleurs parce que, comme la France s'y était engagée, nous avons fermé trois de nos quatre centrales à charbon. La quatrième restera pour sa part en fonctionnement limité tant que l'approvisionnement breton ne sera pas assuré par ailleurs.

En ce qui concerne le mix énergétique, les scenarii proposés par RTE nous montrent deux constantes : la première, c'est le besoin de continuer à produire de l'électricité, parce que notre consommation d'électricité va augmenter ; la deuxième, c'est le développement des énergies renouvelables. Quels que soient le scénario retenu et l'intensité du nucléaire dans notre mix, nous aurons besoin d'énergies renouvelables. C'est vrai de l'éolien en mer, de l'éolien terrestre et du solaire.

Différents scenarii nous montrent aussi l'importance de la place du nucléaire dans ce mix décarboné. C'est la raison pour laquelle la programmation pluriannuelle de l'énergie avait fixé, pour 2035, un horizon de 50 % de nucléaire dans notre production électrique.

C'est aussi la raison pour laquelle le Président de la République soutient, dans le cadre de France 2030, la filière nucléaire, qu'il s'agisse de nouveaux EPR, de SMR ou de recherche dans le nucléaire.

C'est enfin la raison pour laquelle nous allons continuer à marcher sur deux jambes : une électricité décarbonée à base d'énergies renouvelables, d'un côté, de nucléaire, de l'autre.

M. le président. La parole est à M. Jean-François Longeot, pour la réplique.

M. Jean-François Longeot. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre. Celle-ci conforte néanmoins mon idée selon laquelle le Parlement peut et doit avoir son mot à dire dans les décisions stratégiques engageant notre indépendance énergétique. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP, RDSE et Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Très bien !

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