Question de M. DARNAUD Mathieu (Ardèche - Les Républicains) publiée le 13/01/2022

M. Mathieu Darnaud attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la nécessité de la refonte de la politique forestière en France.

Il rappelle que, face à la mobilisation des communes forestières, ce dernier, lors du congrès des maires de France le 17 novembre 2021, a annoncé l'abandon de la mesure prévoyant une contribution supplémentaire de près de 30 millions d'euros entre 2023 et 2025 pour les 14 000 communes relevant du régime forestier et destinée au financement de l'office national des forêts (ONF). Une nouvelle convention ONF-État va donc être renégociée, à laquelle les communes forestières (COFOR) entendent bien contribuer.

Les COFOR ne souhaitent pas que l'ONF, qui gère plus de 6 millions d'hectares - dont la moitié en forêt communale - disparaisse. Toutefois, bien qu'elles reconnaissent les compétences des personnels sur le terrain, en lien avec les élus locaux, elles réclament davantage de transparence et de rigueur dans la gestion et l'organisation de l'établissement, dont le déficit varie de 50 à 100 millions d'euros selon les années.

Les communes forestières ne peuvent pas être la variable d'ajustement de l'équilibre du budget de l'ONF pour combler les défaillances de l'État qui ne contribue qu'à hauteur de 0,03% de la gestion forestière publique française. À ce jour, l'action de l'ONF auprès des collectivités est financée par les communes bénéficiaires (30 à 35 millions d'euros), par un versement compensateur de l'État (140 millions d'euros) et les travaux commandés par les collectivités forestières (60 millions d'euros).

La nature de ce versement compensateur entraîne un débat entre, d'une part, les communes forestières qui considèrent qu'il s'agit d'un investissement voire d'une péréquation pour les services rendus à la forêt et, d'autre part, certains qui estiment qu'il s'agit d'une subvention d'équilibre qui finance le déficit de gestion des forêts des collectivités.

Afin de répondre à cette problématique, les COFOR ont émis des propositions concrètes comme la création d'une grande administration forestière pour l'ensemble des forêts françaises (publiques et privées), le renforcement du régime forestier pour les forêts publiques ainsi qu'une séparation nette au sein de l'ONF entre les missions de service public et les activités marchandes.

Il demande donc si le Gouvernement envisage de mettre en œuvre une refonte de la politique forestière afin de répondre aux attentes des différents acteurs de la forêt, parmi lesquels les communes forestières.

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Réponse du Ministère auprès de la ministre des armées - Mémoire et anciens combattants publiée le 16/02/2022

Réponse apportée en séance publique le 15/02/2022

M. le président. La parole est à M. Mathieu Darnaud, auteur de la question n° 2047, adressée à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

M. Mathieu Darnaud. En matière de ruralité, les communes forestières jouent un rôle important. Celles-ci ne souhaitent pas la disparition de l'Office national des forêts (ONF), qui gère plus de six millions d'hectares, dont la moitié en forêt communale.

Toutefois, tout en reconnaissant les compétences de ces personnels sur le terrain, nous pouvons comprendre qu'elles réclament davantage de transparence et de rigueur dans la gestion d'un établissement dont le déficit annuel varie entre 50 millions et 100 millions d'euros.

Reculant devant leur mobilisation, le Gouvernement a abandonné son projet de nouvelle ponction sur les 14 000 communes relevant du régime forestier, ce qui a permis la reprise des négociations de la convention entre l'État et l'ONF.

Cependant, les communes forestières ne peuvent demeurer la variable d'ajustement de l'équilibre du budget de l'ONF pour combler les défaillances de l'État. Un débat doit donc s'ouvrir sur la nature du versement compensateur de 140 millions d'euros reçu de l'État dans le cadre de l'action de l'ONF auprès des communes. Si certaines communes y voient un investissement, voire une péréquation pour les services rendus à la forêt, d'autres le considèrent comme une subvention d'équilibre finançant le déficit de gestion des forêts des collectivités.

Afin de répondre à ce problème, les communes forestières ont proposé la création d'une grande administration chapeautant l'ensemble des forêts, le renforcement du régime forestier pour les forêts publiques ainsi qu'une séparation nette au sein de l'ONF entre les missions de service public et les activités marchandes.

Madame la ministre, ma question est simple : je souhaite savoir si le Gouvernement envisage de refonder la politique forestière en écoutant ce qu'ont à dire les communes concernées.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants. Je suis originaire d'un département rural, forestier et agricole. Ce sont donc des sujets dont je suis familière, même si je ne suis pas au ministère de l'agriculture.

Monsieur le sénateur, pour conduire une politique forestière et de développement des usages du bois ambitieuse, l'État a besoin d'un ONF fort et performant. Cet établissement représente à ses yeux un outil précieux.

Ainsi, le Gouvernement a décidé de renouveler, dans le cadre du contrat État-ONF 2021-2025, sa confiance en l'ONF, garant de la gestion durable et multifonctionnelle des forêts publiques, tout en engageant des mesures importantes visant à lui redonner des perspectives soutenables. En effet, comme vous l'avez souligné, il faut que l'ONF équilibre ses activités et son budget.

Ce contrat conforte notamment les missions d'intérêt général assumées par l'ONF et consacre la notion de prise en charge à coût complet de ces missions, quel qu'en soit le commanditaire, en commençant par l'État. Les régularisations ont été effectuées sur les budgets 2021 et 2022.

Le versement compensateur aux coûts liés à l'application du régime forestier aux forêts communales est par ailleurs maintenu. Il convient de rappeler que les communes forestières contribuent à ces coûts à hauteur d'environ 17 %.

En parallèle, le Gouvernement décide de mobiliser 60 millions d'euros supplémentaires répartis entre 2021 et 2023 pour soutenir son établissement en renforçant la subvention d'équilibre.

Enfin, dans le cadre du plan France Relance, une dotation de 30 millions d'euros a été allouée pour 2021 à l'ONF, afin de financer la reconstitution des forêts domaniales atteintes par les crises sanitaires.

Le soutien aux investissements de renouvellement forestier se poursuivra, bien sûr, en 2022. Le plan d'investissement France 2030 prendra ensuite le relais.

En contrepartie de ces engagements, l'État demande à l'ONF un effort de modernisation et de réduction de ses charges. L'établissement s'est engagé dans un plan de modernisation à hauteur de 4 millions d'euros dès 2022.

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