Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 13/01/2022

Question posée en séance publique le 12/01/2022

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, le dernier protocole sanitaire à l'école, le septième en dix-huit mois, édité le 2 janvier, appliqué le 3, modifié le 6, encadré par les préfets le 8 et assoupli le 10 par le Premier ministre, donne l'impression, selon les propos d'une directrice d'école, d'un mauvais jeu de société, dont les règles changent tous les deux jours. (Sourires ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

On avance lundi, on recule mercredi et, surtout, on n'y comprend plus rien !

Alors, ma question est très simple, monsieur le ministre : pourquoi tant d'impréparation ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 13/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 12/01/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Brisson, le Premier ministre vous a déjà en partie répondu en expliquant la genèse du protocole. (Vives dénégations sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Bruno Retailleau mime la brasse coulée.)

M. Jean-François Husson. Il a péroré !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Ne vous inquiétez pas, cela ne m'empêchera pas de vous répondre si vous me laissez parler !

D'abord, il y a eu un conseil de défense le lundi qui a précédé la rentrée. Le lendemain, mardi, j'ai indiqué que les écoles seraient ouvertes le lundi suivant et que le principal changement concernerait le fait qu'il y aurait un ou plusieurs tests en plus de celui déjà existant. Les grandes lignes étaient donc annoncées.

Mme Corinne Féret. Ce n'est pas vrai !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Ensuite, comme l'a dit le Premier ministre, le vendredi soir, le Haut Conseil de la santé publique a rendu son avis. Il préconise toutes les mesures de détail permettant d'avoir une vision cohérente de la théorie, en population générale et à l'école. Tout cela est précis, complexe, doit être cohérent et a été travaillé par les hautes autorités.

Dans la journée du 1er janvier, nous avons transposé ces mesures pour en faire le protocole. Le ministre de la santé s'est ensuite exprimé pour donner la doctrine en population générale, puis moi-même, sur l'école.

Voilà le déroulé des événements.

Rappelons que, le même jour, j'ai diffusé l'ensemble des détails sur internet, contrairement à ce qu'on dit parfois, dans la « foire aux questions » que vous pouvez consulter à toute heure sur le site de l'éducation nationale, et quelques minutes plus tard, dans un quotidien, pour informer la population générale.

Plusieurs sénateurs du groupe SER. Un quotidien payant !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Nous aimerions que tout cela soit différent, c'est évident. Sur ce point comme sur d'autres, nous sommes contraints par des réalités. En l'occurrence, nous préférerions qu'il n'y ait pas le virus et que les choses soient moins complexes ! (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Ensuite, vous avez cherché à caricaturer les évolutions, qui sont le prix à payer pour être au plus près des réalités. Mais si on va à l'épure, les grands principes sont toujours les mêmes. Comme je le disais tout à l'heure, depuis fin novembre il y a un test à faire pour revenir à l'école. Ce qui a été ajouté au début du mois de janvier, ce sont deux autotests.

La seule transformation profonde, c'est celle que le Premier ministre a annoncée : le premier test devient un autotest, parce que nous avons écouté les acteurs de terrain et pris en compte les complexités éprouvées.

Soit on veut créer des polémiques, ce qui est assez facile au vu des difficultés posées par ce virus, soit on cherche l'unité nationale autour de notre école et on décrit les choses telles qu'elles sont. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Husson. Ne le faites pas à nous !

Mme Sophie Primas. Ne parlez pas d'unité nationale !

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. Aujourd'hui, les trois autotests permettent d'aller dans le sens décrit par le Premier ministre, c'est-à-dire celui d'une politique qui permet à la fois d'avoir l'école ouverte et d'avoir une sécurité sanitaire. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Monsieur le ministre, et si le fiasco généralisé de votre gestion de la crise sanitaire n'était pas plus large ?

M. Jean-Michel Blanquer, ministre. C'est un dévoiement de la question !

M. Max Brisson. Déclassement permanent des résultats de nos élèves dans les enquêtes internationales ; recul des savoirs fondamentaux, du « lire, écrire, compter » ; sortie de route du nouveau baccalauréat, devenu un maquis dans lequel se perdent les élèves ; absurdité du calendrier du contrôle continu, qui soumet les lycéens au stress de l'examen perpétuel ; effondrement de l'enseignement des mathématiques au lycée, dont vous projetiez pourtant le redressement ; circulaires caporalisantes sous lesquelles croulent les établissements, alors qu'il y a cinq ans vous annonciez leur autonomie ; jeunes professeurs toujours aussi mal payés, mal formés, toujours aussi peu considérés et malmenés par un véritable bizutage institutionnel ; démissions en masse et moral au plus bas ! (M. Julien Bargeton proteste.)

L'attractivité du métier n'a jamais été aussi faible.

Ils vont vous le dire demain avec force et avec le soutien des parents et des maires ! (M. Jean-Claude Requier s'exclame.)

M. Julien Bargeton. Pas tous !

M. Max Brisson. Et si, parmi les causes de tout cela, une vous incombait, et à vous seul ?

Celle d'une gestion solitaire, rejetant tout dialogue, agissant sans concertation et faisant finalement apparaître le « blanquerisme » pour ce qu'il est : un autoritarisme esseulé, expliquant largement « l'étrange défaite » dans laquelle sombre ce quinquennat en matière d'éducation ! (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur des travées du groupe SER.)

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