Question de M. CIGOLOTTI Olivier (Haute-Loire - UC) publiée le 20/01/2022

Question posée en séance publique le 19/01/2022

M. le président. La parole est à M. Olivier Cigolotti, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC. – MM. Pierre Médevielle et Franck Menonville applaudissent également.)

M. Olivier Cigolotti. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Cela apparaît désormais comme une certitude, les mercenaires de la société privée russe Wagner sont largement déployés au Mali.

J'en veux pour preuve l'accrochage ayant eu lieu voilà quelques jours dans le centre du pays, au sud de Mopti. Opposant éléments djihadistes et membres de ce groupe, il a fait plusieurs victimes.

Les autorités maliennes n'en sont plus à une provocation près. Elles continuent de nier la présence des mercenaires russes dans le pays, allant même jusqu'à remettre en cause le survol de leur territoire par les appareils de transport logistique intervenant au profit de l'opération Barkhane, et ce malgré un accord de coopération datant de 2013.

Lors du sommet d'Accra, voilà une dizaine de jours, la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a décidé de sanctions très dures à l'encontre du régime du colonel Goïta, qui propose un report de quatre ans des élections démocratiques.

À la fin de l'année dernière, Paris laissait entendre que le report des élections maliennes prévues le mois prochain, mais surtout l'arrivée du groupe Wagner seraient « inacceptables ».

Force est de constater que nous avons été mis devant le fait accompli.

Avec le redimensionnement de la force Barkhane, se posera également la question de la mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali et le déploiement de la force Takuba.

Neuf ans après le début de l'opération militaire au Sahel, le Mali remet en cause la présence française sur son sol. Plus le temps passe, plus les États contributeurs – européens, en particulier – vont se poser des questions.

Pouvons-nous durablement envisager une présence sur un territoire où nous ne sommes plus les bienvenus ? Dans ces conditions, et à la suite de la réunion à Brest des ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, quelle position la France et Bruxelles entendent-elles adopter ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe INDEP.)


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères - Commerce extérieur et attractivité publiée le 20/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 19/01/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.

M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Comme vous l'avez indiqué, monsieur le sénateur Cigolotti, la présence avérée du groupe Wagner au Mali est un symptôme de la fuite en avant dans laquelle la junte s'est engagée.

Comme la Cédéao l'a relevé, la junte tente de prendre en otage le peuple malien pour les cinq prochaines années. C'est absolument inacceptable !

Wagner est présent au Mali, non pas pour lutter contre le terrorisme – il ne l'a jamais fait en Afrique –, mais pour assurer le maintien au pouvoir de la junte.

Dans ce contexte, les chefs d'État de la Cédéao ont pris à l'unanimité des décisions fortes et courageuses : fermeture des frontières et de l'espace aérien malien, arrêt des transactions commerciales et financières, gel de l'assistance financière de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Il revient maintenant à la junte de poser des actes pour se conformer aux engagements pris, au risque de s'enfermer dans un isolement régional et international.

L'Union européenne appuie très résolument, et de manière unanime, ces décisions fortes de ses partenaires africains. C'est le sens des discussions que le ministre Jean-Yves Le Drian a eues avec ses homologues européens lors du Gymnich de Brest.

L'Union européenne va prendre des sanctions individuelles contre les responsables de la junte malienne, qui entravent le processus de transition. Je rappelle qu'elle a d'ores et déjà pris ses responsabilités, en adoptant des sanctions au mois de décembre contre le groupe Wagner, ses cadres dirigeants et ses entités.

Enfin, comme vous le relevez, monsieur le sénateur, la France n'est pas seule au Sahel. Une dizaine de nos partenaires européens se sont notamment engagés dans la lutte contre le terrorisme dans le cadre de la force Takuba.

Nous avons clairement indiqué que nous souhaitions, aux côtés de tous nos partenaires, européens comme internationaux, poursuivre l'action de lutte contre le terrorisme au Mali, mais pas à n'importe quel prix et pas à n'importe quelles conditions.

Dans ce contexte, des consultations auront lieu dans les prochains jours avec nos partenaires africains, européens et internationaux, dans le cadre notamment de la Coalition pour le Sahel. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Olivier Cigolotti, pour la réplique.

M. Olivier Cigolotti. Monsieur le ministre, la présence française au Mali se complique de jour en jour. Nous ne sommes pas parvenus à nous opposer à l'arrivée des mercenaires russes. Il y a désormais urgence à prendre des décisions fermes contre la junte, qui refuse de céder le pouvoir, comme elle s'y était engagée, dans le cadre d'une transition démocratique. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

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