Question de Mme BOYER Valérie (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 20/01/2022

Question posée en séance publique le 19/01/2022

M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre, ma question porte sur les « menaces de mort » du président autocrate de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, à l'encontre de notre candidate Valérie Pécresse lors de son déplacement en Arménie et en Artsakh.

Je veux saluer sa démarche sincère et courageuse, cohérente avec ses engagements.

Valérie Pécresse, Michel Barnier et Bruno Retailleau se sont rendus à plusieurs reprises au chevet des chrétiens d'Orient, des Yézidis et des Kurdes en Irak, au Kurdistan, témoignant un soutien que nombre d'entre nous ont aussi exprimé.

C'est le Parlement, avec Gérard Larcher, Bruno Retailleau, l'ensemble des groupes du Sénat, qui a été l'honneur de la diplomatie française, le 25 novembre 2020, en faisant voter une résolution et en nous rendant dès le mois d'avril 2021 en Artsakh.

Alors que la France préside le Conseil de l'Union européenne, le silence du Gouvernement est d'autant plus condamnable et inquiétant.

Nous ne pouvons pas nous contenter d'une réponse en catimini du chef de l'État, qui nous rappelle la loi en vigueur dans cette dictature, ne la condamne même pas et ne soutient pas ses élus. Pourquoi ne pas exiger des excuses solennelles de l'Azerbaïdjan ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Sophie Primas. Très bien !


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères - Commerce extérieur et attractivité publiée le 20/01/2022

Réponse apportée en séance publique le 19/01/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.

M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Madame la sénatrice Valérie Boyer, vous attirez mon attention sur les déclarations du président Aliyev dans une interview qu'il a accordée le 12 janvier et qui faisait suite, d'ailleurs, au déplacement de Mme Pécresse au Haut-Karabakh.

Jean-Yves Le Drian l'a hier très clairement rappelé dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale : ces propos sont inacceptables. Cette position du gouvernement français a d'ailleurs été rappelée à l'ambassadeur d'Azerbaïdjan en France.

Pour autant, je veux vous le dire, nous n'avons pas attendu le déplacement de Mme Pécresse pour agir en solidarité avec le peuple arménien et pour faire en sorte que la crise dans cette région du monde s'apaise. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

La France, en effet, madame la sénatrice, est au rendez-vous de la solidarité avec le peuple arménien depuis ce terrible conflit de l'automne 2020 – j'ai d'ailleurs eu l'occasion de le souligner voilà peu à la suite de l'une de vos questions. Nous le sommes en raison du lien historique et culturel qui nous lie avec le peuple arménien, auquel une assistance humanitaire importante a d'ailleurs été fournie, à la demande du Président de la République.

Mme Valérie Boyer. Ce n'est pas la question, monsieur le ministre !

M. Franck Riester, ministre délégué. Jean-Baptiste Lemoyne, au nom de la France, a signé il y a quelques semaines une feuille de route bilatérale pour le développement de notre coopération économique.

Notre pays est aussi au rendez-vous de la responsabilité pour trouver une solution durable à ce conflit en tant que coprésident du groupe de Minsk. Ces efforts se poursuivent aujourd'hui, en lien avec l'Europe, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.

Je vous rappelle que le Président de la République a réuni à Bruxelles, le 15 décembre dernier, le premier ministre Pachinian et le président Aliyev pour justement rechercher des solutions à ce conflit. Et c'est cela, madame la sénatrice, sans polémique, sans essayer d'instrumentaliser quoi que ce soit dans une visée électorale, qui est notre responsabilité.

M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour la réplique.

Mme Valérie Boyer. Malgré vos explications, monsieur le ministre, l'ambassadeur azerbaïdjanais nie toujours ces menaces et nous nargue en considérant que Valérie Pécresse n'a pas respecté la loi azerbaïdjanaise sur un territoire qui ne lui appartient même pas, en diffusant des fake news et des photos truquées.

Mais qui a violé les lois en bombardant civils et églises, en utilisant des armes interdites, en ne rendant pas les prisonniers de guerre ? Qui qualifie nos alliés arméniens de « chiens » ? Qui envoie des mercenaires djihadistes ? Qui menace la paix en attaquant ce territoire souverain qu'est l'Arménie ?

Valérie Pécresse s'est rendue en Artsakh, car elle croit en la dignité des peuples, elle croit aux nations souveraines, qui doivent maîtriser leurs décisions et protéger leur peuple et leur civilisation. Valérie Pécresse préfère la sobriété de l'action, la fidélité à ses engagements plutôt que l'agitation, la communication et les compromissions.

Comme de nombreux parlementaires qui sont rendus en Artsakh, comme Jaurès au Parlement en 1896 (Exclamations amusées sur les travées du groupe SER.), Valérie Pécresse a voulu témoigner en femme d'État : « Quoi, devant tout ce sang versé, devant ces abominations et ces sauvageries, devant cette violation de la parole de la France et du droit humain, pas un cri n'est sorti de vos bouches, pas une parole n'est sortie de vos consciences, et vous avez assisté, muets et, par conséquent, complices, à l'extermination complète. »

Monsieur le ministre, en tant que membres du groupe de Minsk, nous ne pouvons plus nous réfugier derrière cette neutralité ; être neutre, c'est choisir son camp, et jamais nous ne pourrons choisir celui de la dictature et de l'abjection. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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