Question de Mme JACQUEMET Annick (Doubs - UC) publiée le 03/02/2022

Mme Annick Jacquemet attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la situation alarmante pour les appellations d'origine protégée (AOP) laitières menacées par la mise en place du nutriscore.
Les avancées significatives en faveur du développement durable, opérées au travers de la démarche AOP laitières durables par les 16 285 producteurs de lait et 1 307 fermiers qui travaillent au maintien et à la promotion du terroir de nos régions, se voient freinées par une menace imminente : l'apposition du nutriscore.
À l'absence totale de cohérence à la fois dans son mode de calcul (100 g de produit) et son objectif (faciliter l'information), s'ajoute une menace plus grave, aujourd'hui passée sous silence, aux conséquences néfastes : l'interdiction de publicité et de promotion pour les produits classés D et E, soit 95 % des produits laitiers sous AOP et indication géographique protégée (IGP), l'interdiction de commercialiser ces produits dans le circuit de la restauration collective, l'arrêt des publicités dans les prospectus des grandes surfaces et la taxation envisagée sur les produits qualifiés de « gras ». 95 % des fromages, beurres et crèmes sous AOP et IGP seraient classés en catégories D et E, directement affiliées pour le consommateur selon la grille de lecture du nutriscore à une mauvaise composition, dangereuse pour la santé.
Loin de nier l'influence exercée par la publicité sur les habitudes de consommation, particulièrement chez les plus jeunes, cette interdiction est un non-sens par rapport aux consommateurs et est nuisible pour notre patrimoine et notre culture même. La consommation de fromage AOP est le fait de profils de consommateurs bien spécifiques. La part de marché des produits laitiers AOP au sein des catégories fromages, beurres et crèmes représente 12 % de l'ensemble des volumes. Il s'agit d'une consommation « plaisir » et d'exception qui témoigne d'un ancrage local fort. Ces produits exceptionnels irriguent un pouvoir de « manger local », reflet d'une réalité territoriale et patrimoniale qui n'a rien à voir avec le simplisme de l'argument marketing. C'est un savoir-faire intergénérationnel, un produit de qualité et une transparence garantie et règlementée depuis des décennies que nous mettons en avant et qui seront niés si cette interdiction s'applique. Cette promotion auprès de l'ensemble de la population et de la jeunesse sert à éveiller les consciences sur la fabrication locale d'un produit à la qualité et au goût unique. Les jeunes aujourd'hui sont ceux qui reprendront, demain, les exploitations et feront vivre les appellations et indications de nos territoires. Pourtant les résultats du nutriscore sont probants car il permet au consommateur d'avoir une information transparente pour l'aiguiller dans ses choix de consommation. Concernant les produits industriels transformés, le nutriscore a été spécifiquement conçu et adapté. Cette transparence est déjà garantie par les logos AOP ou IGP : les consommateurs disposent déjà d'une information complète sur les ingrédients et la qualité de fabrication au travers des cahiers des charges qui protègent les recettes et les rendent immuables. Aucun produit ne peut prétendre à la singularité qui fait l'exigence et la fierté d'appartenance des produits laitiers sous AOP et IGP. Un pan entier du patrimoine culturel français mérite l'exemption.
Elle lui demande donc de lui faire connaitre l'état de ce sujet.

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Transmise au Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire


La question est caduque

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