Question de M. GAY Fabien (Seine-Saint-Denis - CRCE) publiée le 03/03/2022

M. Fabien Gay attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la dévalorisation de la formation aux métiers de l'agriculture, ainsi que sur les défauts de qualité de celle-ci.
Les filières technologiques et agricoles sont encore malheureusement considérées comme des voies par défaut, qui sont trop souvent imposées aux élèves en difficulté dans la filière générale.
En conséquence, elles souffrent d'un défaut de réputation et d'image, apparaissant comme des filières de second choix, peu engageantes et peu gratifiantes.
Toutefois chaque filière a ses mérites, ses spécificités et ses exigences, la filière agricole tout autant que les autres. Elle suppose notamment des compétences rédactionnelles ou encore de gestion tout autant que les compétences spécifiques liées aux techniques pour les différentes cultures ou l'élevage. Elle suppose également des connaissances en matière de normes d'hygiène, de réglementation etc.
Par ailleurs, cette profession reste difficile : elle suppose des astreintes, peu de possibilités de congés sauf en cas d'association de plusieurs agriculteurs, des difficultés d'accès au foncier agricole, une faiblesse de rémunération, de pension de retraites, mais également une prise en charge sociale désavantageuse, notamment concernant les trente jours de carence en cas de maladie ainsi que la faiblesse des indemnités en cas d'accident du travail.
Il est donc essentiel d'améliorer les conditions de travail et de rémunération des agriculteurs. Au-delà de la formation, se pose la question de la dévalorisation des métiers de l'agriculture, secteur pourtant essentiel et vital puisque les agriculteurs permettent tout simplement à la population de se nourrir.
Les agriculteurs soulignent ainsi un vieillissement de leur population et une carence en jeunes motivés à se diriger vers ces filières, mais également un défaut de qualité de la formation, qu'elle soit initiale ou continue dans les cas de reconversions, qui ne les prépare aucunement à la réalité et aux exigences de ces professions.
Il demande en conséquence que la situation et les conditions de travail des agriculteurs soient réévaluées, dans un contexte difficile pour les agriculteurs pour toutes les raisons précitées mais également du fait d'une concurrence internationale accrue, notamment du fait des traités de libre échange de nouvelle génération. Il demande également que la formation à ces métiers essentiels à la vie humaine et la société soit dorénavant valorisée mais aussi à ce qu'elle soit mieux élaborée, mieux construite et plus complète, afin d'offrir aux étudiants la qualité nécessaire à leur préparation à ces métiers difficiles mais essentiels.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 05/05/2022

La promotion des métiers de l'agriculture, des paysages et de la forêt est prioritaire. La mise en valeur des filières, et des perspectives de carrière passionnantes qu'elles offrent, a fait l'objet d'une campagne nationale, financée par le plan de relance, intitulée #entrepreneurs du vivant. Plusieurs actions complémentaires ont été lancées, en lien avec le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports afin de présenter les métiers de l'agriculture, dès l'orientation en collège. Durant le salon international de l'agriculture 2022, la promotion des métiers a été mise en valeur sur le stand du ministère de l'agriculture et de l'alimentation et par des lancements de projets sur des espaces professionnels : « Demain je serai Paysan » qui réunit plusieurs partenaires professionnels, signature de la charte emploi pour l'accompagnement de la filière « Agriculture, Agroalimentaire, Pêche ». Plus spécifiquement, sur l'enseignement agricole, une campagne de communication « L'aventure du vivant », a été lancée sur les réseaux sociaux. Elle cible un public jeune et met en exergue toutes les filières agricoles. L'enseignement agricole propose plus de cent diplômes qui sont conçus dans une démarche de qualité et de prise en compte des politiques publiques portées par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation. Les certifications professionnelles délivrées par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation concernent tous les secteurs agricoles et relèvent de toutes les voies de formation : initiale scolaire, apprentissage, formation professionnelle continue et validation des acquis de l'expérience. Chaque diplôme est conçu à partir du recueil des besoins en compétences des professionnels de chaque secteur et d'une analyse fine du travail. Cette dernière permet de préciser les blocs de compétences à valider en cohérence avec le niveau de la certification visé. Chaque diplôme passe devant la commission professionnelle consultative (CPC) « agriculture, agroalimentaire et aménagement des espaces » composée des représentants des branches professionnelles. L'avis de cette instance est déterminant et garantit l'adéquation des référentiels présentés aux besoins des secteurs professionnels concernés. Ainsi, par exemple, un diplôme permettant l'installation comme la spécialité du baccalauréat professionnel « conduite et gestion de l'entreprise agricole » permet de certifier notamment un bloc de compétences en lien avec la gestion d'entreprise dans un contexte de transitions agro-écologiques. Les blocs de compétences à certifier prennent également en compte les compétences dites transversales qui permettent à chaque individu de construire son parcours en tant que citoyen éclairé, d'assumer son style professionnel, d'intégrer un collectif de travail. C'est ce qui a été dernièrement conduit dans le cadre de la rénovation du tronc commun de toutes les spécialités du baccalauréat professionnel délivrées par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation. Le fil rouge de cette rénovation était en effet de construire un socle commun du diplôme qui permet d'attester que les futurs lauréats sont capables d'agir en conscience dans un monde en pleine mutation, qu'ils sont capables de travailler en équipe et de réguler leurs activités, en mobilisant les bonnes ressources,  dans un contexte professionnel de plus en plus complexe. Plus généralement, sur la situation et la revalorisation des conditions de travail des agriculteurs, des efforts sans précédents ont été menés depuis 2017. Parmi ceux-ci, il est possible de citer les lois EGALIM 1 et 2, afin d'assurer une plus juste rémunération des filières, la revalorisation des petites retraites agricoles ou l'effort d'appui massif à l'investissement agricole décidé dans le cadre du plan de Relance et de France 2030.

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