Question de Mme RENAUD-GARABEDIAN Évelyne (Français établis hors de France - Les Républicains-R) publiée le 10/03/2022

Mme Évelyne Renaud-Garabedian interroge M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur la sécurité des Français en Ukraine. En 2021, environ mille Français étaient inscrits au registre des Français établis hors de France en Ukraine. Depuis le début du conflit, différentes consignes ont été données à nos ressortissants par les autorités françaises. Ainsi, ce n'est que tardivement et à moins d'une heure du couvre-feu qu'il leur a été demandé de quitter le pays sans délai le 28 février 2022. Une cellule de crise à Kiev et une autre à Paris centralisent et relaient les informations principales. Des difficultés pour entrer en contact avec la cellule établie en Ukraine sont apparues. Surtout, des Français sont encore isolés et démunis pour sortir du pays. Il est en effet très difficile de rallier les gares qui desservent l'ouest de l'Ukraine et Lviv, les infrastructures routières étant partiellement ou totalement détruites, ou bien encore d'emprunter l'axe routier sud Kiev-Vasylkiv, faute de moyens de transports. Elle lui demande quelles mesures sont mises en place pour assurer la sécurité des Français encore dans le pays et si des dispositifs permettant de les faire sortir dans les meilleures délais sont mis en place. Elle aimerait savoir si des discussions avec les autorités ukrainiennes sont engagées à ce sujet. Enfin, elle l'interroge sur les plans de sécurité de l'ambassade, l'état, l'activation et la pertinence du réseau des îlotiers, ou toute autre mesure encadrant une gestion de crise de cette ampleur.

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Transmise au Ministère de l'Europe et des affaires étrangères


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 02/06/2022

Depuis le début de la crise et la montée des tensions dans et autour de l'Ukraine, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, en particulier l'ambassade de France en Ukraine et le Centre de crise et de soutien (CDCS), sont pleinement mobilisés. Les conseils aux voyageurs du CDCS ont été actualisés à quatre reprises avant l'invasion russe : - le 23 janvier, il a été recommandé à tous nos ressortissants de différer leurs déplacements en Ukraine, sauf motif indispensable ou urgent, et il a été formellement déconseillé de se rendre dans les zones frontalières nord et est du pays ; ces régions ont été passées en zone rouge sur la carte sécuritaire du pays ; - le 12 février, il a été recommandé à tous nos ressortissants de différer tous les déplacements en Ukraine ; - le 19 février, il a été recommandé à tous nos ressortissants dont le séjour n'avait pas de motif impérieux - entendu au sens le plus strict du terme - de quitter le pays, et il a été demandé à tous nos ressortissants installés dans tout l'est du pays de quitter sans délai ces zones ; les modifications correspondantes de la carte ont été réalisées ; - le 23 février, il a été recommandé à tous nos ressortissants de quitter le pays sans délai. Ces adaptations ont été faites en coordination la plus étroite possible avec nos partenaires européens, notamment avec l'Allemagne, à chaque étape. Cela a notamment été le cas le 19 février, lorsque nos deux pays ont concomitamment appelé au départ de leurs ressortissants. Des mesures concrètes d'accompagnement de la communauté française ont été prises afin de mettre autant que possible en sécurité nos ressortissants avant l'invasion : - la fermeture anticipée du Lycée français de Kiev dès le 15 février, afin d'encourager les familles à rester hors du territoire ou à le quitter plus facilement ;  - des démarches auprès des compagnies aériennes pour maintenir des vols commerciaux vers la France, qui se sont poursuivis jusqu'au 23 février dans la soirée ; - un contact par téléphone avec tous les ressortissants français enregistrés auprès de l'ambassade et de tous les Français de passage enregistrés sur Ariane pour les encourager à suivre les conseils aux voyageurs, notamment à quitter le pays le plus rapidement possible par les vols commerciaux disponibles. Le 24 février, une cellule de crise, toujours active à ce jour, a été ouverte au Quai d'Orsay, ainsi qu'une cellule de réponse téléphonique avec un numéro ukrainien, qui permet aux Français encore en Ukraine de nous joindre 24 heures sur 24. Depuis l'invasion, trois séries d'actions ont été menées : - un accompagnement individualisé des Français ayant décidé de quitter l'Ukraine par leurs propres moyens (informations ciblées sur les routes libres, les temps de trajet, les routes à éviter pour raison de sécurité, les temps de passage aux frontières, les options de départ collectif par route, les options de départ en train) ; - l'organisation de 12 opérations d'évacuation, au départ de Kiev, Dniepr, Jytomyr et Lviv, au profit de nos compatriotes et de nos agents de droit local qui ne disposaient pas de moyens de transport ou n'osaient pas prendre la route par eux-mêmes ; - la mise en place d'un dispositif aux frontières pour l'accueil de nos ressortissants où leur est proposé un accompagnement financier pour le logement, la nourriture et la prise en charge du retour vers la France, quand c'est leur souhait. On a estimé à plus de 1 400 le nombre de Français et ayants-droit présents en Ukraine au moment de l'invasion. Il en reste à présent très peu identifiés par nos services, dont la grande majorité ne souhaite pas quitter l'Ukraine. Nous continuons à les suivre de près et nous tenons prêts à accompagner celles et ceux qui prennent la décision de partir. Les autorités françaises sont donc pleinement mobilisées auprès de nos ressortissants en Ukraine pour les accompagner le mieux possible. Elles le seront tant que la situation l'exige. L'engagement des agents des ministères concernés, pour venir en aide à nos concitoyens et à nos partenaires ukrainiens malgré des conditions extrêmement difficiles, est total.

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