Question de M. BACCHI Jérémy (Bouches-du-Rhône - CRCE) publiée le 21/07/2022

Question posée en séance publique le 20/07/2022

M. le président. La parole est à M. Jérémy Bacchi, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

M. Jérémy Bacchi. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la sécheresse que nous subissons est le combustible idéal pour les feux de forêt. Après l'incendie de la Montagnette, dans les Bouches-du-Rhône, et celui des monts d'Arrée – du jamais vu ! –, dans le Finistère, c'est aujourd'hui, malheureusement, la Gironde qui brûle.

Les pompiers, qu'ils soient professionnels ou volontaires, sapeurs ou marins, et que je tiens à saluer ici, font face à ces feux avec un grand courage. J'ai aussi une pensée pour les populations, qui, pour certaines, ont perdu beaucoup dans les flammes.

L'engagement des communistes que nous sommes en la matière n'est pas nouveau. En prenant la parole aujourd'hui, je m'inscris dans la continuité du travail réalisé, en son temps, par mon prédécesseur Louis Minetti, qui avait d'ailleurs abouti à une loi portant son nom en 1991.

On a aujourd'hui besoin d'une gestion publique des forêts fondée sur l'intérêt général des populations et des générations futures, à l'opposé des choix qui sont faits actuellement, qui affaiblissent les missions de l'Office national des forêts (ONF), dont les effectifs sont amputés.

Par exemple, chez moi, en Provence, outre la sécheresse estivale et le réchauffement climatique, l'une des principales causes des feux est l'absence de gestion durable des forêts. Le pastoralisme était autrefois un moyen efficace pour nettoyer les bois et réduire les risques de départ de feu. Pour chaque région, des réflexions concertées avec l'ensemble des acteurs concernés doivent être engagées pour trouver des solutions adaptées aux spécificités de chaque territoire.

Des régions qui n'étaient pas menacées auparavant sont aujourd'hui affectées par la sécheresse. Hier encore, nous pouvions déplacer des moyens humains et matériels d'un département à l'autre. Aujourd'hui, cela n'est plus possible, tant le risque d'incendie est grand, y compris dans des départements jusque-là épargnés par les flammes.

Madame la secrétaire d'État, la quantité de Canadair et d'autres engins de lutte doit-elle rester la même aujourd'hui qu'hier ? Les 5 000 pompiers non vaccinés, suspendus de leurs fonctions, ne manquent-ils pas pour lutter contre les incendies ?

Face à ces nouvelles réalités, puisque nous sommes en guerre contre le feu, seriez-vous disposée à créer une véritable cellule de crise transpartisane visant à mettre en place un plan de lutte adéquat, associant l'ensemble des acteurs, notamment la filière bois et les communes, et tenant compte des spécificités de chaque territoire ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur des travées du groupe SER. – Mme Esther Benbassa applaudit également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargé de l'écologie publiée le 21/07/2022

Réponse apportée en séance publique le 20/07/2022

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'écologie.

Mme Bérangère Couillard, secrétaire d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de l'écologie. Monsieur le sénateur Bacchi, à mon tour, je souhaite exprimer le soutien du Gouvernement tant envers nos sapeurs-pompiers qui luttent actuellement contre le feu qu'envers tous les riverains qui en subissent les conséquences. M. le Président de la République sera à leurs côtés dès cet après-midi.

À chaque incendie, c'est tout un écosystème forestier qui est dévasté, toute une biodiversité qui est menacée et tout un puits de carbone qui est anéanti.

La prévention, qui est essentielle, a montré son efficacité au cours des trente dernières années, au travers d'une réduction constante des surfaces incendiées. Néanmoins, aujourd'hui, le réchauffement climatique change la donne et nous devons intensifier les outils et moyens mis en œuvre dans les régions du Sud et les étendre à l'ensemble du territoire. Je pense aux 200 plans de prévention des risques d'incendie de forêt, mais également à la politique de défense de la forêt contre les incendies du ministère de l'agriculture. Dans cette perspective, les obligations légales de débroussaillement sont un maillon essentiel, mais elles ne se sont pas appliquées partout comme elles le devraient ; on le constate notamment avec le feu de La Teste-de-Buch, en Gironde.

C'est pourquoi, au mois de mars 2022, deux missions d'inspection ont été lancées pour actualiser la prévention des incendies et rendre plus contraignantes et plus efficaces ces obligations.

Par ailleurs, si le changement climatique accroît les risques d'incendie, je dois rappeler que 90 % des incendies sont d'origine humaine, que ce soit par imprudence ou par malveillance. Ils pourraient donc être évités si l'on avait les bons réflexes au quotidien et un comportement responsable. C'est pour cela que le Gouvernement a lancé, au mois de juin dernier, une nouvelle campagne de sensibilisation avec l'ONF et Météo-France.

La protection de nos forêts nous concerne tous ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Pierre Laurent proteste.)

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