Question de M. GONTARD Guillaume (Isère - GEST) publiée le 07/07/2022

M. Guillaume Gontard interroge M. le ministre de la santé et de la prévention sur la situation critique des hôpitaux, notamment dans l'agglomération grenobloise.

Partout en France, les services de soins sont dans un état extrêmement préoccupant. Les professionnels alertent sur une situation inédite et évoquent un été sous très forte tension. En mai 2022, un recensement réalisé par le service d'aide médicale urgente (Samu) et les urgences de France faisait état de 120 services d'urgences en difficulté, c'est-à-dire qu'ils se trouvaient soit en fonctionnement dégradé, soit carrément fermés, un chiffre qui continue d'augmenter depuis lors. Le 22 juin 2022, une étude de la fédération hospitalière de France annonçait quant à elle que 85 % des centres hospitaliers universitaires (CHU) et régionaux (CHR) étaient contraints de fermer temporairement des lits faute de personnel !

Si la prise en charge des patients est difficile dans tous les domaines, celle aux urgences est la plus grave car il s'agit de services en première ligne. Avec très peu de prise de nouveaux patients en médecine de ville et des urgences qui ferment leurs portes les unes après les autres, nos concitoyens ne savent plus où aller pour se faire soigner et sont contraints de parcourir de longues distances. Or, dans les cas les plus graves, chaque minute compte.

L'aire urbaine grenobloise est un bon exemple de cette situation : en quelques mois, les services d'urgence ont fermé les uns après les autres. Désormais, les urgences pour adultes du CHU de La Tronche, du CHU de Voiron et du groupe hospitalier mutualiste de Grenoble sont toutes fermées la nuit ! Seules celles de la clinique des Cèdres à Échirolles restent pour l'heure ouvertes la nuit, mais pour combien de temps encore ? L'impact de ces fermetures se reporte aussi sur d'autres services de soins. Ainsi, tous les soins d'urgence sont censés passer par le 15, qui a déjà du mal à répondre à la demande. Sur le parvis du CHU, un tri des patients est effectué par les bénévoles de la protection civile et de la Croix-Rouge, dont ce ne sont normalement pas les missions. Les services de SOS Médecins, dont les actes sont trop peu rémunérés, sont eux aussi débordés.

Cette crise était pourtant prévisible, les hôpitaux ne pouvant absorber continuellement les patients renvoyés ailleurs. La charge de travail pour les équipes restantes est devenue ingérable. Selon la fédération hospitalière de France, plus de 90 % des établissements, toutes catégories confondues, faisaient remonter une fatigue importante parmi les équipes. Le taux d'absentéisme a quant à lui atteint les 10 % en 2021, témoignant d'un épuisement chronique. Les candidats ne se pressent pas pour les remplacer : 80 % des établissements disent rencontrer des difficultés permanentes à embaucher.

Ces chiffres terribles et les conséquences gravissimes pour la santé des Français ne sont pas la conséquence de problèmes conjoncturels, comme l'épidémie de Covid-19, mais bien d'une politique d'austérité et de mépris pour les revendications des soignants qui dure depuis des années. Pendant deux ans, le Gouvernement n'a parlé que du Ségur, que les syndicats et collectifs de soignants ont dès le début considéré comme insuffisant pour remédier à la crise généralisée. Les conclusions de la « mission flash » menée au printemps 2022 contiennent quant à elles des pistes intéressantes pour gérer cette crise, mais seulement à court terme.

Afin que les nombreux soignants qui réfléchissent à abandonner leur métier ne partent pas à leur tour et que la crise de vocation prenne fin, des perspectives claires doivent leur être données. Un véritable plan complet de reconstruction de l'hôpital public, qui fournisse des moyens humains et financiers enfin à la hauteur des besoins et abandonne la gestion purement budgétaire de la tarification à l'acte, apparaît plus urgent que jamais. Ainsi, il l'interroge sur les projets à long terme du Gouvernement pour remédier à la crise hospitalière.

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