Question de Mme FILLEUL Martine (Nord - SER) publiée le 07/07/2022

Mme Martine Filleul interroge M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la situation inquiétante dans le département du Nord concernant le remplacement défaillant des enseignants.

Elle a été interpellée à Villeneuve-d'Ascq par un parent d'élève du lycée Dinah Derycke sur l'insuffisance du nombre d'enseignants, avec moins de 66 % des enseignements dispensés pendant l'année. Cela représente une moyenne de 10 heures d'absence par semaine, avec une tendance qui continue à s'aggraver.

Ce problème est loin d'être un cas isolé, que ce soit en lycée professionnel, en lycée général ou au collège, ce constat est très largement partagé dans les écoles du département du Nord avec des témoignages concordants. Il s'agit d'absences nombreuses, fréquentes et prolongées que les écoles n'arrivent pas à combler, essentiellement par manque de moyens humains, et dont les conséquences sont immédiates chez les élèves, avec un décrochage scolaire qui gagne considérablement du terrain.

Elle trouve ce constat absolument alarmant. L'engagement de l'éducation nationale doit être sans faille et aucun enfant de la République ne peut en être privé.

Elle souhaite donc savoir quelles sont les mesures mises en place par le Gouvernement pour corriger le remplacement insuffisant des enseignants à l'école pour rétablir la continuité du service public pour tous les élèves.

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Réponse du Ministère auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargé de l'enseignement et de la formation professionnels publiée le 03/08/2022

Réponse apportée en séance publique le 02/08/2022

Mme la présidente. La parole est à Mme Martine Filleul, auteure de la question n° 031, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Mme Martine Filleul. Madame la ministre, j'ai été interpellée par les parents d'élèves du lycée professionnel Dinah-Derycke de Villeneuve-d'Ascq, au sujet de l'insuffisance du nombre d'enseignants.

Imaginez, moins de 66 % des enseignements ont été dispensés au cours de l'année ! Cela représente une moyenne de dix heures d'absence par semaine, avec une tendance à l'augmentation qui n'a cessé de s'aggraver.

Ce problème est loin d'être un cas isolé ; que ce soit en lycée professionnel, en lycée général, en collège ou même en primaire, ce constat est très largement partagé dans les établissements scolaires du département du Nord. Il s'agit d'absences nombreuses, fréquentes et prolongées que les écoles n'arrivent pas à combler, essentiellement par manque de moyens humains. Leurs conséquences sont, bien sûr, immédiatement perceptibles chez les élèves, puisque le décrochage scolaire gagne du terrain.

Ce constat est absolument alarmant. L'engagement de l'éducation nationale doit être sans faille et aucun enfant de la République ne peut en être privé.

Madame la ministre, quelles sont les mesures mises en place par le Gouvernement pour corriger le remplacement insuffisant des enseignants et rétablir la continuité du service public pour tous les élèves ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Carole Grandjean, ministre déléguée auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargée de l'enseignement et de la formation professionnels. Madame la sénatrice Filleul, vous m'interrogez sur le recrutement des enseignants en lycée professionnel, mais plus généralement au sein des établissements scolaires pour la rentrée prochaine, ainsi qu'évidemment pour chaque rentrée.

Dans le département du Nord, mais plus particulièrement à Villeneuve-d'Ascq, que vous avez cité en exemple, il s'agit d'un enjeu majeur pour l'éducation nationale, qui mène une action extrêmement forte afin d'organiser des recrutements, et qui déploie une stratégie visant à améliorer la situation des établissements publics locaux d'enseignement.

Ainsi, des entretiens de recrutement à destination d'une population ciblée et diplômée sont organisés dans des établissements de l'académie. Ces entretiens sont également ouverts à certains publics d'étudiants, ciblés selon leurs spécialités ; je prendrai l'exemple de la santé au lycée Valentine-Labbé, de l'économie-gestion à la faculté de droit ou au lycée Gaston-Berger, ou encore à l'université polytechnique Hauts-de-France pour les filières industrielles et scientifiques.

Plus généralement, nous avons mis en place un partenariat spécifique avec Pôle emploi, afin de bénéficier d'une source de recrutements supplémentaires, ainsi qu'un accompagnement des nouveaux contractuels par les corps d'inspection, et enfin des contrats de plus longue durée pour fidéliser ces contractuels.

Au-delà du sujet des recrutements, nous sommes évidemment très engagés sur la question des remplacements, vous l'avez évoqué, madame la sénatrice.

Cependant, la préoccupation principale du ministre de l'éducation nationale a trait évidemment à la continuité et à la qualité du service public. Pour cela, il est évident que chaque élève doit avoir un professeur en face de lui, pour l'ensemble de ses heures de cours, afin d'accompagner son cursus scolaire. Nous avons également engagé de nombreuses actions tout au long de l'année scolaire, ce que nous referons, car c'est un enjeu extrêmement important.

Mme la présidente. La parole est à Mme Martine Filleul, pour la réplique.

Mme Martine Filleul. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse. Cependant, face à cette crise du recrutement des enseignants et au sentiment de déclassement qui l'accompagne, un électrochoc d'attractivité, accompagné d'une réelle augmentation des salaires, est nécessaire.

Les rémunérations ne sont pas à la hauteur. La France est l'un des pays qui payent le moins bien ses enseignants ; rendez-vous compte, elle occupe le 21e rang du classement de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ! Recourir aux contractuels et aux étudiants, comme vous le proposez, ne fait que reporter la recherche d'une solution au problème. C'est une réponse conjoncturelle et pas une réponse structurelle. Plus on attend, plus les dégâts seront importants.

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