Question de Mme JOSEPH Else (Ardennes - Les Républicains) publiée le 07/07/2022

Mme Else Joseph interroge M. le ministre de la santé et de la prévention sur la situation de la pédopsychiatrie en France. En raison de sous-effectifs, il devient difficile de suivre les jeunes, notamment dans les départements où l'on apprend qu'il n'y aura plus un seul pédopsychiatre. En dix ans, les effectifs auraient même été divisés par deux, ce qui est inquiétant pour les évolutions à venir. Ce manque flagrant a ainsi des conséquences problématiques : allongement des délais d'attente, risque de ne pas détecter les troubles psychiques chez les jeunes, augmentation des inégalités territoriales, etc. Les causes sont multiples. On invoque la faible attractivité de la profession et l'absence de dispositifs qui permettraient d'augmenter le nombre de pédopsychiatres (le numerus clausus est ainsi mis en cause par les responsables de la profession). Pourtant, il y a vraiment urgence dans ce domaine, car ce sous-effectif conduit à négliger la santé mentale de beaucoup de jeunes. Elle lui demande donc ce que les pouvoirs publics envisagent pour lutter contre cette situation chronique, qui fait hélas l'objet de mesures limitées et partielles.

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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 27/10/2022

Constatant une offre insuffisamment développée au regard des besoins en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, le ministère de la santé a engagé, en lien avec le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, un plan d'actions afin d'y remédier, orienté à la fois vers le renforcement de la formation et du nombre des professionnels de santé intervenant dans ce champ, et vers une meilleure réponse aux besoins des enfants et adolescents en santé mentale.  En 2017, la réforme du troisième cycle des études de médecine a créé une option de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, pour améliorer et spécialiser la formation des jeunes médecins. Depuis 2019, environ 75 % des postes d'internes ouverts sont pourvus. Plus récemment, en 2021, l'allongement à cinq ans du diplôme d'études spécialisées de psychiatrie a été annoncé, l'objectif étant d'améliorer la formation initiale des futurs psychiatres et pédopsychiatres. S'agissant de l'augmentation du nombre de praticiens, dans le cadre de la feuille de route « santé mentale et psychiatrie » présentée en 2018, les ministères chargés de la santé et de l'enseignement supérieur ont mis en place un appel à projets annuel destiné à soutenir la création de postes de chefs de clinique des universités-assistants des hôpitaux en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et à les financer pour une durée de deux ans. Vingt postes par an sont ainsi concernés, l'objectif étant de constituer un vivier de futurs personnels enseignants et hospitaliers sur l'ensemble du territoire français, en ajoutant ces postes au contingent "classique" des autres disciplines.  Le contenu de cet appel à projets a, par ailleurs, été complété par un volet dédié aux troubles du neuro-développement (dont l'autisme) à partir de 2021, pour tenir compte des enjeux spécifiques et des besoins aigus en la matière. Trente et un postes ont ainsi été financés auprès de vingt-deux universités et centres hospitaliers universitaires depuis 2018. L'appel à projets réalisé en 2022 permettra l'affectation de onze nouveaux postes de chefs de clinique des universités-assistants hospitaliers et cet appel à projets devrait être reconduit jusqu'en 2025. Par ailleurs, afin d'améliorer significativement l'offre en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, en particulier dans les 10 départements identifiés en 2019 comme dépourvus de lits d'hospitalisation à temps plein pour enfants et adolescents, situés dans les territoires les plus déficitaires au regard des besoins, un appel à projets national a été initié et reconduit tous les ans depuis 2019. Dans ces départements, 23 nouveaux lits et 40 places d'hospitalisation à temps partiel ont été créés en trois ans. Le soutien à la santé mentale des enfants et des adolescents a d'ailleurs été réaffirmé par le Président de la République lors des assises de la santé mentale et de la psychiatrie en septembre 2021, notamment à la lumière des enseignements de la crise sanitaire. La création de douze postes de personnels enseignants et hospitaliers titulaires entre 2022 et 2025 a en outre été annoncée lors de ces assises de la santé mentale et de la psychiatrie, dont trois de professeurs des universités-praticiens hospitaliers en pédopsychiatrie ont déjà été créés et financés par des crédits ministériels au titre de l'année 2022. Enfin, suite à ces assises, des financements supplémentaires ont été mobilisés pour renforcer le rôle et les missions des maisons des adolescents et des centres médico-psychologiques infanto-juvéniles, développer l'accueil familial thérapeutique et renforcer les moyens dédiés à la charge du psychotraumatisme, particulièrement pour la prise en charge des mineurs victimes de violences.

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