Question de Mme PRÉVILLE Angèle (Lot - SER) publiée le 28/07/2022

Question posée en séance publique le 27/07/2022

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Angèle Préville. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Monsieur le ministre, le métier de professeur est un beau métier, noble et généreux, le plus beau métier du monde, paraît-il.

Or ont fleuri ces derniers jours des offres d'emploi rédigées en ces termes : « Recherche professeur, dix-huit heures par semaine, 936 euros par mois ». Quel choc ! Qu'est-ce qui s'est défait lentement et insidieusement pour que l'on en arrive là ? De quoi est-ce le nom ?

S'il y a effectivement urgence, puisque 4 000 postes d'enseignants resteront non pourvus à la rentrée prochaine faute de candidats, je ne comprends ni la méthode du job dating ni le montant du salaire offert, qui est proprement hallucinant. Quel manque d'anticipation, surtout !

Les personnes recrutées lors de ces séances de job dating exerceront demain devant vos enfants et petits-enfants, mes chers collègues, sans formation, plongés dans le bain bouillonnant des classes, au hasard, selon une statistique inconnue et aléatoire. Les enfants de la République méritent mieux que cela.

Enseigner est non seulement une vocation, mais surtout un métier, qui ne s'improvise pas. Enseigner nécessite tout à la fois des qualités personnelles indispensables et une formation solide. Constat amer, le métier de professeur n'est plus attractif, à cause d'un salaire très insuffisant.

Le chantier pour reconstruire la « maison Éducation nationale » est colossal. C'est une nécessité absolue, d'autant que nous sommes très mal placés dans les classements de l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques, relégués au rang de mauvais élèves, en somme.

Être civilisé, n'est-ce pas assurer l'accès au savoir et à la connaissance et permettre à tous les enfants de France, comme cela a été le cas pour vous, monsieur le ministre, de devenir ce qu'ils doivent être ?

Il y a parmi les étudiants pauvres des vocations qui ne se réalisent pas. Or il existait par le passé des formations rémunérées pour les étudiants qui s'engageaient dans l'éducation nationale, qu'il s'agisse de l'école normale pour les instituteurs ou des instituts de préparation aux enseignements de second degré (IPES) pour les professeurs. Ne serait-ce pas là une manière de combattre les assignations de naissance tout en résolvant une partie du problème du recrutement des professeurs ?

Quant aux salaires, monsieur le ministre, que proposez-vous ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE. – Mme Esther Benbassa applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 28/07/2022

Réponse apportée en séance publique le 27/07/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame Préville, la prochaine rentrée interviendra en effet dans un contexte délicat de recrutement des professeurs, en raison d'une baisse d'attractivité structurelle de certains concours de recrutement des enseignants, phénomène relevé récemment dans un rapport très informé du sénateur Gérard Longuet.

Nous sommes cette année confrontés à une situation un peu particulière, du fait, tout d'abord, de la réforme engagée pour le recrutement des enseignants, avec une exigence de niveau passée de bac+4 à bac+5 ; s'y ajoute un marché de l'emploi très tendu, qui rend les recrutements difficiles.

Au regard de cette situation, le ministère a mis en place une série de mesures pour assurer les meilleures conditions de rentrée possible, dont des recrutements sur liste complémentaire, des concours supplémentaires et des recrutements d'enseignants contractuels, qui ne se font pas du tout en quelques instants ni selon les termes que vous avez décrits, madame la sénatrice.

L'objectif reste que tous les élèves soient accueillis et qu'un professeur soit présent devant chaque classe.

Sachez également, madame la sénatrice, que toutes les académies sont mobilisées dès à présent et qu'une cellule de rentrée sera active dès le 22 août prochain, dans chaque rectorat, pour prévenir et résoudre les dernières difficultés.

Enfin, conformément aux engagements du Président de la République et de la Première ministre, la revalorisation à venir dans le cadre du pacte avec les enseignants fera l'objet d'une concertation pour renforcer l'attractivité des métiers de l'enseignement, pour mieux reconnaître l'engagement de chacune et chacun des professeurs et pour repenser finement les dynamiques et les évolutions de carrière. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour la réplique.

Mme Angèle Préville. Monsieur le ministre, vous n'avez pas répondu à la proposition que je vous ai faite de rétablir les possibilités qui étaient auparavant offertes aux étudiants de s'engager dans l'éducation nationale en étant rémunérés. Cela permettrait, je le répète, de résoudre en partie le problème du recrutement des enseignants. (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – Mmes Marie-Noëlle Lienemann et Esther Benbassa applaudissent également.)

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