Question de Mme FÉRET Corinne (Calvados - SER) publiée le 07/07/2022

Mme Corinne Féret attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur la situation du centre hospitalier Robert Bisson de Lisieux, dont le service de réanimation néonatal a été transféré au centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen, faute de pédiatres.

Les difficultés rencontrées par cet établissement ne sont malheureusement pas nouvelles. Déjà pendant l'été 2021, le manque de médecins urgentistes se traduisait par la fermeture du service des urgences adultes de 18h30 à 8 heures du matin pour les entrées directes. Aussi, en octobre 2021, toujours faute de médecins, les services de médecine interne et de gastro-entérologie avaient fusionné, occasionnant la perte de 25 lits d'hospitalisation.

Début 2022, c'est donc le service de néonatalogie qui a perdu ses trois derniers lits de soins intensifs pour les nouveau-nés et prématurés. En plus de la rétrogradation de ce service, la maternité se retrouve également déclassée : perte des internes avec impact sur les possibilités de fidéliser les jeunes médecins, conséquences sur l'activité puisque les grossesses à risque seront d'emblée traitées par le CHU de Caen. Dans le même temps, les personnels ont appris que certaines lignes de garde ne seraient pas honorées en pédiatrie. Ce faisant, le service des urgences pédiatriques ouvre en fonction des permanences des médecins. A ce rythme, c'est l'avenir du pôle « mère – enfant » qui est menacé.

Au fil des mois, force est de constater que de trop nombreux services sont en tension et que d'autres doivent tout simplement fermer. Il est à craindre une baisse des consultations, des dépistages, des examens, mais aussi des retards dans les prises en charge, encore aggravés par les conséquences de la crise de la covid-19. Cette dégradation du suivi médical et de la prise en charge hospitalière des habitants du Pays d'Auge, voire ce risque de perte de chance, ne sont pas acceptables.

L'hôpital de Lisieux, qui a des perspectives de modernisation, dispose de nombreuses spécialités médicales et techniques, d'un personnel qualifié et d'équipements performants. Cependant, il souffre principalement d'une carence en médecins, soignants. Elle lui demande donc de lui indiquer les mesures qu'il compte rapidement mettre en œuvre pour répondre à cette situation et ainsi permettre au centre hospitalier Robert Bisson de retrouver toutes ses capacités d'accueil et d'intervention.

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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 01/12/2022

S'agissant des tensions au sein du service d'urgences du Centre Hospitalier de Lisieux durant la période estivale 2021 qui, à l'instar des nombreux autres services à l'échelle nationale, a rencontré des difficultés en matière de ressources humaines médicales et paramédicales, elles ont conduit à une fermeture partielle de ce service d'urgences. Les urgences gynéco-obstétriques et pédiatriques, ainsi que la maternité et le service mobile d'urgence et de réanimation (SMUR) ont toutefois pu être maintenus durant cette période. En 2022, à la sortie de la période estivale, l'établissement a œuvré à la continuité de son activité puisqu'aucune fermeture, ni de son service des urgences ni de son SMUR, n'a eu lieu. L'offre d'urgences de proximité a ainsi pu être assurée, au profit des patients du territoire et des autres établissements en difficulté. S'agissant par ailleurs des difficultés de l'établissement à pourvoir pleinement ses gardes en janvier 2022, elles ont conduit à transférer trois lits de soins intensifs de néonatalogie au centre hospitalier universitaire (CHU) de Caen, dans une logique de coopération entre les établissements. Par ailleurs, les urgences néonatales étant conservées au centre hospitalier (CH) de Lisieux, le matériel adéquat est toujours en place dans l'établissement. En parallèle, un plan d'action a été mis en place par l'établissement pour améliorer son attractivité en pédiatrie, avec une attention particulière pour créer un vivier de remplacement, fidéliser des professionnels médicaux, rechercher de nouveaux praticiens, renforcer les liens avec le CHU de Caen ou encore dynamiser la politique générale d'accueil des internes. D'autres actions complémentaires seront également mises en place comme le recrutement de deux infirmiers en remplacement de départs à la retraite ou bien encore l'arrivée d'un assistant territorial universitaire dès le mois de novembre. Plus largement, une politique active pour stabiliser les équipes médicales et paramédicales et assurer leur renouvellement est mise en place par le centre hospitalier, en lien avec le CHU de Caen, l'UFR santé et l'agence régionale de santé (ARS) Normandie (proposition de post-internat aux jeunes médecins, notamment en temps partagé avec le CHU, ouverture de postes d'internes, création d'un vivier de remplaçants et mise en place de la prime de solidarité territoriale pour inciter les praticiens hospitaliers à réaliser une partie de leur temps de travail dans un autre établissement, augmentation massive des capacités de formation). Le CH de Lisieux tient une place essentielle sur son territoire et au sein du groupe hospitalier Normandie Centre, raison pour laquelle il est très soutenu au titre du Ségur de la Santé. Afin d'assurer la pérennité de son offre de soins et renforcer son attractivité, il va en outre être soutenu par l'Etat dans le cadre de son projet de modernisation et de mise aux normes à travers le réaménagement d'un bâtiment principal d'hospitalisation pour l'adapter au nouveau projet médical et la modernisation de la partie sud du site hospitalier. La restauration de ses capacités financières fait également l'objet d'une attention particulière. Enfin, l'ARS accompagne cet établissement dans la durée dans son projet de reconstruction du service d'urgences, le renouvellement ou l'acquisition d'équipements ou encore pour faire face à ses difficultés. 

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