Question de M. POINTEREAU Rémy (Cher - Les Républicains) publiée le 07/07/2022

M. Rémy Pointereau expose à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse les conséquences pour les collectivités territoriales de l'arrêt de section du Conseil d'État du 20 novembre 2020 (décision n° 422248) relatif aux modalités de financement et de mise à disposition des accompagnants d'enfants en situation de handicap (AESH) sur les temps de restauration et d'accueil périscolaire.

En effet, cet arrêt opère un changement préjudiciable pour les enfants et professionnels concernés, ainsi que les collectivités territoriales.

Tout d'abord pour les enfants, car il y a un risque de faire intervenir plusieurs AESH auprès d'un même élève, mettant en péril la continuité éducative dont l'État est garant.

Ensuite pour les professionnels, car la multiplication des employeurs fragilise le statut de ces derniers.

Enfin, concernant les collectivités locales, l'arrêt précité emporte des conséquences financières importantes, sans compensation de l'État. En effet l'emploi des AESH représente un coût substantiel qu'elles ne peuvent pas toutes supporter. Par ailleurs, le secteur connaît d'importantes difficultés de formation et de recrutement.

De surcroît, le principe dégagé par le Conseil d'État semble s'opposer à la décision de la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH) en ne proposant pas aux collectivités une mise à disposition de l'AESH.

Par conséquent, il souhaite non seulement rappeler qu'il appartient à l'État de garantir la scolarisation et la continuité de la prise en charge de l'enfant en situation de handicap à l'école, et ce dans une logique d'inclusion, mais surtout il lui demande de s'assurer que le recrutement et la rémunération des AESH relève de la seule responsabilité de l'État.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 10/11/2022

Le système scolaire français accueille plus de 430 000 élèves en situation de handicap ; c'est un motif de satisfaction et de fierté pour celles et ceux qui s'occupent de ces enfants. Leur prise en charge connaît une croissance de 6 à 10 % par an, ce qui est considérable. Le ministère en charge de l'éducation nationale mobilise des moyens importants pour employer plus de 130 000 accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Notons que 4 000 AESH ont été recrutés à la rentrée 2022, et que 4 000 le seront peut-être l'année prochaine, si toutefois le Parlement approuve cette mesure. Il s'agit là d'une mobilisation très forte et durable de l'Etat pour faire de l'inclusion une réalité. La croissance continue du nombre d'AESH ne peut toutefois pas être la seule réponse aux besoins des élèves en situation de handicap. Il y a des situations variables qui nécessitent des réponses variées. C'est pour cela que le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse et la ministre déléguée auprès du ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, chargée des personnes handicapées entament une phase de concertation et de réflexion avec tous les acteurs de l'école inclusive. Les critères de notification, l'évaluation des besoins des élèves, les relations avec les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ou encore la diversité des formes d'accompagnement sont autant de leviers sur lesquels il faut agir. D'ores et déjà, dans le cadre du PLF pour 2023, pour mieux prendre en compte les situations de travail des AESH, il est prévu de les rendre éligibles au bénéfice des primes versées dans les zones REP-REP+. Au-delà, l'objectif sera de proposer à tous les AESH qui le souhaitent un contrat de 35 heures, ce qui représentera un gain substantiel de revenus. Une telle mesure suppose un chantier d'ensemble sur le rôle des AESH, leurs missions, leurs conditions de travail et leur formation. Par ailleurs, le Conseil d'État a jugé, en s'appuyant notamment sur les articles L. 114-1, L. 114-1-1 et L. 114-2 du code de l'action sociale et des familles, que lorsqu'une collectivité territoriale organise un service de restauration scolaire ou des activités complémentaires aux activités d'enseignement et de formation pendant les heures d'ouverture des établissements scolaires, ou encore des activités périscolaires sur le fondement des articles L. 216-1 et L. 551-1 du code de l'éducation, il lui appartient de garantir l'accès des enfants en situation de handicap à ces services ou activités. La prise en charge financière éventuelle des AESH sur ces temps incombe ainsi à la collectivité territoriale. Sur le terrain, les situations de prise en charge étaient, avant cette décision, variables. Depuis cette décision, des échanges ont lieu au niveau local, entre l'Education nationale, les collectivités et les établissements, pour traiter chaque situation et éviter toute rupture de prise en charge des enfants. Dans le cadre du chantier d'ensemble précité, il conviendra de s'attacher à simplifier ces conditions de prise en charge (parmi les pistes, il y a celle d'une seule fiche de paye qui rémunérerait les AESH à la fois sur les temps scolaires et périscolaires). En tout état de cause, l'objectif est bien de poursuivre les avancées de l'inclusion des enfants en situation de handicap et d'assurer le meilleur accompagnement possible au sein de l'école de la République.

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