Question de Mme DUMONT Françoise (Var - Les Républicains) publiée le 14/07/2022

Mme Françoise Dumont attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur le nombre alarmant de postes d'enseignants non pourvus aux concours de l'enseignement, en 2022.

Cette année, plus que les autres, aura été catastrophique en matière de recrutement d'enseignants par concours de l'enseignement. En effet, il reste plus de 4.000 postes d'enseignants à pourvoir (sur un total de 27.332 ouverts dans le public et le privé), pour la rentrée 2022 !

Ainsi, au niveau national, le taux de postes pourvus dans le premier degré public, après concours, est de 83,1% alors qu'il était de 94,7%, en 2021. Pour les collèges et lycées, le taux de couverture, hors listes complémentaires, se situe à 83,4% contre 94,1%, en 2021 ; soit une chute moyenne de 10 points en pourcentage de recrutement, en l'espace d'un an seulement.

Seule solution trouvée par le ministère de l'éducation nationale, le recrutement de personnels contractuels, par voie de « job dating » (d'une durée de 30 minutes), avant une formation expresse à la rentrée, pour passer une année à enseigner devant une (ou plusieurs) classe(s).

Certes, il ne s'agit pas d'un problème récent, en effet, la fonction perd en attractivité depuis plusieurs années pour plusieurs raisons, dont notamment les salaires qui chutent, en euros constants, depuis des années, et la remise en cause de plus en plus importante du statut du professeur (le nombre d'incidents en classes et d'agressions de professeurs en étant un symptôme).

Pour répondre à ces difficultés, le jeudi 7 juillet 2022, le ministre de l'éducation, sur France Inter, en appelait à un « choc d'attractivité » pour revaloriser le métier d'enseignant, en mentionnant une augmentation des salaires, sans vouloir la chiffrer précisément.

Il annonçait également qu' «il y aura un professeur devant chaque classe, dans toutes les écoles de France » à la rentrée prochaine. « Nous faisons ce qu'il faut pour », a-t-il rajouté.

Aussi, au regard de ces annonces, elle lui demande de bien vouloir lui préciser toutes les mesures que le Gouvernement entend mettre en place pour répondre aux difficultés de recrutement des enseignants et lui préciser comment il entend certifier qu'il y aura suffisamment d'enseignants pour chaque classe (et même plus, en cas de nécessité de remplacements), ainsi que la qualité des enseignements réalisés, notamment par les enseignants contractuels (recrutés en quelques minutes et formés à la dernière minute, en quelques heures), à la rentrée 2022.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 27/10/2022

Lors de la session 2022 des concours de recrutement des personnels enseignants du second degré, 13 690 postes avaient été ouverts, soit 300 postes de plus qu'en 2021. Par rapport à la session 2021, le nombre d'inscriptions a baissé avec 108 454 candidats en 2022 contre 136 520 en 2021. Dans le premier degré, le nombre de recrutements ouverts au concours de professeurs des écoles a été maintenu par rapport à 2021 à hauteur de 9 900 postes. Par rapport à la session 2021, le nombre d'inscriptions au concours, hors session supplémentaire, est en baisse avec 55 146 candidats en 2022 contre 98 644 en 2021. Cette évolution du nombre de candidats s'est traduite par une dégradation des rendements de concours d'environ 10 % dans le premier et le second degrés. La diminution du nombre de candidatures enregistrées s'explique pour partie par la mise en œuvre de la réforme de la place du concours puisque les candidats doivent maintenant détenir un master 2 et ne peuvent plus se présenter en fin de 1ère année de master ; or les candidats justifiant d'une première année de master 1 avaient pu passer le concours en 2021, contractant le vivier de candidatures en 2022. Par ailleurs une forte tension sur le marché de l'emploi qualifié pèse sur la capacité du ministère à recruter avec une attractivité suffisante, étant précisé que cette tension n'est pas sans conséquence sur l'ensemble des concours de la fonction publique. Ces évolutions prévisibles ont été anticipées dans le cadre de la préparation de la rentrée scolaire 2022. Au regard des besoins d'enseignement, les candidats des listes complémentaires des concours du second degré ont tous été appelés. Dans le premier degré, les académies ont été autorisées dès le 25 juillet 2022, dans la limite de leur schéma d'emploi, à faire appel aux listes complémentaires pour compenser, comme il est d'usage, les renonciations ou démissions intervenant en début d'année scolaire mais également pour pourvoir des postes vacants. Ainsi, au 9 septembre 2022, sur les 1 215 lauréats inscrits sur les listes complémentaires des concours de recrutement des professeurs des écoles, 870 lauréats avaient été appelés. Lorsqu'il n'est plus possible de recourir aux listes complémentaires, les besoins nouveaux qui apparaissent sont pris en charge par des professeurs contractuels. Il faut préciser que plus de 80 % des contractuels en poste à la rentrée scolaire 2022 ont vu leur contrat renouvelé, c'est-à-dire qu'ils avaient déjà exercé le métier d'enseignant. Le recrutement de droit commun des agents contractuels correspond au niveau de qualification exigé pour se présenter aux concours internes des différents corps d'enseignement, d'éducation et de psychologue concernés. Les personnels ainsi recrutés bénéficient d'une formation et d'un accompagnement pendant la durée de leur contrat afin de faciliter leur intégration dans les fonctions occupées. La nature et la durée de la formation d'adaptation à l'emploi dépendent de l'expérience professionnelle antérieure de l'agent. De plus, afin de leur permettre un accès à l'emploi pérenne au sein de la fonction publique, les contractuels sont accompagnés et disposent de facilités pour suivre les préparations aux concours de recrutement d'enseignants. Cet accompagnement peut prendre la forme d'un suivi exercé par un tuteur qui a pour mission de contribuer à l'acquisition par l'agent contractuel des gestes professionnels correspondant aux métiers de l'enseignement, de l'éducation, ou de psychologue. Le ministère poursuit son travail de revalorisation des personnels et de transformation des métiers de l'éducation au sein d'un processus global d'amélioration des conditions de travail des personnels et du système éducatif. Conformément aux annonces du Président de la République lors de la réunion des rectrices et des recteurs d'académie à la Sorbonne le 25 août 2022, le ministère chargé de l'éducation nationale va poursuivre le chantier de l'amélioration de la rémunération des enseignants afin qu'aucun enseignant ne débute sa carrière de titulaire à moins de 2 000 € nets et, qu'en moyenne les enseignants voient leurs rémunérations augmenter de 10%. A cette augmentation inconditionnelle des rémunérations, s'ajoutera celle liée à un pacte avec les enseignants volontaires qui se traduira par une rémunération complémentaire liée à de nouvelles missions telles que le suivi individualisé des élèves, le remplacement des professeurs absents pour une courte durée ou des missions de formation. Ce deuxième volet, de revalorisation permettra une hausse des rémunérations pouvant aller jusqu'à 25 %.

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