Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 28/07/2022

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la propagation du coléoptère Aethina Tumida, depuis peu sur le sol réunionnais - qui provoque de gros dégâts à l'encontre des colonies d'abeilles.
La Réunion compte aujourd'hui 600 apiculteurs, et plus de 20 000 ruches, un nombre en forte diminution depuis une décennie, qui s'explique par la propagation de nombreux insectes parasites nommée coléoptère.
La circulation du coléoptère touche principalement le sud de l'Île, toutefois d'autres foyers épidémiques sont en cours de propagation sur la superficie globale de l'Île.
Cette épidémie sanitaire représente non seulement un danger accru pour la biodiversité de La Réunion, dont 40 % de la superficie est placée au patrimoine mondial de l'organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), mais aussi impacte considérablement les producteurs locaux.
En 2017, l'Île avait déjà été touchée par une crise du secteur apicole avec le varroa. Le travail des apiculteurs réunionnais rencontrait alors, de nombreuses difficultés. À l'heure actuelle le coléoptère entraîne des dégâts considérables. C'est pourquoi les apiculteurs prennent des mesures drastiques telles que brûler les ruches infectées.
Ces dernières années les importations de miel à La Réunion n'ont cessé de s'accroître. Pour cause, la production de miel a diminué de plus d'un cinquième par rapport au rendement obtenu l'année dernière. En 2020, ce sont 471 tonnes de miel qui se voient importées à La Réunion, pour la majorité en provenance de la métropole.
Il est nécessaire de préserver cette richesse de production de miel à l'échelle locale et de continuer à favoriser le développement de cette filière à La Réunion.
Déjà très impactée par le varroa depuis quelques années, l'apiculture péi semble au seuil d'une nouvelle période noire. Certaines voix commencent à s'élever contre la destruction systématique de toutes les ruches d'une zone, dès que l'une d'entre elles a été identifiée comme touchée.
Depuis la présence de sa confirmation dans l'île, 122 ruches ont été brûlées. Aussi, le président du syndicat des apiculteurs de La Réunion a-t-il demandé à l'État d'arrêter le brûlage des ruches.
Des mesures de restriction des mouvements ont été prises par arrêté préfectoral, inconcevable aux yeux des apiculteurs.
Une zone de protection et une zone de surveillance ont été définies autour des nouvelles ruches infestées. Des mesures de police sanitaire sont appliquées, à savoir l'interdiction stricte de déplacement des ruches et du matériel apicole en provenance, à destination et à l'intérieur des zones concernées.
Cela entrainera inéluctablement un impact négatif sur les futures miellées et, par rebond, le revenu des apiculteurs sera également impacté.
Aussi, les apiculteurs sollicitent leurs collectivités pour compenser en urgence cette baisse de production.
Elle souhaite savoir quelles mesures il compte prendre rapidement pour éradiquer ces coléoptères nuisibles et aider les apiculteurs réunionnais durement touchés par cette crise sans précédent, afin de préserver la filière apicole à La Réunion.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 29/09/2022

Le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire est pleinement mobilisé sur la récente crise sanitaire causée par la découverte du petit coléoptère des ruches Aethina tumida sur l'île de La Réunion le 5 juillet 2022. En effet, dès la découverte du premier foyer sur la commune de Saint-Pierre, des mesures de lutte ont été mises en œuvre par les services de la direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF) de La Réunion en lien avec la direction générale de l'alimentation (DGAL) et en collaboration avec le groupement de défense sanitaire (GDS) local, dans un objectif d'éradication : destruction des foyers, mise en place d'une zone réglementée de 10 kilomètres de rayon avec restrictions de mouvements et visites des ruchers dans ces zones ainsi que sur le reste de l'île. Un comité de suivi qui se réunit au moins une fois par mois, intégrant l'ensemble des représentants de la filière apicole, la chambre d'agriculture, la coopérative Coopémiel, GDS La Réunion, la DAAF et la DGAL a par ailleurs été mis en place à l'initiative du préfet de La Réunion. Au 8 septembre 2022, les visites réalisées dans près de 287 ruchers avaient permis d'identifier 12 foyers, tous localisés dans un périmètre limité du Sud de l'île et stable depuis un mois. Les prospections se poursuivent sur toute l'île afin de préciser la situation épidémiologique. Dans ce cadre, une quinzaine d'agents des services vétérinaires de l'hexagone ont été mobilisés, afin d'apporter un appui aux équipes locales. Des actions ont par ailleurs été mises en place pour améliorer le recensement des ruchers. Les impacts de ce ravageur, s'il venait à s'installer durablement et largement à La Réunion, seraient majeurs pour la filière apicole, les secteurs dépendants des activités de pollinisation des abeilles, et de manière plus large pour l'environnement. La gravité de ce ravageur justifie les mesures de lutte très lourdes pour la filière qui sont mises en place, et par conséquent, dans le contexte particulier de l'île de La Réunion, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a été saisie pour une évaluation des conditions de réussite de la stratégie d'éradication mise en œuvre, sur la base des résultats de la surveillance effectuée. La question de l'impact du réservoir sauvage fait partie de cette évaluation. La stratégie actuellement suivie pourra ainsi être adaptée aux vues des conclusions et recommandations de l'Anses. Les processus d'indemnisation des apiculteurs, professionnels ou amateurs, qui ont vu leurs ruchers dépeuplés et détruits sur demande de l'administration ont débuté. Le dispositif indemnitaire en vigueur prévoit bien la prise en compte des pertes de productions subies.En complément, la DAAF et la chambre d'agriculture sont mobilisées pour accompagner, techniquement et humainement les apiculteurs touchés. Enfin, des discussions sont actuellement menées entre les collectivités locales et les apiculteurs sur la question de la mise en place d'un accompagnement financier conjoncturel lié à l'impact économique éventuel des mesures de restriction de déplacement.

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