Question de M. HUSSON Jean-François (Meurthe-et-Moselle - Les Républicains) publiée le 12/01/2023

Question posée en séance publique le 11/01/2023

M. le président. La parole est à M. Jean-François Husson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Husson. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Monsieur le ministre, vous nous jouez l'acte II de vos vœux aux acteurs économiques. J'entends votre brevet d'autosatisfaction, mais, il y a encore quelques instants, j'avais au téléphone un chef d'entreprise qui me faisait part des demandes de nombre de ses pairs.

Cela concerne les boulangers – il en manque, et c'est grave –, mais également l'ensemble des acteurs économiques qui ne comprennent pas l'absence de vision stratégique du Gouvernement pour les soutenir.

Vous évoquez un plafonnement à 280 euros le mégawattheure, mais cela représente jusqu'à 350 % d'augmentation par rapport à des prix pratiqués récemment. Comment les acteurs économiques pourraient-ils résister à cette situation ? Vous le savez, le risque est que nous nous heurtions à un mur de cessations d'activité, voire de faillites. Bpifrance a lancé l'alerte à cet égard.

Monsieur le ministre, considérez-vous aujourd'hui que vous avez pris toutes les mesures nécessaires pour répondre aux besoins de l'ensemble des entreprises qui font vivre la maison France ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Valérie Létard applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique publiée le 12/01/2023

Réponse apportée en séance publique le 11/01/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Monsieur le rapporteur général de la commission des finances, on n'est jamais certain d'avoir pris toutes les mesures nécessaires.

Pour autant, ce n'est pas la première crise que j'ai à gérer : nous avons affronté la crise du covid-19. Avec votre soutien et votre compréhension, nous avions alors mis en place le « quoi qu'il en coûte », parce que la richesse française s'était effondrée avec la production et qu'il existait un risque de faillites par vagues successives, entraînant une explosion du chômage de masse. On m'avait averti de ce risque, mais il ne s'est pas réalisé.

Nous avons protégé le monde économique, les entrepreneurs et les entreprises et nous avons évité un chômage de masse. Nous avons donc géré avec efficacité la crise de la covid-19.

Face à la crise de l'inflation, le « quoi qu'il en coûte » n'est pas la bonne solution,…

M. Jean-François Husson. Ce n'est pas ce que j'ai dit !

M. Bruno Le Maire, ministre. … car cela reviendrait à jeter de l'essence sur l'incendie et à ne pas se débarrasser de l'inflation.

Vous nous reprochez de ne pas avoir de vision stratégique, mais nous en avons une : diminuer l'inflation dans le courant de l'année 2023 et ne rien faire qui puisse la prolonger dans les années qui viennent.

Actuellement, le « quoi qu'il en coûte » servirait sans doute immédiatement à certaines entreprises, mais l'ensemble de la population française se verrait exposé au maintien d'un niveau très élevé d'inflation, avec tous les dommages que cela représenterait pour les entreprises comme pour les ménages.

Nous avons choisi une voie plus difficile, mais j'ai toujours considéré que la voie difficile était en général la meilleure. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Elle consiste à cibler les entreprises qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire les très petites entreprises qui n'ont pas les reins suffisamment solides pour réagir.

Ces entreprises bénéficient de tarifs préférentiels. Elles sont protégées. Elles ont accès à un guichet qui a été maintenu au 1er janvier. Elles peuvent reporter les charges ; dans chaque département, le numéro de téléphone portable d'un conseiller qui peut les aider est à leur disposition.

M. Marc-Philippe Daubresse. Un numéro vert ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Le Maire, ministre. Elles ont, enfin, la possibilité d'étaler le remboursement des prêts garantis si elles le souhaitent.

Restent les PME, avec lesquelles nous sommes en discussion. Nous voulons protéger notre outil industriel, ainsi que nos PME et nos ETI qui, elles, sont exposées à la concurrence internationale et ne peuvent pas augmenter leurs prix, car elles perdraient alors leurs marchés. Pour elles aussi, nous ferons le nécessaire.

Notre vision stratégique est donc de protéger immédiatement ceux qui en ont besoin, de faire baisser l'inflation à moyen terme pour se débarrasser de cette plaie et de poursuivre, à long terme, une politique de l'offre qui favorise la compétitivité de nos entreprises. Je sais que vous nous rejoindrez sur ce dernier point. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Jean-François Husson, pour la réplique.

M. Jean-François Husson. Monsieur le ministre, vous avez indiqué récemment que vous souhaitiez parler aux fournisseurs d'énergie. Justement, il y en a un que vous avez sous la main et que vous contrôlez entièrement : EDF. Mettez-vous donc rapidement au travail pour apporter des solutions.

S'agissant d'EDF, je rappelle que nous payons très cher les choix funestes, réalisés depuis dix ans, tendant à arrêter la production d'électricité nucléaire ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

Nous avons besoin d'une vision stratégique dans le domaine de l'énergie, pour travailler sur les énergies renouvelables, sur notre autonomie et sur notre souveraineté, notamment en matière de renouvelable et de nucléaire. Tout cela améliorera en outre le solde de notre balance commerciale.

Enfin, TPE, PME, ETI, grandes entreprises, toutes ont besoin d'un soutien adapté. Encore faut-il, pour cela, travailler avec constance avec leurs représentants. Ces derniers comptent sur vous ; les Français ont besoin d'un État fort à leurs côtés. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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