Question de M. CADIC Olivier (Français établis hors de France - UC) publiée le 19/01/2023

Question posée en séance publique le 18/01/2023

M. le président. La parole est à M. Olivier Cadic, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Olivier Cadic. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Elle fait suite à mon cinquième déplacement au Liban.

En arrivant à Beyrouth, l'odeur du fioul qui alimente les générateurs vous prend à la gorge. L'absence d'électricité m'a rappelé mon arrivée en Ukraine.

En trois ans, la livre libanaise a perdu 90 % de sa valeur. L'inflation, sur un an, s'élève à 162 %. La crise bancaire a ruiné les Libanais.

Le Liban connaît une aggravation de sa situation économique et sociale, qui a entraîné un exode massif, sans précédent, de la population active.

Le blocage politique orchestré par le Hezbollah, qui a privé le Liban d'un président pendant plus de deux ans, se reproduit depuis le mois d'octobre.

J'ai rencontré de nombreuses associations et des personnalités politiques de toutes tendances.

J'ai pu apprécier le travail des équipes diplomatiques françaises, conduites par notre remarquable ambassadrice Anne Grillo, dans les domaines de la santé, de l'enseignement, des infrastructures ou encore de l'action sociale.

Tous mes interlocuteurs louent l'action menée par la France pour aider les Libanais. Je vous le dis, madame la ministre, cette reconnaissance m'a procuré un grand sentiment de fierté pour la France et pour notre action collective.

Ils décrient une élite qui entrave les enquêtes sur les dizaines de millions de dollars qui auraient été détournés des fonds de la banque centrale, puis blanchis en Europe, mais aussi celle qui est menée sur l'explosion du port de Beyrouth, qui a tué plus de 220 personnes, dont trois de nos compatriotes, et causé plus de 5 000 blessés et 80 000 déplacés.

Mes interlocuteurs m'ont demandé de relayer auprès de vous, madame la ministre, leur appel à tout faire pour que justice soit rendue. « Un crime impuni est un crime récompensé », m'a lancé un député.

Des juges européens viennent d'arriver à Beyrouth, dont un juge français. Quels progrès pouvons-nous attendre de leur déplacement au Liban ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains. – MM. Hussein Bourgi et Serge Mérillou applaudissent également.)


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 19/01/2023

Réponse apportée en séance publique le 18/01/2023

M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Cadic, merci de votre intérêt pour le Liban, un pays cher à la France, où vous vous êtes rendu en mission voilà quelques jours encore.

Au Liban, la France n'a qu'un objectif : le bien-être du peuple libanais.

Nous le soutenons, sur le plan humanitaire et économique, par une aide, l'année passée encore, de 100 millions d'euros.

Nous le soutenons sur le plan politique, comme je l'ai fait au mois d'octobre dernier, comme vous l'avez fait récemment. Je le redis aujourd'hui : les responsables libanais doivent dépasser le blocage actuel et le Liban doit se doter d'un président ; un président doit être élu sans plus de délai !

Enfin, nous relayons l'aspiration du peuple libanais à la justice. Vous avez mentionné le déplacement de juges d'instruction français. Il s'agit d'une affaire judiciaire en cours ; il ne m'appartient donc pas de la commenter.

Quant à l'enquête relative à l'explosion survenue sur le port de Beyrouth le 4 août 2020, c'est une procédure distincte. Il est essentiel que toute la lumière soit faite sur cette explosion qui a non seulement dévasté le port, mais aussi fait de très nombreuses victimes. Comme vous le savez, le Liban a fait le choix d'une enquête nationale. C'est son choix souverain. La France reste disponible pour apporter toute l'aide qui serait nécessaire ; le Liban le sait.

Oui, l'enquête est aujourd'hui bloquée. Il faut redire que les victimes ont droit à la vérité, que celle-ci leur est nécessaire. Cette enquête doit reprendre, sans délai, et elle doit naturellement être conduite en toute transparence et en toute indépendance. Pour être plus précise, elle doit être conduite à l'abri de toute interférence politique. La justice doit être rendue et les responsables doivent rendre des comptes. C'est donc bien volontiers que je réponds ainsi à votre appel, monsieur le sénateur.

M. le président. La parole est à M. Olivier Cadic, pour la réplique.

M. Olivier Cadic. Vous le savez, madame la ministre, pour de nombreux observateurs, aucune solution politique, économique ou sécuritaire n'est envisageable au Liban tant que durera l'occupation iranienne subie par ce pays au travers du Hezbollah. Nous devons donc soutenir toutes les initiatives qui visent à rétablir la neutralité du Liban. Par ailleurs, 80 % des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté ; ne les oublions pas ! (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)

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