Question de Mme GOULET Nathalie (Orne - UC) publiée le 02/02/2023

Question posée en séance publique le 01/02/2023

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

Mme Nathalie Goulet. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, nous sommes nombreux sur toutes les travées à avoir soutenu la révolution en Iran, notamment en parrainant des prisonniers torturés, violés, condamnés sans avocat ou encore pendus.

Depuis plusieurs semaines, l'Iran menace la France et les soutiens de la révolution. Massi Kamari, refugiée politique menacée en France, a vu ses parents également menacés en Iran. Masih Alinejad, emblématique résistante reçue par le Président de la République, a récemment échappé de justesse à un attentat aux États-Unis. Je pense également à Salman Rushdie.

La menace est gravissime. Un grand hebdomadaire, que vous avez peut-être lu, a titré : « Pourquoi l'Iran cible la France » – c'est tout de même assez inquiétant !

Le général iranien Hossein Salami a prévenu : « Les musulmans se vengeront. Vous arrêterez les assaillants, mais les morts, eux, ne reviendront pas. » Quant au ministre des affaires étrangères iranien, il a déclaré : « Nous ne permettrons pas au gouvernement français de dépasser les limites. » Il ne se demande pas en revanche si l'Iran a dépassé les siennes !

J'ajoute que les gardiens de la révolution ont leur milice à l'étranger et une branche armée capable d'agir partout dans le monde.

Enfin, ce week-end, les frappes israéliennes contre les usines de drones à Ispahan sont venues interférer et font évidemment craindre une escalade. Sans compter que, si l'on prend en considération les accords de défense entre l'Iran et le Qatar, ainsi que les rôles de la Russie et de la Chine, la situation risque de dégénérer.

Notre sécurité est clairement menacée. Dans ces conditions, madame la secrétaire d'État, ma question est simple : quelles mesures entendez-vous prendre ou avez-vous déjà prises pour protéger les Français ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP. – Mmes Esther Benbassa et Laurence Cohen applaudissent également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe publiée le 02/02/2023

Réponse apportée en séance publique le 01/02/2023

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'Europe.

Mme Laurence Boone, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée de l'Europe. Madame la sénatrice Goulet, nous partageons votre constat et votre préoccupation concernant l'Iran, d'abord en raison de la montée des tensions dans la région, bien sûr, ensuite à cause de la répression qui se poursuit dans ce pays à l'encontre des manifestants, enfin pour toutes les raisons et les menaces que vous venez de mentionner.

Nous répondons en Européens, en prévoyant des sanctions pour accompagner les revendications légitimes des Iraniennes et des Iraniens et garantir qu'il n'y aura aucune impunité pour les auteurs de la répression et de ces menaces.

Comme vous le savez, quatre trains de sanctions européennes ont été mis en place : 78 individus et 27 entités ont été sanctionnés, dont plusieurs ministres et hauts responsables des gardiens de la révolution.

De plus, les conclusions du dernier Conseil européen vont nous permettre d'agir, puisqu'elles couvrent l'ensemble des opérations de déstabilisation iraniennes, y compris les prises d'otages.

Les sanctions prises à l'encontre de personnalités européennes participent du même aveuglement que celui dont fait preuve le régime iranien lorsqu'il s'enferme dans le déni ou la rhétorique complotiste et mène une politique scandaleuse d'otages d'État. Il n'y a évidemment aucune comparaison possible entre les sanctions prises par les Iraniens et celles qui sont adoptées par l'Union européenne.

Vous pouvez compter sur nous pour continuer d'encourager le dialogue dans cette région troublée et, bien évidemment, pour protéger les ressortissants visés.

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour la réplique.

Mme Nathalie Goulet. Votre réponse est un peu décevante, madame la secrétaire d'État.

L'Iran est un État terroriste : nous voudrions que les gardiens de la révolution soient inscrits sur la liste des organisations terroristes. Comme si financer le Hezbollah, attaquer des ambassades ou fournir des drones à la Russie – nous venons d'entendre le président de la Rada de l'Ukraine – n'était pas suffisant pour que l'on les y mette ! (Applaudissements sur des travées du groupe UC.)

Les jeunes Iraniens meurent en prison, mais, aujourd'hui, M. Borrell ne veut rien faire. Nous aurons la guerre et, d'ores et déjà, nous avons le déshonneur ! (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes INDEP, RDSE, SER et CRCE.)

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