Question de Mme BOURRAT Toine (Yvelines - Les Républicains-A) publiée le 09/02/2023

Question posée en séance publique le 08/02/2023

M. le président. La parole est à Mme Toine Bourrat, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Toine Bourrat. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

Monsieur le ministre, en France, de moins en moins d'adultes aspirent à se retrouver devant une classe d'enfants pour les instruire, ou plutôt devrais-je dire de tenter de les instruire… Professeur : « le plus beau métier du monde, après le métier de parent », a écrit Charles Péguy. Comme cette affirmation semble d'un autre temps !

Car oui, notre pays vit une crise des vocations sans précédent. Pour certaines matières comme les mathématiques, il y a moins de candidats que de postes à pourvoir. À peine plus de 6 % des enseignants français se sentent considérés par la société – l'un des pires scores de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Oui, le climat scolaire s'est dégradé au sein de l'école de la République. Dans un contexte de recrutement difficile, plus de 1 600 enseignants ont démissionné en 2021. Le taux de professeurs démissionnaires est même en hausse constante depuis dix ans.

Oui, le respect des règles et de l'autorité fait défaut dans nos établissements scolaires : la France est le pays d'Europe où sont dénombrés le plus de problèmes de discipline en classe – parmi les pays de l'OCDE, seuls le Brésil et l'Argentine font moins bien.

Monsieur le ministre, voilà la réalité implacable que décrit le rapport de la Cour des comptes paru la semaine dernière sur le recrutement et la formation initiale des enseignants et qui m'amène à vous poser la question suivante : que comptez-vous faire pour réhabiliter enfin la vocation d'enseignant et garantir à nos élèves la transmission d'un savoir sans lequel la promesse républicaine ne tient plus ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 09/02/2023

Réponse apportée en séance publique le 08/02/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice Bourrat, comme vous le savez, le budget du ministère de l'éducation nationale augmente de 6,5 % pour l'année 2023. Il s'agit d'une augmentation inédite et considérable, qui permettra de mieux rémunérer les enseignants et, ce faisant, d'améliorer l'attractivité du métier.

Par ailleurs, ce problème d'attractivité se pose dans presque tous les pays européens – deux font figure d'exceptions – et dans la plupart des pays du monde.

Nous devons bien sûr nous y attaquer, ce que nous faisons en augmentant les rémunérations de tous les enseignants. Nous négocions ainsi une revalorisation dite socle avec les organisations syndicales, conformément à l'engagement du Président de la République d'augmenter de 10 % en moyenne la rémunération des enseignants.

En parallèle, une augmentation supplémentaire sera attribuée aux enseignants qui accepteront de nouvelles missions, dont les remplacements de courte durée dans le secondaire. Nous perdons chaque année 15 millions d'heures dans l'enseignement secondaire à cause des remplacements de courte durée – moins de quinze jours – qui ne sont pas assurés. Grâce à ces nouvelles missions, nous pourrons assurer ceux-ci et mettre en place des heures de soutien et d'approfondissement en français et en mathématiques en classe de sixième. Cet ensemble de mesures est également négocié avec les organisations syndicales.

Par ailleurs, la question de l'attractivité du métier ne se résume pas à la seule rémunération.

Mme Guylène Pantel. Tout à fait !

M. Pap Ndiaye, ministre. Nous devons penser en termes de carrières : les jeunes ne s'engagent plus dans le métier comme le faisaient jadis leurs aînés. Certains souhaitent désormais enseigner pendant dix ans, puis faire autre chose. Nous devons imaginer des portes d'entrée et de sortie. Voilà le périmètre de notre réflexion pour faire en sorte que le métier d'enseignant retrouve toute sa centralité et toute son attractivité dans la société française.

M. le président. La parole est à Mme Toine Bourrat, pour la réplique.

Mme Toine Bourrat. Monsieur le ministre, le mal-être dont souffre le monde éducatif est connu de longue date. En quelques années, le plus beau métier du monde a été transformé en une mission impossible. Votre mission, monsieur le ministre, puisque vous l'avez acceptée, est de refaire de notre école le temple de la connaissance et du respect ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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