Question de M. LAURENT Pierre (Paris - CRCE) publiée le 16/02/2023

Question posée en séance publique le 15/02/2023

M. le président. La parole est à M. Pierre Laurent, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.

M. Pierre Laurent. Monsieur le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, le Gouvernement, non content de mettre le pays dans la rue et, bientôt, à l'arrêt à cause de la réforme des retraites, suscite un nouveau vent de colère, cette fois contre la suppression de postes et de classes dans l'éducation nationale.

Parents, élèves et enseignants ont découvert en janvier dernier une carte scolaire actant sans concertation 1 000 suppressions de postes en primaire et 500 dans le secondaire. Les mobilisations se multiplient un peu partout.

À la rentrée dernière, vous peiniez, monsieur le ministre, à mettre un enseignant devant chaque classe, allant jusqu'à recruter à la va-vite, fin août, au travers de job dating, des enseignants précaires. Six mois plus tard, vous nous assurez qu'il y a trop d'enseignants et de classes en France : pouvez-vous expliquer ce tour de passe-passe ?

Dans de nombreux départements, les établissements en réseaux d'éducation prioritaire (REP) et en REP+ sont les premiers touchés.

À Paris, c'est une véritable saignée : 337 postes et 240 classes supprimées ! Cela fait suite, qui plus est, au scandale de la fermeture de sept lycées professionnels parisiens, décidée par Valérie Pécresse avec l'aval de votre ministère.

Le problème n'est pas limité à la capitale. Les banlieues comme les zones rurales sont durement frappées. Entendez-vous l'appel des maires ruraux, lesquels demandent un moratoire immédiat sur les fermetures de classes et d'écoles ?

Monsieur le ministre, pendant la crise de la covid-19, le Gouvernement nous expliquait que le temps éducatif devait être protégé comme la prunelle de nos yeux… Aujourd'hui, vous jetez cela aux oubliettes. L'éducation nationale redevient une cible prioritaire des coupes budgétaires.

Les mêmes dogmatismes budgétaires ont fabriqué les pénuries de soignants et les déserts médicaux dont nous souffrons actuellement partout dans le pays. Allez-vous, monsieur le ministre, créer les pénuries et les déserts éducatifs de demain ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées du groupe SER.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 16/02/2023

Réponse apportée en séance publique le 15/02/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur Laurent, j'ai déjà eu l'occasion de dire dans cet hémicycle que nous allons perdre environ 500 000 élèves dans les cinq années à venir. La situation est plus aiguë encore à Paris, puisque la baisse de la natalité se combine au déménagement hors de la ville de nombreuses familles, notamment celles qui ont de jeunes enfants.

M. Laurent Duplomb. Merci, Anne Hidalgo ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Pap Ndiaye, ministre. Quelle est la réalité de la situation à Paris ? Permettez-moi de mettre en avant trois données.

La première est une diminution du nombre d'élèves de 20 % ces dix dernières années. Cette baisse continuera dans les cinq années à venir.

La deuxième est le nombre d'élèves moyen par classe à Paris : il s'élève à 19,8, contre 21,7 à l'échelon national.

La troisième est le fait que Paris bénéficie du maillage d'écoles le plus dense de France. Son réseau de transports est sans équivalent sur le territoire français.

Nos critères pour assurer la répartition des postes sur le territoire sont simples : équité et universalité. Ma responsabilité est bien celle de l'équité territoriale et celle-ci amène à faire des choix, pour que le service public d'éducation soit préservé sur le territoire français et pour que nos professeurs soient mieux rémunérés. En effet, la hausse du budget de l'éducation nationale est de 6,5 % cette année ; pour mémoire, elle était de 2 % en moyenne annuelle entre 2012 et 2017.

Par conséquent, monsieur Laurent, il ne s'agit pas d'opposer les territoires les uns aux autres. Nous devons considérer avec justesse l'ensemble des situations…

Mme Cathy Apourceau-Poly. Et la ruralité ?

M. Pap Ndiaye, ministre. … et prendre de la hauteur pour assurer à tous les meilleures conditions d'éducation. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Pierre Laurent, pour la réplique.

M. Pierre Laurent. Monsieur le ministre, vous dites qu'il ne faut pas opposer les territoires. Pourtant, c'est exactement ce que vous venez de faire !

Pour vous, la calculette fonctionne toujours dans le même sens : vous utilisez en permanence l'argument de la démographie, mais vous ne la prenez en compte qu'à la baisse, jamais à la hausse.

M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue.

M. Pierre Laurent. Vous devriez revoir vos calculs, car, dans de nombreux territoires, la colère va continuer à monter à ce sujet. (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE et GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.)

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