Question de M. BASCHER Jérôme (Oise - Les Républicains) publiée le 16/02/2023

Question posée en séance publique le 15/02/2023

M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jérôme Bascher. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la France a l'avantage d'être championne d'Europe des déficits jumeaux, à savoir le déficit budgétaire et le déficit commercial.

Pour que la gémellité soit complète, ces deux déficits sont équivalents, d'environ 160 milliards d'euros chacun. Je vous félicite pour cet effort ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.) Toutefois, plusieurs économistes commencent à s'inquiéter de l'affaire. Et ils ont raison !

Ainsi, Rexecode nous dit que, de 2019 à 2022, la France a perdu des parts de marché et dégradé son solde extérieur dans presque tous les secteurs industriels. Toujours au cours de cette période, la France a perdu du terrain par rapport aux autres grands pays de la zone euro, la perte des parts de marché touchant quasiment tous les secteurs des biens à l'exportation.

Compte tenu de ce constat, que comptez-vous faire pour changer de direction ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Marc-Philippe Daubresse. La route est longue et la pente est raide ! (Sourires.)


Réponse du Ministère auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger publiée le 16/02/2023

Réponse apportée en séance publique le 15/02/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger. Monsieur le sénateur, vous avez raison, le déficit de la balance des biens a doublé l'année dernière, presque exclusivement en raison de la facture énergétique. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Vous le savez, le parc nucléaire a été presque à l'arrêt, à la suite des deux années de maintenance que nous avons dû rattraper après la pandémie. Par ailleurs, les prix du pétrole et du gaz ont plus que doublé sur les marchés. Ce déficit conjoncturel s'effacera naturellement.

Quoi qu'il en soit, il existe, et j'y reviendrai, un déficit structurel.

Reste que, si la balance des biens a en effet atteint un déficit record, la balance des services a quant à elle enregistré un excédent record de plus de 50 milliards d'euros, tout comme la balance des revenus, avec un excédent de plus de 31 milliards d'euros.

Le déficit commercial, ce n'est pas que la balance des biens, c'est également la balance des services et la balance des revenus. Ainsi, les chiffres sont évidemment bien moindres que ceux que vous annoncez sur le déficit commercial. Ils sont de l'ordre de 50 milliards d'euros.

Comment comptons-nous agir pour réduire le déficit de la balance des biens ? Il existe deux voies.

La première voie est celle de la réindustrialisation du pays. Depuis deux ans, nous avons plus d'usines qui ouvrent que d'usines qui ferment. Je pense aux semi-conducteurs à Crolles, au paracétamol dans l'Isère, au lithium dans le Bas-Rhin et l'Allier. S'il faut du temps pour réimplanter des usines, la réindustrialisation est en cours. (M. Jean-François Husson s'exclame.)

La seconde voie, c'est d'aider nos PME à l'exportation. Certes, nos résultats sont bons, puisque, désormais, 144 000 entreprises françaises exportent, soit 20 000 entreprises de plus. Toutefois, il convient de renforcer cette tendance, en nous appuyant sur le travail de la Team France Export…

Un sénateur du groupe SER. En français, s'il vous plaît !

M. Olivier Becht, ministre délégué. … et sur les mesures que ce gouvernement prendra dans les prochains mois. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Jérôme Bascher, pour la réplique.

M. Jérôme Bascher. Monsieur le ministre, je me suis contenté de lire les chiffres fournis par votre ministère. La dégradation de la balance des biens est liée pour seulement 60 % à la facture énergétique.

M. Olivier Becht, ministre délégué. Non ! L'énergie représente 86 % de l'évolution !

M. Jérôme Bascher. Qu'avez-vous fait durant ces dernières années ? Vous ne cessez de dire que vous avez réindustrialisé le pays.

Au Sénat, nous formulons des propositions. Ainsi, ce matin, une excellente proposition de loi a été présentée par mon collègue Laurent Duplomb. Elle est transpartisane et vise à favoriser la compétitivité de la ferme France, en cessant de créer, par idéologie, de nouvelles normes ou de modifier celles qui existent. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe SER.)

Car c'est bien ce que vous avez fait dans le domaine du nucléaire, ce qui nous vaut aujourd'hui le déficit que vous avez évoqué.

Il faut également cesser de « normer » sans arrêt notre agriculture, par exemple en interdisant puis en autorisant les néonicotinoïdes. Ayez de la constance !

M. le président. Il faut conclure !

M. Jérôme Bascher. Il convient également de détaxer et d'avoir une politique fiscale claire. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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