Question de Mme JACQUEMET Annick (Doubs - UC) publiée le 23/02/2023

Mme Annick Jacquemet attire l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur les risques sanitaires inhérents à la sédentarisation croissante des adolescents.

Une récente étude, financée par le ministère des sports et l'assurance Matmut, a mis en lumière la mauvaise santé physique des collégiens français.

Le nombre d'adolescents diabétiques est en hausse continue et celui des Français obèses est passé de 15 à 17 % en dix ans. Selon les résultats obtenus sur des tests de course auprès de 9 000 adolescents âgés de 10 à 12 ans, les experts ont pu mettre en évidence la perte de vitesse des jeunes, comparés à certaines données obtenues en 1987. Ainsi, les garçons auraient perdu 1 km/h et les filles 0,6 km/h en 35 ans.

Autre chiffre édifiant : 3 enfants sur 5 qui entrent en classe de sixième ne savent pas enchaîner 4 sauts à cloche-pied.

Elle ajoute que la hausse du risque de maladies cardiovasculaires à l'âge adulte observée chez les enfants en surpoids est une conséquence du développement précoce de plusieurs facteurs favorisés par la sédentarité. Le manque d'activité physique des adolescents d'aujourd'hui est par conséquent extrêmement préoccupant pour la santé des adultes de demain.

Malgré ce constat alarmant, l'étude démontre qu'il est possible d'enrayer cette tendance en pratiquant une activité physique régulière.

Ainsi, elle lui demande quelles sont les intentions du Gouvernement pour lutter contre la sédentarité croissante des plus jeunes, enjeu de santé publique pour les prochaines années.

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Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 06/07/2023

Le ministère de la santé et de la prévention est résolument engagé dans la lutte contre la sédentarité et la promotion de l'activité physique dès le plus jeune âge. L'activité physique est un déterminant majeur de santé physique et mentale, de la qualité de vie et du bien-être. Les niveaux d'activité physique dans la population sont très insuffisants en France au regard des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), quel que soit l'âge. Seuls 28 % des garçons et 18 % des filles de 6-17 ans atteignaient ces recommandations selon l'étude Esteban en 2015. La sédentarité concerne la moitié des adolescents de 11 à 14 ans et deux tiers des 15-17 ans, en lien avec la forte augmentation de l'usage des écrans ces dernières années. Près de la moitié des enfants de 6-10 ans déclarent passer 3 heures ou plus devant un écran chaque jour, une proportion qui atteint 70 % des 11-14 ans, 71 % des filles et 87 % des garçons de 15-17 ans. Ces comportements augmentent les risques liés à l'obésité et de survenue de pathologies chroniques ultérieures. Aujourd'hui 17 % des enfants de 6 à 17 ans sont en surpoids dont 4 % sont obèses, avec un gradient social marqué puisqu'un enfant d'ouvrier a 4 fois plus de risques d'être obèse qu'un enfant de cadre. Le ministère de la santé et de la prévention inscrit son action dans la Stratégie nationale de santé, qui constitue le cadre de la politique de santé en France. Le Programme national nutrition santé (PNNS) 2019-2023 a pour objectif d'améliorer l'état de santé de la population en agissant sur l'un des déterminants majeurs de santé, la nutrition, au sens de l'alimentation et de l'activité physique et en réduisant les inégalités sociales de santé. Le ministère de la santé et de la prévention co-pilote avec le ministère des sports et des jeux olympiques et paralympiques la Stratégie nationale Sport-Santé 2019-2024 dont l'objectif est de promouvoir la pratique d'une activité physique et sportive et la lutte contre la sédentarité pour tous, à tous les âges de la vie. Ces politiques se déclinent à travers des mesures visant spécifiquement les plus jeunes, cible prioritaire car les comportements acquis dans l'enfance persistent le plus souvent à l'âge adulte. Pour favoriser la diffusion des comportements favorables, le PNNS prévoit de développer une offre de formation sur l'alimentation, l'activité physique et la sédentarité à destination des professionnels de la petite enfance et des familles. Dans le cadre du dispositif des 1 000 premiers jours qui vise à mieux accompagner les parents dans le contexte de l'arrivée d'un enfant et à favoriser la création d'environnements favorables au développement, des recommandations invitent les parents à favoriser l'activité physique chez le tout-petit et de nombreux conseils sont donnés sur le site des 1 000-premiers-jours.fr. L'éducation à l'activité physique en milieu scolaire est encouragée dans le cadre du développement d'écoles promotrices de santé. Un programme visant à proposer 30 minutes d'activité physique quotidienne aux écoliers du primaire, en plus des cours d'éducation physique, est en cours de généralisation depuis la rentrée 2022. Le PNNS et la Stratégie nationale sport-santé promeuvent le déploiement de programmes probants destinés aux jeunes en collège et lycées, pendant et en dehors des temps scolaires, tels que le programme ICAPS. Cette intervention évaluée scientifiquement en France et reconnue efficace par l'OMS repose sur une approche socio-écologique ciblant les jeunes, leur entourage et leur environnement. Elle vise une augmentation de la pratique d'activité physique des jeunes de 1 heure par semaine et une réduction de 20 minutes par jour de temps d'écran. Les résultats montrent des effets bénéfiques qui perdurent deux ans après la fin de l'intervention et qui sont plus marqués chez les jeunes initialement les plus sédentaires et chez ceux issus de milieux défavorisés. Le déploiement d'ICAPS sur le territoire est soutenu par Santé publique France, un centre national d'appui aux acteurs de terrain désigné en 2019 et financé en région par plusieurs agences régionales de santé, qui agissent en lien avec des rectorats et collectivités. En matière de communication, Santé publique France a développé un dispositif de marketing social destiné aux parents et aux adolescents, avec de nouveaux outils numériques, informatifs et incitatifs pour favoriser la pratique d'activité physique et limiter la sédentarité chez les adolescents de 11-14 ans, période de décrochage de l'activité physique. La première diffusion a eu lieu à l'automne 2022. Le dispositif a fait l'objet d'une évaluation ce qui va permettre de l'adapter et l'enrichir pour les prochaines diffusions prévues à l'automne 2023 et 2024. La campagne renvoie vers le site manger.bouger.fr de Santé publique France qui propose de nombreux contenus et conseils. L'activité physique est aussi une composante du dispositif « Mission retrouve ton cap » destiné à prévenir le surpoids et l'obésité infantile, en cours de généralisation sur l'ensemble du territoire. Ce dispositif permet aux enfants de 3 à 12 ans à risque d'obésité, en surpoids ou en obésité non complexe, de bénéficier sur prescription médicale d'une prise en charge précoce, pluridisciplinaire -diététique, psychologique, activité physique -remboursée à 100 % par l'Assurance maladie sans avance de frais ni dépassement d'honoraire. La prise en charge est prescrite par le médecin de l'enfant (médecin généraliste, pédiatre, médecin de PMI, médecin de santé scolaire) et mise en oeuvre par des professionnels de santé et des psychologues au sein de centres de santé ou de maisons de santé pluri-professionnelles référencés.

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