Question de M. CARDON Rémi (Somme - SER) publiée le 16/03/2023

Question posée en séance publique le 15/03/2023

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Rémi Cardon. Madame la Première ministre, M. Olivier Dussopt affirmait hier devant les députés que, « pour atteindre le port, il faut un cap ».

Ce cap de progrès, de justice et d'équilibre pour nos retraites, nous le cherchons toujours, et ce n'est pas le simulacre de démocratie que vous avez offert au Parlement qui nous a permis de nous en rapprocher.

Premièrement, les retraités ne verront jamais les 1 200 euros de pension de retraite minimum longtemps promis. Telle est votre vision du progrès !

Deuxièmement, les femmes continueront de percevoir des pensions de retraite inférieures de 39 % en moyenne à celles des hommes. Telle est votre vision de la justice !

Troisièmement, vous faites reposer tous les efforts sur une seule génération, sans jamais solliciter le patronat. Telle est votre vision de l'équilibre !

Une chose est sûre, madame la Première ministre : nous ne partageons pas le même cap et nous sommes des millions à refuser d'embarquer avec la droite sénatoriale sur ce radeau de la Méduse. (Murmures sur des travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)

Vous faites l'unanimité et l'unité contre vous : l'unanimité des syndicats, des travailleurs, des millions de personnes qui descendent dans les rues chaque semaine, qui votent la reconduction des grèves et qui ne lâcheront rien.

Finalement, madame la Première ministre, pour qui et avec qui gouvernez-vous ? Ce que vous proposez – consciemment ou non d'ailleurs – est une alternative mortifère, à savoir la préparation du terrain à la prise de pouvoir du Rassemblement national.

Il ne me reste qu'à vous demander ceci, madame la Première ministre : êtes-vous des inconscients ou des irresponsables ? (Applaudissements sur des travées du groupe SER. – Exclamations sur des travées des groupes RDPI, INDEP, UC et Les Républicains.)

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Réponse du Ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion publiée le 16/03/2023

Réponse apportée en séance publique le 15/03/2023

M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion.

M. Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion. Monsieur le sénateur Cardon, vous m'indiquez que vous n'approuvez pas notre réforme. Le Gouvernement, lui, est convaincu que cette réforme a une majorité.

Cette réforme a une majorité, parce qu'elle peut être votée par toutes celles et tous ceux qui souhaitent sauver et préserver le système par répartition.

Cette réforme a une majorité, parce qu'elle peut être votée par toutes celles et tous ceux qui sont prêts à aménager les carrières longues et qui souhaitent que les travailleurs concernés par celles-ci, mais aussi ceux que le métier expose le plus à l'usure professionnelle ainsi qu'aux facteurs de pénibilité soient mieux protégés.

M. Jérôme Durain. Vous savez que ce n'est pas vrai !

M. Olivier Dussopt, ministre. Cette réforme a une majorité, parce qu'elle peut être votée par celles et ceux qui veulent que le taux d'emploi des seniors et, partant, notre taux d'activité augmentent.

Cette réforme sera aussi votée par celles et ceux qui sont attachés à la revalorisation des petites retraites.

M. David Assouline. En êtes-vous sûr ?

M. Olivier Dussopt, ministre. Le fait que vous fassiez d'une telle réforme un cheval de bataille, monsieur le sénateur, est la démonstration que la gauche est aujourd'hui déconnectée des classes populaires. (M. Emmanuel Capus applaudit. – Exclamations sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE.)

Avec cette réforme, 1,8 million de retraités bénéficieront d'une revalorisation de leur pension de 25 à 100 euros par mois. Pour 900 000 d'entre eux, le montant de cette revalorisation sera de 70 à 100 euros.

Si vous considérez qu'une augmentation de 70, 80 ou 90 euros n'est rien pour des retraités dont la pension s'élève à 800, 900 ou 1 000 euros par mois, c'est que vous avez perdu le sens de la réalité !

Vous affirmez que nous serions inconscients et irresponsables.

Quand vous ne faites rien, alors que le système par répartition est en train de s'écrouler,…

M. David Assouline. Personne ne dit qu'il s'écroule !

M. Olivier Dussopt, ministre. … quand vous ne faites rien, alors que notre réforme permet de le sauver, l'irresponsabilité est bien dans votre camp ! (Protestations sur les travées du groupe SER.)

Monsieur le sénateur, pendant le débat, dont vous n'avez manifestement pas retenu grand-chose, vous avez eu des mots assez outranciers, comme vous en avez eu à l'instant à l'égard de la Première ministre. C'est la démonstration que la « mélenchonisation » des esprits que j'ai évoquée vous a gagné, comme elle gagne l'ensemble de la gauche française. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes INDEP, UC et Les Républicains. – Protestations sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE.)

M. Thomas Dossus. Cela vous obsède !

M. le président. La parole est à M. Rémi Cardon, pour la réplique.

M. Rémi Cardon. Monsieur Dussopt,…

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Monsieur le ministre !

M. Rémi Cardon. Monsieur le ministre, si vous voulez,… (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.) vous n'avez d'autre majorité que le 49.3. Sachez que gouverner sans le peuple et contre lui et ses représentants est dangereux pour la démocratie.

Telle est la raison pour laquelle, avec le groupe socialiste, nous allons déposer une demande de référendum d'initiative partagée (RIP) pour sauver la démocratie et la République de vos bâillons ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE et GEST. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. N'importe quoi !

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